Les flammes du destin

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Un froid glacial s'est abattu sur la région en ce soir de réveillon. Les rues sont désertes, les gens se préparent à fêter Noêl. Ghislaine observe, depuis la fenêtre de son appartement, les dernières personnes se pressant pour arriver à l'heure à la fête. Elle écrase sa cigarette dans un vieux cendrier en terre cuite et s'installe devant la télévision. Ghislaine se cale confortablement dans son fauteuil et assiste passivement aux émissions spéciales Noêl. Les animateurs et le public s'amusent bruyamment en exécutant des jeux plus ou moins stupides. Le visage de Ghislaine semble figé, aucun sourire, aucun rire. Ses yeux se noient dans quelques larmes qui finissent par ruisseler sur ses joues. Des images l'assaillent : Noêl, l'an dernier, son mari attelé à découper la dinde, son fils hypnotisé par son jeu sur console. Aujourd'hui, morts et enterrés, par la faute d'un chauffard ivre mort. Seule dans cet appartement un soir de Noêl, la tristesse ne cesse d'augmenter. Ghislaine se lève, parcoure quelques mètres et pénètre dans la cuisine. Au menu ce soir, antidépresseurs et vin rouge. Elle avale deux cachets rapidement, puis s'installe à nouveau dans son fauteuil. Les heures passent, Ghislaine s'est assoupie devant la télé. Une vive douleur à la poitrine la sort de son sommeil. Ses poumons la brûlent, un souffle chaud s'échappe de sa bouche. Elle se précipite dans la cuisine et avale un grand verre d'eau fraiche. Le liquide lui apporte une sensation d'apaisement lorsqu'il descend vers l'estomac. Mais la douleur réapparait presque aussitôt. Sa tête tourne, elle se maintient à un radiateur pour ne pas tomber. Sa vision se trouble, son coeur s'emballe. Elle a chaud, de plus en plus chaud. Sa gorge est irritée, comme infectée. Elle tousse violemment à plusieurs reprises. Ses jambes ne la portent plus, elle tombe sur le sol. Ghislaine est étendue sur le dos, impossible de bouger. Elle porte sa main droite sur son coeur, mais l'enlève aussitôt, une immense chaleur s'en dégage. De la fumée s'échappe de sa poitrine, puis des petites flammes apparaissent. La douleur disparaît, tout comme cette infinie tristesse. Un sentiment de bonheur s'emparre d'elle. Ghislaine est sereine, elle va retrouver les siens. Son corps est à présent en feu, seuls ses bras et ses jambes sont épargnés. Elle ne sent rien. Les flammes la consument rapidement. La porte d'entrée est brutalement enfoncée par les pompiers, le lendemain après-midi. Une voisine qui venait prendre des nouvelles et n'ayant pas de réponse avait appelé les secours. Les pompiers restent immobiles devant ce spectacle macabre : le corps de Ghislaine n'est plus qu'un amas de cendre. Il ne reste plus que les bras, brûlés jusqu'aux coudes, et les jambes, brûlées jusqu'aux genoux. L'appartement n'a subi aucun dégât. Après enquête, il n'y eu aucune réponse apportée sur cet étrange feu. La police scientifique n'a pas put expliquer ce phénomène. Ce cas a été classé dans les combustions spontanées.

LA PEUR DANS LE SANGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant