Chapitre 28

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Nous n'avons pas parlé avec Connor durant tout le trajet du retour. Parfois, il me lançait quelques regards furtifs, puis se raclait la gorge, lorsque je le regardais à mon tour. Je pense que le fait de lui avoir sauvé la vie a complètement changé sa façon de me voir. Il ne reste plus qu'un quart d'heure avant d'arriver au chalet. C'est à ce moment là qu'il se décide à prendre la parole, tout en gardant les yeux rivés sur la route.

« - Au fait, commença-t-il, je ne t'ai pas remercié de m'avoir sauvé la vie hier soir, alors...merci.

Ses paroles m'ont parues sincères, et je pense qu'il est grand temps de signer une trêve.

- Y a pas de quoi. Alors, tu me crois maintenant quand je te dis que je veux réellement faire partie de la bande ?

Il eut un petit rire gêné et se pinça la lèvre inférieure.

- Oui, je te crois. Je dois m'excuser aussi de mon comportement. J'ai été ignoble avec toi, et je t'ai mal jugé. Je sais à présent que tu es une fille intelligente, forte, téméraire, mais aussi sensible. Tu es aussi...

Il prit un instant d'hésitation, puis se lance :

- Je te trouve aussi très jolie. »

Je ne sais pas si c'est à cause des cinq canettes de bière que j'ai bu dans la voiture, mais je me sens rougir. Je ne sais pas quoi répondre à ça, alors j'essaie de passer à autre chose.

« - J'ai la tête qui tourne comme une toupie, déclarais-je tout en me tenant le front.

- C'est normal, t'as vu un peu toutes les bières que tu t'es enfilée. Jared va se plaindre de ne plus en avoir, ironisa Connor tout en riant.

- Ouais, j'ai dû trop boire.

- Je dirais plutôt que tu AS trop bu. »

Nous rions tous les deux dans la voiture, la musique à fond. Je suis surprise d'entendre ma voix rauque. Sans doute à cause de l'alcool. Je m'apprête à boire une autre gorgée de bière, mais Connor me prend toutes les canettes et les jettent par la fenêtre. Je pousse un grognement de protestation.

« - Tu l'as cherché aussi, se justifia-t-il. Tu vas te rendre malade à force de boire comme ça.

- Tu sais que tu es en train de polluer la planète ?!

- Et toi tu te détruis à l'intérieur, pas sûr que ça soit la meilleure solution contre ton mal. »

Je pousse un long soupir et lève les yeux au ciel. Je tourne la tête vers la vitre, et me rends compte qu'on monte le chemin qui mène vers le parking du chalet. Je ne veux pas rentrer maintenant, je devrais affronter Troy. Rester dans cette voiture et rouler toute la nuit me conviendrait, mais comme m'a dit un jour ma grand-mère, je dois affronter les évènements, même s'ils sont pénibles, autrement ils me détruiront. Et c'est ce qu'il se passe en ce moment. J'ai l'impression d'être blessée à l'intérieur. Mon cœur saigne, et mon esprit est tourmenté. Lorsque nous atteignons le parking, il ne reste que les deux motos. Aucune voiture n'est en vue. C'est d'ailleurs ce que me fait remarquer Connor.

« - Tiens, pas de voiture. Au vu de l'heure, ils doivent être sur la route. »

Je regarde l'heure sur le téléphone de Connor, 3h46. Je descends de la voiture, en chancelant. Ma vue se trouble, alors que je marche en essayant d'atteindre la porte d'entrée. Connor est passé devant moi, et m'ouvre la porte, tel un « gentleman ». Je le remercie d'un hochement de tête, et d'un léger sourire, puis entre à l'intérieur. Je n'arrive à distinguer que les ombres des meubles du salon, à cause de l'obscurité, et je suis trop fatiguée pour allumer la lumière. Je pensais que Connor s'en chargerait, mais visiblement non. Il me suit d'un regard sournois dont je ne m'inquiète pas, la tête légèrement baissée. Je m'arrête devant le canapé, puis me laisse tomber, épuisée. Connor s'installe à côté de moi. Nous restons assis là, tous les deux sans dire un seul mot, lorsque je vois un verre d'eau posé devant moi, sur la table basse. C'est étrange qu'il se trouve là, au bon endroit et au bon moment. Même si ce n'est pas le mien, je le prends et bois son contenu d'un trait. Connor ébauche un sourire et se gratte le sourcil. Je pose le verre, puis me réinstalle sur le canapé, la tête penchée en arrière. Nous décidons d'allumer la télé en attendant le retour du reste de la bande. Au bout d'une heure, je sens que je commence à m'endormir. Ce canapé est si confortable, mais je me dis que je serais sûrement mieux dans mon lit. Je me lève tant bien que mal et lance à Connor :

A contrarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant