Les livres démoniaques

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Vincent se lève péniblement. Il est déjà onze heure, la matinée est bien entamée. Il s'étire longuement avant d'enfiler un vieux t-shirt. La nuit a encore été chaude et suffocante. Cette année, le mois de juillet est plutôt ensoleillé. Une chaleur étouffante s'est installée depuis quelques jours. Difficile de pouvoir s'endormir tranquillement le soir venu. A quatorze ans, Vincent profite de ses grandes vacances pour enchainer grasse matinée et promenades avec les copains et les copines. Il rejoint son petit frère, Adrien, âgé de cinq ans. Ce dernier est installé devant la télévision, il regarde passivement des dessins animés. -Salut. dit Vincent en s'asseyant lourdement sur un fauteuil. -Salut. répond Adrien les yeux rivés sur des personnages hauts en couleurs. La maman des garçons entre rapidement dans la salle à manger, transportant un lourd panier à linge qu'elle pose sur la table. Elle s'approche de Vincent et l'embrasse sur la joue. -Bonjour. Alors bien dormi? -Salut m'man. Il fait trop chaud la nuit. -Eh oui, les inconvénients de l'été! Tu ferais bien de prendre ton petit déjeuner maintenant. Après il sera trop tard. Midi sonne à la grosse pendule présente dans le salon. Vincent a déjeuné et vient de prendre sa douche. Il s'installe à nouveau sur le fauteuil, son frère a déserté les lieux, il doit probablement jouer dans sa chambre. La porte de l'entrée s'ouvre, le père des garçons entre, tenant une baguette de pain dans la main et un gros sac dans l'autre. Adrien se précipite vers son papa. -Papa! -Coucou Adrien, ça va? Le petit garçon fait oui de la tête. -Papa? C'est quoi dans le sac? Le père soulève le sac. -J'ai apporté des livres. -Des livres? Des livres sur quoi? -Des livres pour les grands. La maman rejoint son mari pour l'embrasser. -Comment va mon travailleur préféré? -C'est dur de laisser tout le petit monde le matin pour aller bosser. Surtout avec le temps qu'il fait. La femme observe le sac que son époux dépose sur la table de la salle. -Tu nous apporte quoi? demande t-elle. -J'ai un collègue qui m'a donné plein de livres. L'homme sort les ouvrages du contenant et les étale sur la table. Il y a une dizaine de livres, de taille et de couleur identiques. Les couvertures sont rouges sombres et une odeur de vieux cuir s'en dégage. Les titres sont plus ou moins évocateurs : "Parler avec les morts", "Démonologie", "Les médiums" ou encore "Magie blanche et magie noire". -Plutôt terrifiants tes bouquins! fait la femme. Ton collègue, il les a trouvés où? -Ce week end, il a déménagé sa vieille tante dans une maison de retraite. Elle habitait une ancienne ferme. Ils ont dû faire pas mal de vide et mon collègue a trouvé ses vieux machins dans le grenier. -On va pas garder ces trucs là! -Mais si! Je vais les ranger dans la bibliothèque. Je les lirai plus tard. -J'aime pas ce genre de sujet traité dans ces livres. -T'inquiètes pas! Ce n'est qu'un tas de bouquin poussiéreux. Puis, une fois que je les aurai lu, je m'en débarrasserai. Ok? La femme regarde son époux quelques instants. -Très bien. Je vais faire à manger. Le mari place les livres sur une étagère où sont déjà installés plusieurs ouvrages concernant les OVNIs et autres mystères de la vie. La journée se déroule paisiblement, jeux vidéos, goûter et piscine. L'heure du repas arrive rapidement. La maman vient de mettre la table. Elle dépose une large poêle sur le gaz et met à cuire quatre escalopes de poulet. -Maman! Viens voir! crie Adrien en pleure. Elle se précipite dans la chambre : son fils tient dans ses petites mains un soldat en plastique dont la tête a été quelque peu croquée. -Regarde, le chien a mangé mon bonhomme. -Ce n'est rien! Il ne faut pas laisser trainer tes jouets. D'accord? -Oui maman. De drôles de bruits dans la cuisine apparaissent. Quelqu'un s'amuse avec la nourriture. On entend le frétillement amplifié de la viande en cuisson. La femme marche rapidement vers la cuisine. La poêle n'est plus placée au même endroit et les escalopes ont toutes été retourné. La maman reste figée sur place, puis elle s'approche de la fenêtre. Vincent est assis dehors avec des copains. Personne n'a pût toucher cette poêle. Rien de grave se dit-elle, peut être une petite perte de mémoire due à la fatigue. Quelques jours s'écoulent, normalement. Vincent dort paisiblement. Ses rêves l'entrainent dans des aventures passionnantes. Soudain, quelque chose se plaque sur son visage, il ne peut plus respirer. L'adolescent agrippe ce qui ressemble à un oreiller et se débat violemment. La puissante force disparait et l'objet vole à travers la pièce. Vincent se lève précipitamment, il allume sa lampe de chevet. La porte de la chambre est fermée, il n'y a personne. Impossible également de retrouver l'objet qu'il avait de plaqué sur le visage. Son oreiller est bien placé sur son lit. Son coeur bat encore si fort qu'il a l'impression que sa poitrine va exploser. Vincent se calme doucement, il sort et va s'installer sur le canapé. Quelques jours passent, et depuis un moment, une désagréable odeur de pourriture est apparue dans la chambre d'Adrien. Mais impossible à localiser précisément. Puis, plusieurs vêtements ont disparu alors que la maman les avait rangé dans les armoires. Autre phénomène inquiétant, la télévision s'allume et s'éteint sans intervention humaine, tout comme la chaine hi-fi. La petite famille commence à s'inquiéter car les faits semblent s'intensifier. La maman en parle à son mari, mais ce dernier trouve toujours une explication rationnelle. Elle lui explique que depuis l'arrivée des livres, des choses inquiétantes se produisent. Le père na parait pas inquiet, ce ne sont que des objets après tout! Une nuit, alors que tout le monde dort, le papa est réveillé par de petits chuchotements. Il ouvre les yeux et aperçoit une petite silhouette aux pieds du lit. Elle est immobile. Il se redresse. -Qu'est ce que tu fais là Adrien? Pas de réponse, juste des chuchotements. -Adrien? demande t-il en se rapprochant. Il allume la lumière, la silhouette a disparu. Le père se lève et va ouvrir la porte de la chambre de son plus jeune fils. Adrien dort comme un bébé. Le lendemain, le papa rassemble tous les vieux livres. Il les jette dans un large sceau en métal, puis verse de l'essence dessus avant d'enflammer le tout. Les ouvrages partent en fumée. Depuis, les phénomènes inexpliqués ont cessé.

LA PEUR DANS LE SANGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant