Épilogue

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Seize années se sont écoulées depuis l'arrestation de La bande des jaguars, et pourtant je n'ai pas oublié. Il ne se passe pas un instant sans que je pense à Troy, le père de mon fils, Zack. Ils se ressemblent tellement. Les mêmes cheveux en bataille bruns, les yeux bleus verts et surtout le même caractère instable. Parfois j'ai l'impression que Troy vit en Zack, qu'il ne s'est jamais totalement éloigné de moi. J'ai dû attendre longtemps avant de révéler la vérité à Zack concernant son père. Au début, il l'a mal pris. Mais au fil du temps, il a accepté. Je n'ai jamais pu refaire ma vie avec quelqu'un d'autre. J'ai essayé, mais je n'y arrivais pas. C'est comme si mon cœur était prisonnier par des chaînes, et condamné à appartenir à la même personne jusqu'à la fin de sa vie. Connor aussi a eu du mal. Il a su où j'habitais et il venait parfois me voir pour tenter de me récupérer, et me convaincre de partir avec lui. Il disait que Zack avait besoin d'un père, et qu'il était prêt à assumer ce rôle. Je l'ai rejeté à chacune de ses tentatives. À présent, il est marié et a une petite fille de deux ans, qu'il a bien entendu nommé Hannah. Quant à moi, j'ai élevé mon fils, seule. Même si je n'ai pas revue Troy depuis 16 ans, je sens qu'au fond de moi je l'aime encore.

Je suis sur le canapé en train de regarder les informations. D'après l'avocat de Troy, il devrait sortir aujourd'hui. Les médias ne parlent que de ça. Zack me rejoint et pose son sac de sport par terre, à côté du canapé. Sa casquette de base-ball est déjà positionnée sur sa tête, et il porte le maillot de son équipe.

« - Il sort aujourd'hui ? me demanda-t-il, d'une voix grave.

- Normalement oui, répondis-je en poussant un soupir.

Zack se tourne vers moi, et fronce les sourcils, comme le faisait souvent son père.

- Il va venir habiter ici ?

Je n'ai pas pensé à ça. Va-t-il habiter ici ? Il s'est passé tellement de temps depuis son arrestation, que je ne sais plus ce que je veux vraiment. Peut-être même qu'il a rencontré quelqu'un en prison, et qu'il a pour projets de poursuivre sa vie avec. Et puis...il ne sait même pas qu'il a un fils.

- Je n'en sais rien trésor. Qu'est-ce que tu en penses toi ?

Il se contenta de hausser les épaules passivement. Il n'aime pas vraiment prendre de décisions. Pour lui, quel que soit ce que l'on choisi, on finit toujours par regretter plus tard. La sonnerie du téléphone me ramène à la réalité.

- J'y vais, lança Zack avant de se précipiter sur le téléphone. Famille Davis, bonjour que puis-je pour vous ?

Cela me fait rire à chaque fois. Il prend toujours cette voix douce et infantile au téléphone tout en me regardant avec un sourire amusé. Mais son expression se ternie au bout de seulement quelques secondes.

- Qui c'est ? demandais-je en me levant.

Zack ne me répond pas. Des larmes remplissent ses yeux tandis que je me rapproche de lui. Mon fils se tourne vers moi, et déclare de sa voix grave :

- Vaut mieux que ça soit toi qui lui parle.

Je prends le téléphone, puis Zack retourne s'asseoir sur le canapé sans un mot.

- Allô ?

- Hannah ?

Cette voix m'a fait l'effet d'un électrochoc. Je ne l'avais pas entendue depuis...16 ans.

- Salut Troy, déclarais-je d'une voix faible.

- Comment vas-tu ?

Sa voix paraît impatiente et remplie d'émotion, il ne m'a pas oubliée.

- Ça va. Mais c'est plutôt à moi de te poser cette question.

- Je vais bien. Ces années en prison ont été dures, mais j'ai tenu bon.

Il se racla la gorge, avant de poursuivre d'une voix plus hésitante :

- C'est grâce à toi. Il me suffisait de penser à toi pour que mes soucis s'envolent.

Des larmes ont coulées et j'ai commencé à rire. Zack s'est retourné et a posé son coude sur le dossier du canapé.

- Je n'ai pas réussi à t'oublier Hannah, poursuivit-il. Je n'ai jamais réussi.

Il continua d'une voix plus triste.

- C'est ton fils qui a répondu ?

- Oui, mais...

- ...ce n'est pas la peine de te justifier, me coupa-t-il. Tu as eu raison de refaire ta vie. Tout ce que je veux c'est ton bonheur, même si je dois sacrifier le mien pour cela.

- Non mais écoute...

- ...ne t'en fais pas pour moi. Fais ta vie...

- ...Troy tu vas m'écouter à la fin ?! m'exclamais-je. C'est ton fils !

- Quoi ?

- Tu as un fils. Il s'appelle Zack. J'étais déjà enceinte le jour où tu as été arrêté. J'ai voulu te le dire, mais tu ne m'en as pas laissé le temps.

- J'ai un fils ! s'exclama-t-il d'un ton enthousiaste. »

Tout d'un coup, la sonnette retentie, celle de la porte d'entrée. Zack se lève d'un bon et se précipite pour ouvrir. Un homme se jette sur lui, et le prend dans ses bras. Lorsqu'il se relève au bout de quelques minutes, j'ai toujours le téléphone à la main, et la bouche entrouverte. Ces yeux bleus verts irrésistibles, ces cheveux toujours aussi bruns et en bataille, un début de barbe de quelques jours, la peau bronzée par le travail à l'extérieur, et un corps toujours aussi parfait. Je ne peux que le reconnaître. Troy pose son sac au sol, tout en gardant les yeux rivés sur moi. Je ne peux m'empêcher de pleurer, et de me jeter sur lui. Celui-ci me prend dans ses bras et me serre fort contre son torse. Des sanglots jaillissent au plus profond de moi. Combien de fois les ais-je ravalés pour ne pas inquiéter Zack ? Combien de fois ais-je voulu prendre la voiture et retourner à Los Angeles pour voir Troy ? Combien de temps ais-je souffert de vivre sans lui ? Troy prend mon visage entre ses mains et me regarde avec un grand sourire, tout en secouant la tête.

« - Oh Hannah. Tu es aussi magnifique que le jour où je t'ai perdue. »

Il me prend par le menton et m'embrasse tendrement. Mes yeux se ferment, plongés dans un plaisir absolu. Tout est parfait à présent. Troy est revenu, et je sais qu'il ne partira plus. Quant au reste de la bande, je suis certaine de les revoir très bientôt. Car mon portable vibre toutes les 5 secondes dans ma poche, signe que Lindsay et Amanda vivent les mêmes instants que moi. Zack nous rejoint, et des larmes de joie coulent le long de ses joues.

« - Maintenant, on est une famille, déclara-t-il, tout en nous regardant à tour de rôle.

- Oui mon fils, confirma Troy, tout en me regardant. On est une famille. »

Je sais à présent que plus rien, ni personne ne pourra plus jamais nous séparer. Nous resterons ensemble jusqu'à notre mort, même si de nouveaux obstacles se dressent sur notre chemin.

Je m'appelle Hannah Jane Davis, j'ai 35 ans, et je vis le bonheur absolu. 

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