Un message troublant

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Arthur Douglas est un homme à part. Un génie. Il est né avec un don hors du commun. Regard halluciné, en calcul mental il peut rivaliser avec les ordinateurs. Lorsqu'il fait appel à ses facultés de super calculateur, il perçoit des formes, des ombres, et tout un tas de petits signes qu'il retranscrit sur le papier. Cela tombe toujours juste. Un mystère pour la science.

Ce soir-là il était en train de s'ennuyer à la table d'un restaurant chic de Manhattan. Le service était vraiment lent. Il décida de tuer le temps avec un calcul qu'il s'était promis de faire il y a quelque temps.

Arthur commença à griffonner, il était déjà « ailleurs », des images se bousculaient dans son esprit. Sans relâche, il alignait des chiffres sur le set de table. Mais sans comprendre pourquoi, subitement, il ne voyait plus rien. Plus d'ombres, plus de signes, rien. ...

Mécaniquement il jette un œil sur son set de table, et il reste immobile. Il n'y croyait pas ses yeux. Comment es possible ? Qu'est que cela veut dire ? Au beau milieu de ses chiffres, involontairement, il avait écrit quatre mots : « La fin est proche » ! C'était bien son écriture et il n'avait pas quitté la table. Cela défiait toute logique. Subitement il oublie tous ses réflexes de scientifique.

Lui, le cartésien convaincu, voilà qu'il doute, il a peur. Il se rappelle que son avion décolle dans moins de deux heures. Et si on essayait de le prévenir ? Peut-être qu'il ne devrait pas prendre ce vol. La paranoïa le gagne, tout autour de lui n'est que menace. Il respire de plus en plus vite, il tremble, son regard se trouble ; c'est atroce, ce sentiment de catastrophe imminente.

Il sent une main qui se pose sur son épaule gauche. Il sursaute. Tout est suspect. Mais à sa grande surprise, il entend une voix, c'était de l'anglais avec un fort accent irlandais :

- Monsieur... Je me permets de vous réveiller, voici votre salade. On s'excuse pour le retard, c'est la folie ce soir.

C'était le serveur. Il regardait Arthur avec un drôle d'air.

- Me réveiller ? J'étais en train de dormir donc ? Depuis quand ? - Ce n'est rien monsieur, vous étiez en train de ruiner le set de table avec votre stylo, puis vous vous êtes endormi, il y a un bon quart d'heure de ça. Vous avez des chiffres imprimés sur votre joue droite d'ailleurs. Vous n'êtes pas le seul qui s'assoupit au restaurant, vous savez.

D'accord, se disait-il à moitié soulagé, mais cela n'explique pas ces fichus mots au milieu de mes chiffres... « La fin est proche »... Disant cela il regarda encore ses gribouillages, mais une autre surprise l'attendait. Des chiffres il y en avait en effet, sur sa joue comme sur la table, mais plus aucune trace des mots mystérieux. Évanouis, disparus, alors qu'ils étaient si réels. Il pouvait encore les voir dans son esprit, c'était bien son écriture.

Il se mit à rire nerveusement. Ce n'était qu'un cauchemar ? ... Ce n'était qu'un cauchemar ! Alors là, tu n'as pas l'air idiot Arthur. Il voulait oublier cette histoire de « message surnaturel ». Après cet épisode, il était encore plus convaincu de l'impossibilité de l'existence des esprits. Il fit changer son set de table, dévora la salade, et fila droit à l'aéroport.

Sans surprises, le décollage fut un modèle du genre, et Arthur dormait à nouveau, mais confortablement allongé dans un fauteuil de la zone « Class affaires » du Boeing flambant neuf.

Une heure plus tard, flash info de la CNN :

« Il y a quelques minutes, le vol numéro 2356 de la compagnie Delta Air-lines, qui assurait la liaison New-york / Miami, s'est écrasé en rase campagne. On ignore encore l'origine du crash, mais il y a une terrible certitude, il y avait 140 passagers à bord ... il n'y a aucun survivant. »

Est ce encore une macabre coïncidence ? Un esprit avait-il vraiment tenté d'avertir Arthur ? On ne le saura jamais ! Mais si vous êtes du genre cartésien... pensez-y à deux fois avant de nier l'existence de « l'invisible ».

LA PEUR DANS LE SANGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant