•30 septembre•

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Détesté Newt,

Le jour suivant ma visite chez toi tu n'es pas venu au lycée. La place à côté de moi en physique était vide. Il n'y avait pas ton genoux tout proche de mes côtes. C'était vide et étrangement calme. Trop calme. Il y avait un contraste trop grand entre mon implosion de la veille et ce calme pour que je ne m'en méfie pas. J'avais l'impression que quelque chose allait me tomber dessus et que ça n'allait pas du tout me plaire.

Quelque part, j'étais soulagé. Il y avait ce poids en moins, je n'avais pas à surveiller chacun de mes gestes comme je le fais quand tu es là. C'était plus léger et moins tendu. D'autre part ce fut la pire journée de ma vie. J'avais eu raison de me méfier. Les évènements désagréables n'ont pas attendu pour pointer le bout de leur nez.

Je te déteste.

Dès la deuxième heure, un surveillant est venu me chercher pour m'emmener chez le proviseur puisque j'avais réduit le nez de Minho en purée et que ta mère avait fait connaître ta torsion du poignet. Je l'ai écouté s'énerver avec colère. Les poings crispés sur les genoux, je sentais toute la colère de la veille remonter rapidement. Je n'allais pas tenir très longtemps dans ces conditions et je priais pour que les évènements ne s'enchaînent pas de manière aussi catastrophique que la veille. Je te maudissais tout en sachant que tu n'y étais pour rien, que ma colère impulsive était seule responsable. J'étais sûr que tu avais cherché à garder ça secret mais ta mère est ta mère. Elle te protège peu importe ce que tu en penses.

Résultat : de belles remontrances et une exclusion de trois jours pour que, je cite, « je puisse réfléchir ».D'après lui, ces évènements sont beaucoup trop récurrents et il faudrait que j'apprenne à gérer ma colère. Je sais déjà la gérer. La preuve est que je me retenais de l'extérioriser pendant qu'il me parlait. Simplement j'ai des limites et si on les dépasse, je ne réponds plus de rien.

Quand je suis rentré avec toujours cette rancœur serrée dans mes poings, ma mère a doublé la punition en me privant de sorties et, tu connais mon père, sévère comme il est, j'ai reçu une gifle. Je suis resté la tête basse, les dents et les poings serrés. Je n'avais pas intérêt à intervenir dans leur déluge de remontrances et de colère et encore moins à protester. C'est une des premières leçons que j'ai apprise.

Minho m'en a également fait voir de toutes les couleurs. L'arrête de son nez était violacée et bosselée. Il parlait du nez et respirait par la bouche. Il m'avait hurlé dessus les insanités habituelles. Encore une fois, j'ai serré les poings. Si je ne voulais pas empiré mon cas, j'avais tout intérêt à museler ma colère. Il avait peur pour toi, comme d'habitude, et moi j'étais en colère, comme d'habitude.

« Qu'est-ce que tu lui as fait ?

— Rien. »

Il est venu m'interroger, les poings serrés. Dans un réflexe habituel, je me suis caché derrière ma haine. J'avais répondu sèchement. Je voulais être seul. Sinon tout allait encore déborder. J'étais déjà pas mal rempli niveau colère et il valait mieux que tout se tasse. Je voulais le fuir pour éviter de m'attirer un peu plus d'ennui. Cette journée était définitivement pourrie, je voulais qu'on me laisse tranquille. Il m'a poussé et j'ai pris une très forte inspiration. Il fallait vraiment que je me retrouve seule pour calmer le feu de la colère qui brûlait avec toujours plus d'intensité.

« Mens pas ! Je sais qu'il t'avait donné rendez vous hier ! T'y as été au moins ?

— Ça te regarde pas. »

Je voulais qu'il me laisse seul. Je voulais qu'il cesse de te protéger. Je voulais qu'il arrête de se mêler de nos affaires pour une fois ! Mais Minho, en vrai papa poule, tenait à veiller sur toi. Il voulait des réponses, des détails. Il a tenté de se jeter sur moi, espérant me faire parler après m'avoir frappé. Mais Chuck et Teresa l'en ont empêchés. Heureusement qu'ils ont intervenu, ma colère était à deux doigts de se libérer de ses chaînes. J'avais mal aux doigts à force de serrer les poings. Tes trois amis m'ont regardé de travers, Minho avec plus de rage que les deux autres.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant