Chapitre 5 | Trois mots sur un piano (2)

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J'inspecte sa maison, puis me remémore notre conversation de tout à l'heure. Il vit seul à présent. Ça doit être difficile de vivre seul, surtout à notre âge. Je me rends bien compte que le soutien psychologique de mes parents est important au quotidien.

Après ma réflexion silencieuse, je réponds :

—Si tu veux, mais je dois rentrer pour le dîner.

Thomas affiche un sourire satisfait sur son visage. J'en fais de même. Cela ne me coûte rien de rester, à part faire plaisir à une âme solitaire.

Je commence enfin à cerner le personnage de Thomas. S'il est aussi lourd au lycée, c'est seulement parce qu'il ne peut parler avec personne chez lui. Ses seuls contacts humains se font au lycée et il n'a pas encore réussi à se faire des amis. Je devrais peut-être songer à l'intégrer dans notre groupe ?

Thomas veut me montrer une pièce qui se trouve à l'étage. Je le suis en silence, tout en détaillant sa maison. La décoration est entièrement blanche. Je ne comprends pas comment peut-on vivre dans une maison où les couleurs sont totalement absentes.

Nous arrivons à l'étage. La maison de Thomas est vraiment très grande. Plus grande que la mienne, je crois. Nous passons devant des dizaines de portes et je me questionne sur les pièces qui peuvent s'y trouver. L'une d'elles est sa chambre, à coup sûr. Mais les autres ?

Au bout du couloir, Thomas fait volte-face et je me cogne contre son torse.

—Aie.

—Fais attention Chérie.

Je soupire de manière exagérée, afin de lui faire comprendre mon agacement, mais comme d'habitude, il ne relève pas.

Thomas pousse la porte qui se trouve à proximité, découvrant ainsi une pièce, qui n'est pas blanche. La première chose que je remarque, est le fait qu'il n'y ait pas de fenêtre. Seules deux appliques murales éclairent faiblement la pièce. Le mur aborde une couleur brune, un peu plus foncée que celle du parquet. Mais ce qui fait vraiment la particularité de cette pièce, est le piano à queue noir qui trône au milieu. Il n'y a rien d'autre, mis à part cette bibliothèque remplie de partitions.

—Waouh, m'émerveillé-je en pénétrant dans la pièce. C'est superbe.

Thomas referme la porte derrière nous, puis s'installe au piano. Il admire la pièce, de la même façon que moi, c'est-à-dire comme si c'était la première fois qu'il la découvrait. Ses yeux sont remplis d'étoiles et son sourire béat lui donne ce côté enfantin, que j'ai pu déjà apercevoir lorsqu'il rit.

Il m'explique :

—C'est ma pièce préférée de la maison. L'une des seules à ne pas être peinte en blanche.

J'ai envie de rigoler à cette remarque, mais je me retiens. Je suis curieuse d'entendre la suite.

—Ici, poursuit-il, les couleurs sont chaudes et encore plus quand je joue du piano.

—Tu aimes jouer ?

Question ridicule. Sa joie se lit clairement sur son visage. Ce sourire n'est pas le sourire séducteur que Thomas porte à longueur de journée. Il s'agit simplement du sourire de Thomas heureux.

—Oui, rétorque-t-il. La musique est vraiment un moyen de m'évader. Avec ce piano, j'ai l'impression que tous mes problèmes et mes maux disparaissent avec seulement quelques notes.

—Et depuis combien de temps en joues-tu ?

—J'ai commencé il y a trois ans, après l'incarcération de mon père. Ma mère voulait que je trouve une activité pour oublier l'absence de mon paternel. En réalité, je pense qu'elle ne voulait pas que je la voie sombrer dans sa dépression.

Les flammes de la passion | 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant