Je constate que Thomas ne se sent pas très bien non plus. Ses mains sont moites et ses yeux s'humidifient. Je lui confie :
—Ne t'inquiète pas, si tu ne veux pas continuer ton histoire, je comprendrais parfaitement...
—Non, c'est bon.
Thomas inspire un grand coup et sans rompre le contact entre nos mains liées, il reprend :
—Je suis immédiatement parti chez Estelle, car elle était la seule qui m'écoutait vraiment. Je n'avais pas vraiment d'amis à qui me confier, à vrai dire, je n'avais pas d'amis tout court. Je suis arrivé chez Estelle et lui ai raconté ce qui venait de se passer chez moi. Avec elle, j'arrivais à me livrer entièrement, sans crainte d'être jugé. Elle m'a épaulé lorsque ma mère a sombré dans sa dépression, étant donné que mes frères étudiaient hors de Nice.
Thomas s'attrape durement les cheveux entre ses doigts et laisse tomber sa tête dans ses mains. Je lui caresse maladroitement le dos, pour lui faire comprendre que je suis là, pour lui s'il veut parler.
Il faut quelques secondes à Thomas, pour retrouver la force de continuer cette histoire, qui me semble assez tragique :
—Quand ma mère s'est éteinte... Je...
Un frisson me parcourt le corps en entendant la douleur et la tristesse dans la voix de Thomas. Je chuchote :
—Je suis désolée Thomas. Tu n'es pas obligé...
—Si, me coupe-t-il. Je vais poursuivre. Je te le dois.
Je serre sa main, que je porte à ma bouche pour y déposer un léger baiser. Je suis incroyablement touchée par le courage de Thomas. J'ignore si je serais capable d'en faire de même.
—Donc quand ma mère s'est éteinte, reprend Thomas en parlant plus rapidement, Estelle ne m'a pas quitté une seule seconde. Elle était en permanence à mes côtés, de peur que je commette une bêtise, en étant seul. Elle m'a témoigné tellement de choses à ce moment-là. Jamais je ne pourrai lui être assez reconnaissant. Je pense que c'est à partir de là, que j'ai commencé à tomber amoureux d'elle.
Je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie, cependant je prends sur moi. Thomas me raconte enfin la cause pour laquelle il ne veut rien d'officiel avec moi, je ne me vois donc pas piquer une crise de jalousie. Cela serait mal venu de ma part.
—Ma mère était la seule femme en qui jamais entièrement confiance, avant son décès. Ma mère était mon seul idéal féminin. Ma mère était la seule femme que j'aimais. Après qu'elle ait quitté ce monde, je ne pensais pas retrouver de tels sentiments envers une femme. Mais Estelle m'a prouvé le contraire. Avec elle, je me sentais vraiment bien. Elle me rendait fou et j'adorais ça. Avec elle, je ressentais un tel sentiment de béatitude que je me sentais invincible et plus fort que jamais. Estelle a réussi à me faire oublier ma mélancolie, par l'amour.
Thomas marque une pause et détaille mon visage. Il cherche sûrement à savoir comment je vais après toutes ces révélations. Ou peut-être, que ce qui vient ensuite s'empire...
Impatiente, je le questionne :
—Et que s'est-il passé ensuite ?
—Estelle m'a fait découvrir l'amour dans tous les sens du terme.
Je n'arrive pas à garder une mine neutre. Cette révélation m'énerve clairement. Les traits de mon visage se durcissent, mais je décide de ne rien dire. Autrement, la jalousie me ferait dire des choses que je regretterai par la suite.
—Désolé de te dire ça, Cassandra. Mais...
—Ce n'est pas grave. Continue s'il te plaît.
Thomas acquiesce d'un mouvement de tête et termine son histoire :
—J'étais si bien avec Estelle. Je pensais qu'elle serait la femme de ma vie. Seulement, lorsque je lui ai fait part de mes sentiments envers elle, je suis tombé de haut.
—Que s'est-il passé ? demandé-je curieuse.
—Je me suis attaché beaucoup plus rapidement à elle, qu'elle à moi. Elle m'a confié qu'elle était intéressée par les garçons matures et que moi, j'étais seulement... un passe-temps.
Ce dernier mot a eu du mal à sortir. Finalement, cette Estelle a détruit la confiance de Thomas envers les femmes, expliquant ainsi sa peur de l'engagement.
—Quand Estelle m'a quitté, tellement cela m'a brisé le cœur, je me suis promis de ne plus jamais m'attacher à qui que ce soit.
Je serre les lèvres. Thomas se cache derrière sa carapace de Don Juan, pour ne pas s'attacher aux filles. Mais au fond, il s'agit seulement d'un garçon brisé qui a perdu deux femmes qu'il aimait énormément.
Je ne sais pas quoi dire suite à ses révélations. J'ai peur de dire quelque chose de maladroit ou de mal placé. Je parviens seulement à articuler :
—Désolée.
—Ce n'est pas de ta faute. Au contraire, lorsque je t'ai rencontré, ce blocage a disparu. Cassandra, tu me redonnes foi en l'amour, mais quelque chose m'effraie.
—Moi aussi...
Nos regards se croisent vraiment pour la première fois depuis le début des confessions. La peur et la tristesse se sont évaporées du visage de Thomas, pour laisser place à de la tendresse et de l'espoir.
—Cassandra, ce que je ressens pour toi, c'est...
—Plus fort ? deviné-je.
—Exactement. C'est beaucoup plus fort que ce que j'avais avec Estelle. Avec toi, c'est passionnel et cela me fait peur. Je crains de tomber d'encore plus haut si tu m'abandonnes.
Je pose tendrement ma tête sur l'épaule de Thomas et lui assure :
—Je ne t'abandonnerai pas. Mes sentiments sont tout aussi forts.
Je sens Thomas s'apaiser, rassuré d'entendre la réciprocité de mes sentiments.
Thomas prend en coupe mon visage et détaille chaque détail de mon regard. Ce moment est étrange. Le temps semble s'être arrêté et aucun son ne me parviens, mis à part la respiration calme de Thomas. Sans se parler, nous nous disons tellement de choses par le regard.
—Je tiens énormément à toi, murmure Thomas sans me lâcher.
—Moi aussi, rétorqué-je à voix basse.
Un sourire fend ses lèvres, puis il ferme les yeux et attire mes lèvres aux siennes. Nous échangeons un baiser passionnel. Le froid ne me dérange plus. Les flammes de la passion embrasent mon corps, créant une douleur délicieusement agréable. Les confessions de Thomas me donnent l'impression de mieux le connaître. J'ai enfin la sensation de ne former qu'un avec lui.
En rentrant chez moi ce soir, je me sens extrêmement bien. Thomas et moi n'avons à présent plus de secret l'un pour l'autre. Je marche sereinement vers chez moi, le sourire aux lèvres.
Soudain, j'entends des pneus crisser sur la chaussée. Je tourne la tête et remarque une voiture arrêtée à quelques centimètres de moi. Mon cœur s'emballe au moment où je réalise que j'ai failli me faire écraser. Je n'arrive pas à détourner mon regard des phares de l'engin à côté de moi. Cette lumière blanche me replonge dans mes souvenirs hantés par sa mémoire.
Peut-être que Thomas m'a révélé les secrets de son passé, en revanche moi, je les garde encore pour moi.
***
Hi !
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📌Comprenez-vous Thomas maintenant ?
📌Pensez-vous que la relation Cassandra-Thomas ira mieux à présent ?
📌Thomas regagne-t-il votre confiance ?
📌Cassandra devrait-elle se confier elle aussi ?
📌Des idées pour la suite ?
Merci pour vos votes et commentaires, continuez comme ça !
A demain.
xoxo❤️
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Les flammes de la passion | 1
RomanceL'amour : un étrange sentiment qui obsède des millions de personnes, dans la quête du bonheur. Je pensais cela de l'amour, avant que celui-ci me blesse profondément. Depuis, je masque ma douleur omniprésente, chaque matin avec une seule crainte qui...