12 - Chez toi ou chez moi ?

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Le mardi matin Sali se réveilla en pensant à Jordan Parc. En fait, il occupait encore ses pensées lorsqu'elle s'était endormie la veille. Malgré elle, la jeune fille ne pouvait s'empêcher d'apprécier un peu plus Parc, depuis qu'elle le savait orphelin. Il avait dû se sentir bien seul parfois et elle l'admirait d'arriver à garder un naturel enjoué. Quand elle l'aperçut devant les grilles du lycée ce jour-là, elle était mieux disposée à son égard. 

Mais ces bons sentiment furent de courte durée, car ce mardi s'annonça vite comme une troisième journée de calvaire Jordéo-Parcquéen. La dernière nouveauté, c'était qu'elle devait porter son plateau et manger avec lui au self. Solitaire par nature et préférant lire plutôt que de socialiser pendant sa pause déjeuner, Sali prit assez mal la nouvelle. 

Le seul point positif était que plus Parc était vue avec elle, moins elle générait d'hostilité de la part de ses contemporains. Le midi venu elle tenta néanmoins d'échapper à sa corvée en prenant tout son temps pour aller à son casier puis en s'inventant une pause toilette pas nécessaire du tout. Mais Jordan ayant tout prévu, il avait récupéré son numéro de téléphone auprès de sa mère et lui envoya un sms de rappel. 

Déçue qu'il n'ait pas oublié, Sali sortait des toilettes pour s'apprêter à le rejoindre  quand elle tomba malheureusement nez à nez avec  le ténébreux Adama. 

Le démon quitta le mur contre lequel il s'était adossé et décroisa les bras. Même en plein jour, sa peau était aussi sombre que le carbone ou l'asphalte, et ses yeux d'un noir sans fond.

« Ça semble plutôt bien se passer avec Jordan Parc, n'est-ce pas ? Vous êtes pratiquement ... inséparables. »

« Mouais. » Sali haussa les épaules. Ce n'était pas comme si on lui avait laissé le choix. « Il est un peu casse-couille, mais je suis contente qu'il ne soit pas mort. »

Elle lança à la Goule un regard accusateur. Adama se contenta d'émettre un rire sifflant et pendant une seconde Sali eut un bel aperçu de ses dents blanches et bien alignées. Petites, pointues et dix fois trop nombreuses. Adama referma rapidement la bouche, mais ses yeux continuaient de pétiller.

« Il faut payer pour regarder, » dit-il d'une voix trop douce pour être honnête. Il s'approcha, la tête penchée de côté. « Dis-moi, Sa-da-ko, pourquoi n'as-tu pas peur de moi ? »

« Je ne sais pas. Je devrais ? » grimaçai-je.

« Je ne mange pas d'humains, si c'est ce qui t'inquiète. Enfin, pas vraiment. »

De près, les émotions qui passaient sur son visage était plus faciles à discerner. Et Sali était aux premières loges pour le voir réprimer un sourire. Son malaise amusait le démon.

« Dis Adama, il arrive quoi au corps d'un démon qui meurt ? » demanda-t-elle de but en blanc. 

Adama plissa les yeux et inclina la tête sur le côté. « Ce n'est pas la première fois que tu parles de démons. Pourquoi ? » 

Sali haussa les épaules, sa réponse favorite, et prit un air innocent. « Il disparaît ? » insista-t-elle. 

Adama s'apprêtait à répondre quelque chose quand plusieurs élèves les dépassèrent. Un gamin de seconde, plus impressionnable que les autres, regarda Sali avec de grands yeux. Le pouvoir d'une réputation sur l'esprit des gens ... D'ailleurs, pourquoi ne faire attention qu'à elle, alors qu'il avait sous les yeux un spécimen beaucoup plus fascinant ? Aucun d'eux n'avait accordé le moindre regard à Adama qui était pourtant loin de passer inaperçu, avec sa peau magnifique. Incompréhensible.

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