L'orage gronde déjà depuis un long moment, lorsqu'une pluie diluvienne s'abat sur la région. Le soleil, caché par les épais nuages, laisse place à une nuit sans étoile. Louis observe l'allée de la maison se gorgeant d'eau rapidement. La pluie est à présent balayée par de fortes rafales de vent. Le jeune homme reste statique derrière la fenêtre du salon, les yeux rougis par la fête de la veille. Une longue berline se gare dans l'allée, quatre occupants en descendent : une femme, un homme, accompagnés de deux jeunes garçons. La porte d'entrée s'ouvre, un air frais et humide pénètre dans la maison, la femme entre la première, suivie de près par ses enfants. -Quel foutu temps! dit-elle. Les garçons enlèvent leurs chaussures, ils grimpent l'escalier à vive allure pour rejoindre leur chambre et leurs jouets. Le père ferme rapidement la porte, laissant le mauvais temps à l'extérieur. Il a les bras chargé de paquets. Louis s'est tourné vers lui, il le regarde sans bouger, la bouche légèrement ouverte. -Louis! Va aider ton père! ordonne la mère, regardant avec colère son ainé. Le jeune homme fait quelques pas, il s'arrête devant un haut miroir, quelque chose a bougé. Louis observe avec attention son image, de légers chuchotements apparaissent, les traits de son visage ondulent avant de laisser place à une créature démoniaque. Le jeune homme recule, ses jambes se prennent dans une chaise, il tombe à la renverse. -Louis? Tout va bien? demande son père inquiet. Louis se lève lentement, le dos endolori par la chute. -Oui, c'est rien. J'ai cru voir un truc dans le miroir. Son père regarde le miroir, rien d'extraordinaire. -Tu ferais bien de te reposer un peu, car demain à l'école ça ne va pas être terrible. Le jeune homme acquiesce, il grimpe péniblement les marches, franchi la porte de sa chambre et s'installe sur son lit. Il fixe le plafond quelques minutes avant de fermer les yeux, épuisé par la fatigue. Des images défilent, il voit ses parents, ses frères, ses amis, puis les ténèbres envahissent son esprit. Il marche dans la salle, tout est sombre et figé dans les temps, aucun son, aucune odeur. Louis sort de la salle pour pénétrer dans le salon, ses deux frères sont assis sur le canapé, ils regardent la télévision dont l'écran est totalement noir. Le jeune homme tente de parler à ses frères, mais aucune parole ne s'échappe de sa bouche. Les deux garçons observent Louis, leurs yeux sont sombres et absents de toute émotion. Le jeune homme poursuit son avancée, il pousse la porte de la cuisine, son père lui tourne le dos, il tient un long couteau, sa mère est étendue sur la table, la gorge tranchée, une large flaque de sang stagne sur une partie du carrelage. Louis ouvre les yeux, le souffle court et la sueur suintant des pores de son visage. -Putain de cauchemar! fait-il à voix basse. Le jeune homme se redresse, un coup d'œil au radio-réveil, il est déjà dix neuf heure, il a dormi plus de trois heures. louis se lève, son dos est mouillé, il regarde son lit, une imposante tache de sang couvre sa couette. Soudain, il se rend compte qu'il tient dans la main un long couteau. Il lâche l'arme qui se plante dans le parquet, puis il hurle de toutes ses forces. Louis ouvre les yeux, il bondi hors du lit. -C'était encore un cauchemar! dit-il. Le jeune homme ballade son regard un peu partout dans sa chambre, pas de sang, pas de couteau. Il quitte sa chambre et fonce dans la salle de bain se passer de l'eau froide sur le visage. La sensation de fraicheur apaise la chaleur apportée par toutes ces émotions fortes. Louis s'observe dans la glace, son image lui parait étrange, ses yeux sont remplis de haine, un rictus malsain couvre son visage, il ne se reconnait pas. Des chuchotements apparaissent, puis une voix gutturale et lointaine. -Tue les! Tue les tous! ordonne la voix. Louis se tourne, mais il est seul dans la pièce, un souffle glacial lui lèche la peau, sa nuque se raidie. Il regarde à nouveau le miroir, son image semble figée malgré ses mouvements. Tout à coup, son reflet bouge, un bras s'échappe de la glace, une main se pose sur l'épaule de Louis, ce dernier, terrifié, ne bouge plus. -Fais le! lui dit son double. Le jeune homme tente de reculer, mais ses muscles ne répondent pas. Il commence à suffoquer, des tremblements parcourent son corps. -Louis, à table! lance sa mère depuis la salle à manger. Louis ouvre les yeux, il est au milieu de la salle de bain, son image dans la glace est normale. Le repas se passe sans encombre, le jeune homme avale quelques bouchées avant de remonter dans sa chambre. Il allume la télévision et s'installe dans un fauteuil situé devant. Il zappe durant quelques secondes pour s'arrêter devant un film d'action. Une heure s'est écoulée, Louis sent ses yeux le picoter, ils sont de plus en plus lourds. L'écran de la télé devient noir, un son aigu et continu apparait, suivi par des chuchotements. Le jeune homme ouvre grand les yeux, mais son corps tout entier est bloqué, impossible de faire le moindre mouvement. Des images apparaissent sur l'écran, de drôles de formes tournoient rapidement. Au centre, un petit point rougeâtre grossi de plus en plus, la chose approche, ses traits se dessinent peu à peu. Luis découvre avec terreur une créature difforme, ses bras longs et épais se terminent sur des griffes acérées. Ses pattes, couvertes d'un poil roux, sont arquées et disproportionnées. Des veines bleuâtres parcourent l'ensemble de la créature. Son visage laisse apparaître des yeux de couleur jaune plissés et malfaisants. Des dents aiguës et noirâtres, remplissent une bouche aux lèvres saignantes. Le jeune homme veut détourner son regard, mais rien à faire, il est paralysé. La créature tend son bras en direction de Louis, le membre s'allonge jusqu'à toucher l'écran, ce dernier se fend en deux, les griffes crochues passent à travers la fissure. Une main difforme se jette alors sur sa proie, saisissant la tête de Louis. Une musique rock s'échappe du radio-réveil, le jeune homme ouvre lentement les paupières, il est sept heure. Il se lève péniblement en bayant. Son pied droit dérape sur un liquide visqueux. Louis allume la lumière, il découvre avec effroi qu'une hache est posée sur le parquet, du sang dégoulinant de la lame. -Non, non, non... Je dois rêver, c'est pas possible! se dit-il a lui même. Il ouvre la porte de sa chambre, la moquette du palier et les murs sont couverts de tache de sang. Il court jusqu'à la chambre de ses frères, le bois de la porte est fendu à plusieurs endroits. Il entre pour tomber devant un véritable carnage : ses deux frères sont étendues, chacun sur leurs lits, la poitrine ouverte en deux, les viscères étalées sur les couvertures. Louis se précipite hors de la pièce, il dévale l'escalier à vive allure. Arrivé dans l'entrée, il voit son père, allongé sur le dos, un long couteau planté dans le cœur. Le jeune homme entend un bruit provenant du salon, il saisi le couteau et le sort rapidement du corps sans vie de son père, puis se dirige vers l'origine du son. Louis tient le couteau devant lui, près à frapper celui qui a tué sa famille. Le salon semble vide, il avance prudemment lorsqu'il s'arrête devant le cadavre de sa mère. Cette dernière est assise sur le canapé, la gorge tranchée. -Viens là! crie une voix lointaine. Louis se tourne vers le miroir, la créature démoniaque l'observe en souriant. Le jeune homme se jette sur la glace, il plante à plusieurs reprises le couteau dans le verre qui se brise en de nombreux morceaux. Plusieurs heures se sont écoulées. La police pénètre dans la maison, appelée par le facteur venu livrer un colis à la petite famille. Les forces de l'ordre découvrent avec horreur le carnage qui a eu lieux dans cette demeure. Le corps de Louis est retrouvé dans le salon, un couteau planté dans la tête, à côté d'un miroir brisé. Les spécialistes ont conclu à un trouble de la personnalité ayant entrainé une folie passagère chez le jeune homme. Louis aurait tué toute sa famille avant de se suicider. Mais quelque part dans les ténèbres, une créature se réjouit...
VOUS LISEZ
LA PEUR DANS LE SANG
Horror" L'histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s'incarne. " Jean Cocteau Alors prêt pour un rendez-vous avec la peur, l'angoisse et le frisson ?! Vous allez avoir du mal a dormir ;)