Chapitre 22

85 10 0
                                    

Nous sommes le 15 octobre, il est 23h. Je suis dans ma chambre en train de m'habiller. Troy m'a dit de prendre un petit sac avec moi, où je rangerais mon masque et mon Beretta 92. C'est un de leurs amis qui s'est occupé de la confection de cette magnifique tête de jaguar en cuir noir, comme celui de Lindsay. La seule différence avec celui des garçons c'est la couleur, car le leur est doré. Je mets mon legging noir, et un débardeur. Il ne me manque plus que la veste, mais il vaut mieux que je ne la mette pas pour l'instant. Si jamais on se fait arrêter par la police avant le braquage, que ce soit pour un contrôle ou quoi que ce soit d'autre, il vaut mieux qu'ils ne me voient pas avec mon « uniforme » de braqueuse. J'attache mes cheveux en chignon, puis trace un trait d'eyeliner. Une fois prête, je sors et rejoins Lindsay dans sa chambre. Elle a adopté une coiffure similaire à la mienne, et porte la même tenue que moi. On a mis beaucoup de temps pour la choisir, mais je suis contente du résultat. Elle est magnifique ma Linds. Je ne peux m'empêcher de sourire en la voyant se mettre du rouge à lèvre.

« - Si tu continues à me regarder comme ça, tu vas finir par tomber amoureuse de moi, déclara-t-elle tout en souriant.

- Mais je suis déjà amoureuse de toi, lui répondis-je en riant.

- Viens là, je vais te mettre du rouge à lèvre. Je pense que du marron devrait t'aller. »

Une fois maquillée, Lindsay m'entraîne vers le miroir, puis place son bras autour de mon épaule.

« - Et voilà les deux bombasses de La bande des jaguars.

- Nathalia et Kira. »

Nous descendons les escaliers l'une à côté de l'autre, avec chacune notre sac sur le dos. Les garçons nous attendent en bas, presque tous dans la même position, les mains dans les poches de leur jogging. Ils lèvent le regard vers nous, puis Kalvin hausse les sourcils.

« - Bon ben je pense qu'elles n'ont pas besoin d'arme, juste leur charme suffit pour faire tomber les vigils à terre.

- Ouais, qu'elles te les donnent alors t'en auras plus besoin qu'elles, ricana Troy.

- C'est moi qui fait tomber toutes les filles je te le rappelle, se défendit Kalvin, alors fais gaffe, je pourrais utiliser ma beauté divine contre toi.

- C'est ça ouais, en attendant vas charger le matos. »

Kalvin s'exécute, suivi de Steve, Jared et Peter. Mon regard bascule vers Connor. Il a les mains dans ses poches, la tête légèrement baissée, et les yeux rivés sur moi. Je repense à cette dispute dans la forêt qu'on a eue il y a quelques semaines. Je le revois devant moi, m'empêchant de partir en plaquant ses mains contre le tronc du sapin. Lorsque je lui ai demandé ce qu'il voulait, il m'a répondu « Je n'en sais rien ». Depuis je cherche la signification de ces paroles, en vain. Mais son regard paraît moins dur, c'est déjà un bon point. Il faut que je me ressaisisse, ce n'est qu'une illusion. Le jour où Connor changera complètement de comporte-ment, je pense que j'aurais l'âge de ma mère, peut-être même plus. Je détourne le regard, puis sors du chalet. Les trois voitures ont été déplacées. Elles sont à présent juste en face de moi, le nez tourné vers la route, prêtes à partir.

« - Il faut combien de temps avant d'arriver ? demandais-je à Troy.

- Une bonne heure, peut-être moins vu qu'il n'y aura personne sur la route à cette heure-ci.

J'acquiesce, puis laisse tomber ma tête sur son épaule.

- Tu as peur ? me demanda-t-il.

- Non, au contraire j'ai hâte d'y être. »

Je ne vois pas son visage, mais je sens bien qu'il sourit. Son bras se lève, il consulte sa montre.

« - Allez les gars, on part, ordonna-t-il enfin ! »

A contrarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant