La bête du Gévaudan

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Le monstre qui terrorisa le sud de la France.

La rumeur se répandit comme la foudre. Dans toute la Haute-Loire, région du sud de la France, les gens se déplaçaient avec défiance et verrouillaient leur porte pour se protéger du démon malveillant qui rôdait dans la campagne à la nuit tombée. Le corps d’une jeune fille avait été découvert à l’orée de la forêt de Mercoire, à quelques kilomètres au sud de Langogne, littéralement déchiqueté. Le loup avait encore frappé…

On disait que la bête responsable de ce méfait était d’un autre monde, avait la taille d’un taureau, de grandes griffes dures comme de l’acier et des oreilles pointues ressemblant aux cornes du diable. Son poil était rougeâtre, avec une bande noire sur l’échine – du moins – c’est ce que les gens disaient, car, bien sûr, personne ne l’avait vue ou n’avait survécu à cette vision pour en parler. Mais chacun disait connaître quelqu’un qui avait vu la bête.

La première victime du loup fut une fillette de 14 ans retrouvée égorgée le 3 juillet 1764. Une semaine plus tard, ce fut le tour d’une autre. En août, la bête dévora presque entièrement un garçon de 15 ans et en septembre comptaient deux nouvelles jeunes filles, une femme et un autre garçon. Ces atrocités se déroulèrent toutes dans la région boisée du Gévaudan, et dans chacun des cas, le cœur de la victime avait été dévoré.

Fin septembre, les habitants de Gévaudan sont en proie à la terreur. Les loups s’attaquent généralement aux moutons et au bétail, mais rarement à l’homme –ou alors seulement au cœur de l’hiver quand la faim les rend féroces.

En réponse à un appel désespéré du maire de la ville, 40 dragons arrivent à Langogne et ratissent pendant plusieurs jours les bois du Gévaudan sans repérer de loup. Les gens commencent à respirer, peut-être la bête a-t-elle quitté la région.

Puis, le premier jour d’octobre, une enfant de 12 ans est attaquée et sauvagement mutilée près de sa maison dans la région de Saint-Chély-d’Apchier. Le 7 octobre, deux petites filles sont encore tuées ; une semaine plus tard, c’est le tour d’une femme de vingt ans. Le gouverneur de Languedoc donne l’ordre d’interdire aux femmes et aux enfants de travailler seuls aux champs, et organise une battue de grande envergure pour capturer la bête. Les semaines suivantes, des soldats et des paysans armés tuent plusieurs loups – mais aucun qui ne ressemble à la bête. Désespérés, les habitants du Gévaudan sont de plus en plus convaincus que la bête ne vient pas de ce monde et qu’on ne peut rien faire contre elle. La neige se met à tomber en flocons serrés, mettant fin aux battues.

Le 12 janvier 1765, la bête connaît sa première défaite près de Villeret-d’Apchier. Conduit par un enfant de 12 ans, André Portefaix, un petit groupe attaque la bête en essayant de la toucher aux yeux. L’un d’entre eux l’atteint à la mâchoire et l’oblige à lâcher prise. Finalement, saignant de ses profondes blessures, l’animal prit la fuite. Le soulagement du peuple fut toutefois de courte durée. Avant la fin janvier, comme enragée par sa défaite, la bête ajouta cinq victimes à sa liste. Le roi promit 6 000 livres à celui qui en viendrait à bout.

Le 7 février 1765, 20 000 hommes – tous ceux capables de porter une arme – convergent vers le Mont-Grand où la bête a été aperçue. Un bataillon de dragons la force à sortir de sa réserve et la rabat vers la rivière Truyère où attend un groupe de paysans. Malheureusement, ces derniers s’étant postés au mauvais endroit, la bête parvient à rejoindre l’autre rive à la nage et disparaît dans les bois.

Elle réapparaît une heure plus tard. Les mousquets font feu et la touchent sur le flanc. Mais elle se relève et gagne la forêt en boitant. Les poursuivants sont toutefois certains de l’avoir touchée à mort. Aucune créature de chair et d’os ne peut survivre à une telle volée de plomb. Pourtant, moins de vingt-quatre heures plus tard, la bête décapite une jeune fille. Dans la neige où repose son corps, elle n’a laissé aucune trace.

LA PEUR DANS LE SANGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant