Nous sommes au milieu de dix huitième siècle, aux abords d'une des nombreuses forêts de la haute Normandie. Un groupe, d'une trentaine de villageois, marche à grande enjambées vers le coeur de la forêt. La plupart tiennent dans leurs mains des torches pour éclairer cette nuit sans lune. Les autres possèdent des battons ou des outils de champ. Deux gaillards, à la carrure imposante, empoignent une jeune femme aux longs cheveux noirs. Elle doit tout juste avoir vingt ans. Ses yeux sont aussi sombre que la nuit, son visage possède des traits fins et sensuels. La jeune femme porte une épaisse robe marron, elle est pieds nus. Ses geôliers la poussent violemment sur le sol boueux. Elle observe la foule amassée autour d'elle. Les villageois hurlent des obscénités à son égard en brandissant leurs torches et leurs battons. Ils se trouvent au milieu d'une petite clairière où un haut piquet en bois, entouré de paille, est planté. -Brûlez cette sorcière! crie la foule enragée. La jeune femme saisie une grosse pierre et la lance sur ses opposants. L'objet s'abat puisement sur la tête d'une femme d'âge mure qui s'effondre aussitôt. Du sang coule de son front, elle hurle de douleur en se mettant debout. -Tuez la! fait-elle avec une voix tremblante. Les villageois se précipitent sur la jeune femme et la rouent de coups. Elle perd rapidement connaissance. Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle s'aperçoit que ses mains sont liées dans son dos, et qu'elle est ficelée au poteau de bois. L'un des deux gaillards s'approche, il enfonce sa torche dans la paille et s'écarte. Le feu s'étend avec panache, une épaisse fumée blanche s'en échappe. La jeune femme sent une douloureuse chaleur l'envahir. Des flammes lui montent le long des jambes. Elle hurle de toute ses forces. La vie l'abandonne. La foule assiste passivement à ce macabre spectacle. Une forte odeur de chair brûlée envahie les lieux. Les villageois quittent la forêt en laissant derrière eux un tas de cendre et de braises fumantes.
De nos jours.
Une voiture s'enfonce dans l'allée principale de la forêt. La nuit est tombée depuis déjà une bonne heure. La soirée s'annonce pluvieuse bien que nous sommes au mois d'août. Au bout de quelques centaines de mètres parcourus, le véhicule se stoppe. Le conducteur, un jeune homme d'une vingtaine d'années, se tourne vers sa passagère, une jeune femme du même âge. -Voilà, on est enfin tranquille. dit le jeune homme. Tu veux un peu de musique Julie? La jeune femme le regarde avec inquiétude. -Mickael! J'aime pas cet endroit. -Panique pas! On est tout seul ici. Le jeune homme allume son lecteur CD, puis se penche vers sa fiancée pour l'embrasser. Soudain, la voiture est violemment secouée durant une dizaine de secondes. Puis, un cri aigu résonne au coeur de la forêt. -Qu'est ce qui s'est passé? demande Julie, blanche de peur. -Je sais pas moi! répond Mickael, paniqué. Le jeune homme met en fonction les phares, les lumières se projettent à plusieurs mètres dans les bois. Une forme sombre apparaît, elle se déplace rapidement en direction des tourtereaux. Pris de panique, Mickael démarre son véhicule et effectue une marche arrière à vive allure. La forme semble accélérer, elle atteint bientôt le capot de la voiture. Julie hurle de peur. La chose est à présent sur le véhicule, ses contours se dessinent : on dirait une femme, mais ses mains paraissent déformées et ses ongles sont acérés comme les cerfs d'un aigle. La jeune femme est terrifiée par ce qu'elle voit, son ami poursuit sa délicate manoeuvre à travers les bois ténébreux. Le visage de l'assaillante apparaît : ses yeux sont totalement blancs, ses lèvres, en partie décharnées, laissent entrevoir des dents noirâtres et aigues. Julie ferme les yeux, elle hurle à nouveau. Une odeur de chair brûlée se glisse dans l'habitacle. La voiture sort enfin de la forêt. La créature a disparu... Quelques semaines plus tard. Un groupe de trois jeunes garçons, âgés d'environ douze ans, Paul, Vincent et Julien, se promène tranquillement dans les bois. Le temps est ensoleillé et relativement chaud. Les trois amis progressent à travers les branchages et les ronces. Paul, l'aventurier de tête, frappe avec force les branches en travers de son chemin à l'aide d'un épais morceau de bois. -On arrive bientôt? demande Julien. -Regarde! C'est là bas. répond Paul en désignant l'entrée d'un tunnel construit sous une voie ferrée. La forêt est coupée en deux par un chemin de fer. La ligne Paris-Normandie. Une voute de briques rouges est aménagée sous les rails. Les trois garçons avancent jusqu'à l'entrée et s'arrêtent pour contempler l'édifice. -On voit même pas le fond. fait Vincent, inquiet. Paul fouille dans son petit sac à dos et sort une lampe torche de belle taille. Le rayon lumineux se projette dans les ténèbres et s'abat sur le fond du tunnel. Un conduit beaucoup plus étroit est présent. -C'est quoi tout au bout? questionne Julien. -Un autre tunnel, mais on peut pas y entrer, c'est plein d'eau. Paul fait quelques pas dans l'obscurité avant se tourner vers ses amis. -Alors? Venez! Vous avez peur ou quoi? Vincent et Julien se regarde quelques secondes, puis il rejoignent leur camarade. -On va tout au bout. Et si l'eau est partie on essaiera d'aller plus loin. dit Paul. Le petit groupe arrive à l'entrée de l'étroit conduit. Paul éclair ce drôle de boyau. Les garçons constatent avec énervement que l'eau est toujours présente. -On peut pas aller plus loin. fait Vincent. Deux petites sphères lumineuses apparaissent au fond de l'étroit tunnel. Puis un lointain grognement résonne. -C'est quoi ces trucs là? demande Julien. Paul braque sa lampe dans la direction des sphères, mais les piles semblent ne plus fonctionner. -Moi je me barre! dit énergiquement Vincent. -Je viens avec toi. réplique Julien. Paul regarde ses copains. -C'est rien les gars! Juste un gros rat ou un chat. Les deux trouillards marchent rapidement vers la sortie, laissant leur ami tout seul. Ce dernier tapote sa lampe qui s'allume de nouveau. Il envoie le faisceau au fond et observe : le petit tunnel s'arrête sue un mur de briques rouges. Mais quelque chose créé des remous à la surface de l'eau croupie. Le garçon se penche dans le conduit. Soudain, deux mains carbonisées l'attrapent avec force. Paul se débat avec frénésie. La créature tente de l'attirer dans l'eau. Il hurle tout en tapant violemment avec sa lampe les pinces qui se sont refermées sur lui. Il arrive à se dégager et tombe sur le sol poussiéreux. Les mains noircies et cadavériques sont accrochées au rebord du conduit. Une tête à la longue chevelure noire et au visage décharné émerge des ténèbres. Les yeux de la créature sont totalement blancs. Ses dents sont acérées et jaunies. La chose difforme grogne en avançant vers sa proie. Paul hurle de nouveau et parvient à se lever. Il court en direction de la sortie sans s'arrêter auprès de ses amis qu'ils l'attendaient. Vincent et Julien restent figé en voyant Paul déguerpir si vite. Un cri rauque surgit du tunnel. Les deux garçons crient et imitent leur camarade. Deux petites sphères observent les jeunes gens fuirent, puis disparaissent...
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LA PEUR DANS LE SANG
Terror" L'histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s'incarne. " Jean Cocteau Alors prêt pour un rendez-vous avec la peur, l'angoisse et le frisson ?! Vous allez avoir du mal a dormir ;)