Zéro

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— ... pas possible, dis-je en sachant pourtant que Daishi me disait la vérité.

Comment est-ce que j'ai pu être aussi con !

La réalité de ce qui était en train de se produire ici me frappa de plein fouet et je dus m'asseoir avant que mes jambes ne se dérobent sous moi. Karol, Morgane, toutes deux étaient mortes à cause de ma stupidité. Elles ainsi que les milliers de victimes faites par l'attaque de la Ligue. Faux, cracha une voix vipérine dans ma tête. Tu as envoyé le dossier, mais ce n'est pas toi qui as créé toutes ses fausses preuves. Quelqu'un était derrière tout ça, et une fois que j'aurai mis Samuel en sécurité, je me lancerai à sa poursuite et je le traquerai jusqu'à ce que je puisse lui coller une balle dans la tête... à lui et à tous ses complices. Peu importait le temps que cela me prendrait. Une part de moi brûlait de dire ce que j'avais découvert à Daishi , mais j'ignorai encore l'étendue de son implication dans l'affaire. Le grand déballage devrait attendre.

— Peu importe, fini-je par dire en baissant doucement mon arme. Vous devez nous emmener avec vous.

— On doit, s'écria le jeune homme en levant les yeux au ciel. Il y a une seconde, vous étiez prêt à m'étrangler et maintenant vous me demandez de vous sauver la vie.

— Oui.

— Et pourquoi est-ce que je devrais faire ça ? Après tout, c'est votre faute si on en est là !

Je tirai mon atout de ma manche ou plutôt de ma poche. Je secouai le petit sachet scellé contenant l'infosys que le légiste avait retiré du crâne d'El Pero.

— J'ai récupéré ça avant de foutre le camp, c'est l'infosys de votre agresseur. Je pense qu'il pourrait contenir quelques données intéressantes si vous arriviez à le décrypter.

L'éclat qui apparut dans les yeux de l'Asiatique m'apprit que je venais de ferrer le poisson, il s'agissait maintenant de manœuvrer prudemment. Un homme acculé n'en est que plus dangereux, mais après tout, je l'étais au moins autant que lui.

— Qu'est-ce qui me garantit que vous dites la vérité ?

— Rien.

J'avais l'impression d'entendre les rouages de l'esprit de Daishi se mettre en route. Bien sûr, je pouvais lui mentir. Mais pouvait-il réellement se permettre de passer à côté d'une chance d'obtenir des réponses à ses questions ? Et qui sait s'il ne trouverait pas également une preuve lui permettant de s'innocenter, lui et son consortium ?

— Et puis merde, finit-il par conclure. Vous venez.

Samuel pressa ma main un peu plus fort. Depuis le début de notre fuite, c'était le premier signe qu'il me donnait d'être conscient de ce qui était en train de se passer. Je vais te sortir de là.

— Au fait, reprit Tsung. Comment m'avez-vous trouvé ?

— Votre puce GPS, répondit-je en souriant.

— Mon quoi ? Bordel !

Pas besoin d'être devin pour savoir qu'il devait être en train de la désactiver en ce moment même. Étrangement, je perçus l'ombre d'un sourire passé sur le visage de l'armoire à glace à côté de lui.

— Mon contrat d'origine faisait de moi votre garde du corps. L'OCS m'a fourni l'accès à votre puce afin que je puisse garantir au mieux votre sécurité.

— Bon, quand vous aurez fini de vous raconter vos vies, on pourra peut-être rejoindre le vaisseau, intervint Sean.

Une série de détonations nous ramena brutalement à l'urgence de l'instant. Malheureusement, malgré tous nos efforts, le digicode refusa obstinément de déverrouiller le passage.

Point ZéroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant