Chapitre 30

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Les semaines se sont enchaînées sans que je ne m'en rende vraiment compte. Le temps... À quoi sert-il, j'en suis toujours au même point. Malgré le soutien de Lindsay, je me sens toujours aussi mal. Troy refuse de me parler, Connor est parti, mais bon ça ce n'est pas si important. Kalvin me donne des nouvelles de lui, même si ça ne m'intéresse pas vraiment. Il a soit disant rencontré une fille en boîte, et ils sont ensemble. Je sais qu'elle s'appelle Kate Strickland, rien de plus. À présent je ne vois plus en Connor que du mépris. Pour quelqu'un qui disait m'aimer, il m'a très vite oubliée. Mais je ne vais pas m'en plaindre, c'est tant mieux pour lui. Qu'il vive sa vie avec cette Kate, tandis que moi j'essaie de réparer la mienne. Je pense constamment à Troy. Il me manque tellement. Notre complicité me manque, sa voix, son sourire, ses yeux, tout me manque chez lui. Même son mauvais caractère. Combien de fois m'a-t-il repoussée alors que je tentais de lui parler ? J'ai tout gâché avec Troy. Même si les autres me disent que ça va s'arranger, qu'il finira par revenir vers moi, je sais pertinemment que c'est faux. À quoi ça sert d'attendre si c'est pour ne rien avoir en retour ? Ce n'est qu'une perte de temps. Je suis sur mon lit (enfin mon lit, c'est plus celui de la chambre d'amis) en train d'écouter de la musique. C'est l'une des seules choses que je fais depuis ces dernières semaines. En ce moment, j'écoute Here with me de Marshmello. J'aime cette chanson. Quelque part je me retrouve dans les paroles. C'est un peu comme si c'était moi qui chantais.

Every day
You're saying the words that I want you to say
There's a pain in my heart and it won't go away
Now I know I'm falling in deep
Cause I need you here with me

Je ne peux m'empêcher de me reconnaître dans cette chanson. Cause I need you here with me, c'est ce que j'aimerais avouer à Troy. Lui dire à quel point je regrette, et qu'il me manque énormément. Chaque jour je dois vivre avec cette boule au ventre, en me demandant quand est-ce que ma situation va enfin s'arranger. Je ressens comme un vide à l'intérieur. Le pire, c'est qu'au début, les autres m'en voulaient parce qu'ils croyaient que j'avais embrassé Connor volontairement, alors que loin de là. J'ai pu leur raconter la vérité, et ils se sont excusés de m'avoir jugée trop vite. Ils m'avaient promis d'en parler à Troy. Mais il se sent trahis, que ce soit venant de ma part ou de celle de Connor. Jared m'a dit qu'il avait besoin de temps pour s'en remettre. Mais ça fait des semaines que j'attends, sans aucun résultat. Rien que quelques regards furtifs. Parfois, je sors courir avec Lindsay, ça me fait du bien. Et puis j'ai pu rencontrer Amanda. Elle est très gentille et a le même humour que Kalvin. Ils sont faits pour être ensemble ces deux-là. Je l'apprécie beaucoup. Elle n'est pas encore au courant que Kalvin fait partie de La bande des jaguars, mais ça ne saurait tarder. J'ai déjà lancé le sujet avec elle en lui demandant ce qu'elle pensait d'eux, et si elle accepterait de les rejoindre si jamais ils lui proposaient. Comme excuse, je lui sortais Simples questions d'actualité, et ça fonctionnait. Elle serait un atout essentiel dans la bande avec son don pour l'athlétisme, elle est très rapide.

Ça doit faire la dixième fois de la matinée que j'écoute Here with me, alors je décide de sortir du lit et de me changer les idées en allant me défouler sur le sac de frappe de la salle d'entraînement. Je descends péniblement les escaliers, puis tourne à gauche et tire sur le vieux livre poussiéreux. Le passage s'ouvre et j'entre dans la pièce. Mais en voyant l'intérieur, je m'arrête net, et me prépare à faire demi-tour. Troy est en train de frapper sur le sac de boxe. Je tourne les talons, puis commence à avancer.

« - Ne t'empêche pas de t'entraîner juste parce que je suis là, me dit Troy. »

Je me retourne, et c'est là que je le vois, me regardant de ces yeux bleus verts étincelants, le souffle court à cause de l'effort, quelques mèches de cheveux bruns collés à son front. Il porte un play débardeur à capuche noir, et un short Adidas de la même couleur. J'essaie tant bien que mal de résister face à sa beauté incomparable. Je baisse le regard, lorsque je me rends compte que je le fixe depuis tout à l'heure, puis avance dans la pièce.

A contrarioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant