Daishi

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— .... Un monde meilleur », conclus-je alors que la dernière image disparaissait sur l'écran.

Les cinq membres de l'ATSM, deux hommes et trois femmes, s'entre-regardèrent un moment. Je regrettai une nouvelle fois de ne pas posséder la capacité de lire dans les pensées. Un pouvoir foutrement utile des jours comme aujourd'hui.

— Pas mal, marmonna Henry Calvin le directeur du conseil d'homologation de l'ATSM sur Old.

— Les données que vous nous avez fournies semblent effectivement très prometteuses, poursuivit Margarèthe Helmont son bras droit.

Espèce de vieille connasse pontifiante. La vieille peau, aux cheveux gris tirés en un chignon parfait, était la principale responsable du retard pris dans le projet NeuroFlex. Ses demandes d'analyses complémentaires ainsi que la batterie de tests que ses propres laboratoires nous avaient imposé avait fait reculer de plusieurs mois la date de sortie de notre stimulant neurochimique.

— Avez-vous les derniers résultats demandés sur la dégénérescence cellulaire du sujet 13 ? poursuivit-elle.

— L'autopsie à révélé que 13 était atteint d'une Ataxie spinocérébelleuse, répondis-je. Une maladie d'origine génétique sans aucun rapport avec le NeuroFlex.

Les tests sur les humains étaient la dernière phase dans la mise au point de la drogue. Les cobayes, tous des volontaires, se voyaient offrir une somme généreuse afin de tester, sous surveillance médicale, l'efficacité du NeuroFlex. L'appât du gain rendait inévitables les tentatives de fraude de certains des volontaires. Le 13ème cobaye s'était montré particulièrement inventif afin de réussir à faire modifier son dossier médical. Les analyses effectuées sur son cadavre avaient révélé que la molécule KRU-783 n'était aucunement responsable de sa mort. La seule faute en revenait à un timing morbide du destin.

— C'est en effet ce que semble indiquer le rapport d'autopsie, acquiesça un petit homme chauve du nom de Steward Rimant.

Le docteur Rimant faisait office de sommité médicale sur la station. Ce qui remit à l'échelle galactique ne représentait pas grand-chose aux vues du peu d'importance de Old sur l'échiquier. À l'exception du vieil homme, le reste du conseil n'était composé que de cadres de l'Agence. Au moins deux d'entre eux n'avaient aucune connaissance scientifique. Une bande de fonctionnaires sans prestige coincés sur une station de troisième zone sans aucun avenir. Je devais trouver le bon angle d'approche, leur faire miroiter tous les avantages qu'ils pourraient en retirer s'ils nous délivraient l'indispensable certificat de sécurité.

— Comme vous avez pu le constater par vous-mêmes, le NeuroFlex constitue une percée majeure dans le domaine de l'amélioration corporelle. Nous parlons ici d'un produit à bas coût capable d'ouvrir les portes du marché de la sécurité à des personnes qui jusqu'ici n'y avait pas accès.

— Cela représenterait un marché de plusieurs millions de crédits, commenta Jeanne Ricardo, une belle quadragénaire à l'allure distinguée.

Et d'une !

— C'est bien plus que cela, lui répondis-je en lui lançant mon sourire le plus charmeur. Notre réseau de production dépendant exclusivement des infrastructures de la station, Old City bénéficierait de manière directe des revenus engendrés par notre molécule.

Et de trois, me dis-je en observant l'éclat de cupidité qui venait d'apparaître dans les yeux de Brandon Smith et de Abbad Yusef. C'est deux-là comprenaient parfaitement les intérêts financiers qu'ils pourraient retirer d'un afflux de devise fraîche sur la station. Il ne me restait plus qu'à convaincre le directeur Calvin et ce bon vieux Dr Riman. Dans leur genre, et de manière assez surprenante, ces deux-là étaient de vrais idéalistes dont la principale motivation était réellement de garantir la sécurité des consommateurs. Des fonctionnaires honnêtes... C'est bien ma chance.

Point ZéroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant