"Vécu d'poissard"

208 7 1
                                    

Parce que la peine et la haine nous ressemble 

-Accélère putain de merde!

-Je peux pas voler Tarik, essaye de la garder éveillée et appuis sur sa plait pour qu'elle perde pas de sang. 

-Bébé, s'il te plait, reste avec moi, reste avec moi. D'accord? C'est pas encore l'heure! Anas t'attend. 

Elle sourit les yeux à moitié ouvert. 

-Dis lui que... que je l'aime de tout mon coeur. 

-Non, je ne lui dirais rien, sur Allah que c'est toi qui va lui dire! 

-Merci pour tout Némir...

-Ta gueule Leina, tu vas me rendre fou! Reste avec moi, comment je vais faire sans toi?!

-Je t'...aime 

Elle ferme les yeux et tous vrillent dans ma tête. Absolument tout. Je frappe le siège de toutes mes forces alors que des larmes de rage et de peur inondent mon visage. 

-On est arrivé, calme toi. 

Je n'attends pas qu'il s'arrête pour que je descendes, Leina dans mes bras. Je cours à l'entrée dans l'hôpital et cris comme un fou pour attirer l'attention. 

-Calmez vous monsieur, vous êtes dans un hôpital, respectez les patients. 

-J'ai pas l'impression d'être dans un hôpital, vous avez pas d'état d'urgence merde!

-Posez la ici. 

Trois infirmières arrivent en courant, un docteur derrière elles. Elles prennent le brancard et cours dans le couloir, je les suis mais elle m'arrête au bloc. Je m'effondre au sol. Fatigué de toute cette merde, vidé de toute énergie, vidé de tout espoir. Si je la perds,  je ne me relèverais pas. Y'a Allah, qu'ai-je fais pour mériter cela? Qu'a-t-elle fait pour mériter cela? Je ne réalise toujours pas que son propre père était sur le point de la tuer. La colère monte en moi et je ressens le besoin de frapper dans le mur pour me faire du mal, souffrir physiquement pour étouffer la douleur qui tue mon coeur. Putain de merde, ma femme, ma lumière, entre la vie et la mort. Je sens une main posée sur mon épaule et je sais d'avance que c'est Nabil. 

-Elle l'a pris pour moi. 

Je me retourne vers lui pour le regarder, perdu. 

-Quoi?

-Cette balle était pour moi. Kais savait que si il me faisait du mal, il te ferait du mal à toi aussi et c'est ce qu'il voulait mais Leina s'est mise devant moi à la dernière seconde. 

Putain, qu'est ce que je la déteste mais qu'est-ce que je l'aime. 

-Je suis désolé mon frère, si je t'aurais écouter ça ne se serait peut être pas passé ainsi. 

Il a raison mais je lui en veux pas parce que avec des "si" on pourrait créé tout un univers. Il me prends dans ces bras et je me laisse aller. Je pleures comme une pédale mais la douleur est bien trop forte, je ne peux tout simplement pas feindre de rester  debout. Je ne cesse de clamer que je suis un homme froid et insensible à tout mais elle, elle m'a touché en plein coeur. Je pourrais regretter de ne pas avoir fuis dès que je l'ai connu mais je n'y arrive pas. Des flashs des moments ensemble, de son sourire, de son odeur, de ses lèvres sur les miennes, de tous ces couchers de soleils que nous avons passés à admirer simplement les oiseaux voler au loin. Tous ces moments s'envolent loin et le sang dans mes mains m'empêchent de me concentrer. 

-Ne t'inquiète pas mon frère, ta femme c'est une guerrière, elle est forte, elle va vivre. 

Je le sais. J'ai l'intime conviction qu'elle va vivre mais sa douleur est mienne. Un coup sur elle et j'ai déjà du mal à me contrôler mais une putain de balle. Sa douleur physique est ma douleur mentale. 

-Aller va au toilette lave toi les mains et viens on va en salle d'attente. 

-Je veux rester ici. 

-Tarik, ce sang t'empêchera de te concentrer sur autre chose. 

-Je ne veux pas me concentrer sur autre chose. 

-Tu veux que quand Leina se réveille elle te voit dans cet état?

Je ferme ma gueule et le suis à contre coeur, me tournant chaque seconde pour vérifier s'il n'y a pas du nouveau. 

Je me retrouve en salle d'attente à 4h du matin avec Nabil sans aucunes nouvelles de ma femme. Je garde le visage fermé mais intérieurement je commence à péter un câble, quatre putains d'heures, mais qu'est-ce qu'ils font? Est-ce qu'ils arrivent pas à la réanimer? Est-ce que c'est déjà finis mais ils n'osent pas me le dire? Putain, putain, putain. Je me lève et tourne en rond dans cette salle d'attente. Cette histoire restera à tout jamais gravée dans ma tête, cette femme restera à tout jamais graver dans mon coeur et c'est à ce moment là que je regrette de ne pas lui avoir dis je t'aime alors que je le savais. Je le ressens du plus profond de mon âme que ça sera elle et personne d'autre. Je ne lui ai pas dis je t'aime alors qu'elle oui. Je ne lui ai pas dis je t'aime alors que c'est peut-être la dernière opportunité que j'ai eu de le faire. Je ne lui ai pas dis à cause de ma fierté mais surtout à cause de ma peur. Quel putain de lâche je suis. 

Ce n'est qu'à 5h03 que le médecin rentre dans la salle. J'ai péter un plomb au moins quatre fois entre temps, j'ai été obligé de sortir si je voulais ne pas tout casser dans ce putain d'hôpital. 

-Famille de Leina Benarouf?

-Moi. 

-Vous êtes?

-Son mari.

-Bien. Sachez que l'on a faillit la perdre à plusieurs reprises. La balle a frôlée ses poumons endommageant ces cotes. L'opération a durée 4H30 et pour l'instant elle est stable mais on ignore si elle se réveillera ou pas. Dans ce genre de situation, le destin du patient est entre ses mains, ça dépend de si elle veut se réveiller ou pas. 

-Bien sur qu'elle veut se réveiller. 

-Je l'espère monsieur. Elle est dans un coma artificiel pour l'instant. Je peux vous donner la permission de visites à condition qu'elles soient toujours à chiffre réduit. Maximum trois dans la salle. Elle doit se reposer, le silence complet, bien sur vous pouvez communiquer avec elle mais doucement, délicatement. 

J'hoche la tête écoutant ces paroles attentivement. 

-Sachez que son corps est en excellent santé et que normalement il n'y a pas de raisons pour lesquelles elle ne devrait pas se réveiller mais tout est entre ces mains et ceux de Dieu. Restez à son chevet et sachez que je compatis à votre douleur. 

-Merci monsieur. 

Je le suis à la chambre de bella et lorsque je rentre, la scène qui se présente à mes yeux a l'impact d'une balle en plein coeur. Elle est allongée sur un lit vêtue seulement d'une robe d'hôpital, le visage pâle, la respiration lente. J'ai envie de m'enfuir pour apaiser ma douleur mais la main de mon frère sur mon épaule me pousse à m'avancer vers elle. Même ainsi elle reste belle, magnifique. Même éteinte, elle continue à briller mon étoile. Je prends le temps de l'admirer avant d'attraper sa main si douce mais si froide, elle qui d'habitude me procure toute la chaleur dont mon coeur a besoin. Je me baisse vers elle et lui chuchote doucement. 

-Merci pour les étoiles que t'as posée sur mon ciel bella. 

Une larme coule de mon oeil tandis que mon coeur saigne. 

____________________________________________________________________

Il est présentement 4h du matin et demain j'ai cours à 9h mais je ne pouvais pas vous laisser dans cet état (une certaine amie m'a menacée de ne pas me parler pendant 15 jours). Donc je vais souffrir demain mais c'était pour la bonne cause. Sachez que quelques larmes ont coulées sur mon visage tandis que j'écrivais ce chapitre. La morale c'est qu'il faut toujours dire je t'aime à ceux que l'on aime parce qu'on sait jamais quand on va les perdre. Je sais que le suspense est encore là mais n'en demandés pas trop mdr. 

Coeurs sur vous. 

Tu signes si je saigne?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant