On ne vit pas, on survit... #

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Léane
                       

—  Léane tu viens ? s'impatiente Max.
—  J'arrive !

Je ne peux pas m'empêcher de regarder autour de moi, de vérifier mon casier ou mon téléphone. Même si je ne me l'avoue pas, que je ne veux pas mettre de mots dessus, je n'arrive pas à surmonter !

Cela fait maintenant quelques semaines que Aaron et moi sommes sortis de l'hôpital.
Un mois, que mon demi-frère m'a agressé et que Aaron a été blessé.
Un mois, que nous faisons semblant que tout va bien.

Le jour de notre sortie, car finalement nous avons quitté l'hôpital en même temps, Aaron ne voulant pas, que je rentre seule chez nous, a signé une décharge. Nous avons appréhendé de retourner à l'appartement. Dans la voiture, qui nous ramenait à la colocation, Aaron m'a tenu la main autant pour me tranquilliser, que pour se rassurer lui aussi.

Je sais qu'il le vit très mal. Il fait des cauchemars pratiquement toutes les nuits.
Des images de mon agression défilent comme un film dans ma tête.
Encore aujourd'hui, j'essaye d'être le moins souvent à la colocation. Trop de mauvais souvenirs inondent mon cerveau, le bruit de la porte qui claque, me fait sursauter, si un de mes amis me touche l'épaule alors que je suis de dos, je pousse un cri. Je sais que je devrais prendre sur moi, ou même voir un spécialiste, mais jusqu'à maintenant, je m'enfermais dans mon mal être. C'est pour cela que j'ai pris la décision, avec l'aide de ma mère, de retourner en France, pour prendre le temps de me reconstruire. Le doyen a été très compréhensif, et je vais pouvoir suivre les cours par correspondance. Au pire, je referai une année, personne ne me le reprochera.

Hier, nous sommes allés au commissariat pour signer les derniers papiers sur notre dépôt de plainte contre mon demi-frère. Pensant naïvement, que cela gommerai tout ce que nous avons subi, comme le trait d'un dessin qui ne serait pas parfait ! Nous avons porté plainte contre lui au lendemain de notre réveil. Les flics nous ont expliqué, comment il avait pu mettre en place son plan machiavélique. Le pire, je crois, c'est qu'il ne regrette absolument rien de ce qu'il nous a fait endurer, il n'a aucun remord, rien, pas une once de culpabilité. Seule sa mère a voulu me rencontrer, afin de s'excuser pour son fils, mais je n'ai pas voulu la voir, je veux laisser cette histoire derrière nous, et ne plus rien avoir à faire avec les Saint André. Il s'est donc servi, des moyens mis à sa disposition, puisqu'il travaille pour une filiale française en collaboration avec les renseignements du Quais des Orfèvres, mon téléphone était sur écoute, il avait piraté mon ordinateur, payé un mec pour me suivre, quand lui ne pouvait pas le faire, il a avoué vouloir me faire du mal, pour que je comprenne ce que cela faisait, de tout perdre. Il m'en veut pour son père, il croit que c'est à cause de moi, s'il est en prison et qu'il a tenté de s'y suicider. Il voulait me faire payer, le fait que sa vie soit devenue un enfer après toute cette histoire, il a tout perdu, sa mère aussi, ils ont dégringolé de leur piédestal, mais ce n'est pas à moi, qu'il doit en vouloir ! Le seul fautif, c'est son père, et uniquement lui.

Mon petit ami a prévenu nos parents de notre agression, quand nous étions encore hospitalisés, et sans attendre, ils ont pris le premier vol, pour venir nous rejoindre. Ma mère et les parents d'Aaron ont été formidables, ils nous ont soutenu chacun à leur tour.
Pierre et Isabelle sont restés ici quinze jours avec nous, puis c'est ma mère qui a pris le relais. D'ailleurs elle n'est pas encore repartie.

Aaron...

Que je vois de moins en moins, qui s'enferme dans un mutisme, et qui s'acharne au travail. Je sais qu'il s'en veut énormément de ce qu'il m'est arrivée, il culpabilise de ne pas avoir su avant, qui était mon stalker, et moi, je culpabilise de l'avoir entraîné dans ma chute.

BraCoeur Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant