12 Mars

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Newt,

Le lendemain quand ton réveil a sonné, on avait tous les deux peu dormi. On a levé les paupières avec lenteur, les yeux bouffis par le manque de sommeil et nos pleurs. Tu m'as fait un sourire auquel je me suis forcé de répondre. Tu m'as embrassé le nez avec douceur et puis tu t'es levé. Je suis resté couché et je t'ai regardé faire ton sac. On avait pas fait nos devoirs pour le coup. J'ai remonté la couette sur mon nez, ton odeur envahissant mes narines. Je n'avais pas envie de bouger, je ne voulais rien faire. Je n'avais même pas la motivation pour me lever et remplir mon ventre vide. J'avais l'étrange sensation de la faim sans vraiment avoir envie de manger. C'était plus mon corps qui réclamait de la nourriture qu'un réel appétit et ce n'était pas suffisant pour me faire lever. 

Tu as fouillé ton armoire et, tes affaires dans les bras, tu m'as lancé un regard. Tes yeux planté dans les miens et j'ai su que tu caressais mon âme pour apaiser mes tourments. J'ai frissonné parce que jamais personne n'avait été autorisé à pénétrer mes barrières avant. Pourtant cette douce attention était agréable. Je savais que tu ne me ferais pas de mal et j'avais vraiment besoin de réconfort. Tu t'es avancé vers moi et tu t'es accroupis près du lit. Tu as tendu la main et repoussé la couverture pour pouvoir caresser ma joue. Ta paume chaude m'a fait du bien et j'ai fermé les yeux. Je voulais m'abandonner, ne plus bouger, rester là entre tes draps et sous ta paume à la chaleur réconfortante.

" Il faut que tu te lèves Tommy, on va être en retard. 

- J'ai pas envie d'y aller.

- Pourquoi ? "

Tes yeux noirs me sondaient avec bienveillance comme toujours et ton pouce caressait doucement ma peau alors que l'angoisse se faufilait dans mon ventre et le tordait désagréablement. Je me suis recroquevillé sous la couette pour mieux me cacher du monde qui ne manquerait pas de me semer tôt ou tard. Tout va trop vite pour moi et je me sens si désarmé face aux autres que je ne veux plus avoir à leur faire face.  Même avec toi je ne me sens pas en phase. Je ne comprends pas où tu trouves la force de te lever le matin, l'envie d'aller en cours ou même le plaisir des petites choses de la vie qui me paraissent si fade. J'ai repensé à mes secrets que tu avais tenu dans tes mains et que Minho avait dévoré avec avidité. Tout le monde était au courant de tout, ils allaient tous pouvoir se moquer et je n'aurais plus qu'à subir le poids de mes erreurs encore une fois. 

" J'ai pas envie. Et puis Minho a dû tout raconter."

Tu as secoué vigoureusement la tête. Tu es monté sur le matelas et tu as repoussé un peu plus la couverture. Tu as saisi ma main gauche avec une douce force autoritaire et tu as tiré dessus pour que je me redresse. Je t'ai lancé un regard las, je n'avais vraiment aucune envie de bouger. Faire corps avec ton matelas me semblait un très bon plan pour cette journée. Mais tu insistais et là lueur déterminée dans tes yeux m'a fait cédé. J'ai fini par me redresser à contre cœur. Tu m'as serré contre toi et ta main a caressé mon dos dans des gestes circulaires rassurants. Tu as créé une bulle apaisante autour de nous et j'ai soupiré de soulagement. C'est tout ce qu'il me manquait en ce moment. 

" Minho n'a rien dit à personne. Je lui ai fait promettre. Il faut que tu viennes au lycée, ça te fera du bien et puis on a le bac de français à la fin de l'année. Alors il faut que tu viennes.

- Ca sert à rien, je sais déjà que je l'aurais pas.

- Tommy, si tu pars comme ça, tu ne l'auras certainement pas. Pourtant tout le monde sait que tu en es capable. Donc tu vas venir au lycée aujourd'hui et on travailleras en conséquence pour que tu aies ton bac. "

J'ai soupiré parce que je n'en avais vraiment pas envie. Tout me semblait futile. Je ne comprenais pas l'utilité de travailler alors que je n'avais pas de projet d'avenir. J'avançais sans but et ça ne rimait à rien. Mieux valait que je reste dormir. 

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant