•11 Octobre•

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Détesté Newt,

Le 6 octobre était une journée particulière. Je ne voulais pas te voir. Ni pour te faire du mal ni pour passer du temps avec toi. Je voulais juste t'oublier. Oublier ton emprise sur moi et ce que tu me fais. Fuir ce picotement sur ma joue, là où tu m'as embrassé.

Quand je t'ai vu ce matin là en entrant en maths, tu m'as offert un petit sourire. Tu semblais te demander sur quel pied danser et je ne me suis pas donner la peine de te répondre. J'étais trop fatigué pour te faire du mal, mon cerveau n'a pas arrêter de penser toute la nuit. Hors de question que je me montre amical. Ce n'est pas une soirée paisible à faire des devoirs qui allait changer quoi que ce soit. Je me suis contenté de détourner le regard. Fuir, c'est ce que je sais faire de mieux. J'ai vu Gally hausser un sourcil.

" Qu'est-ce qu'il y a ? "

C'était sec. Il allait pas commencer à me soûler avec ses questions. Je ne voulais simplement ne pas penser à toi et j'espérais qu'il ne mettrait pas le sujet sur le tapis. Il ne m'a pas répondu, heureusement. On est rentré en classe. J'étais tendu comme un arc et mon ventre me gênait. Je ne savais pas ce qui me perturbait le plus. Savoir que tu attendais un geste positif de ma part et que j'avais presque failli y céder ou me rendre compte que je t'étais reconnaissant car grâce à notre petite soirée, je n'étais pas trop perdu en cours. Je t'entendais chuchoter avec Minho de l'autre côté de l'allée. Je crois que tu lui racontais notre soirée de la veille. Minho fronçait les sourcils. Il n'avait pas l'air de comprendre. De temps en temps il me fusillait du regard et je me tendais encore plus. Une chape de plomb pesait sur moi.

A midi, toi et ta petite bande riiez. C'était des fous rire. Vous en aviez quelques fois. Vous riiez si fort que les gens se retournaient pour vous regarder. Rachel était assise sur mes genoux. Je ne l'avais pas trop prié. Sa présence me dérangeait un peu mais d'un autre côté je voulais me changer les idées, arrêter de penser à toi et elle était la meilleure distraction possible.

Pourtant je ne parvenais pas à me concentrer sur elle. Je m'efforçais de manger tandis qu'elle m'embrassait le cou. J'avais juste envie qu'elle me lâche. Je t'observais en me demandant si j'avais toujours envie que tu disparaisses ou si je m'en fichais royalement. Un changement se faisait chez moi et je n'aimais pas ça du tout. Je me sentais déchiré.

Tu riais aux éclats. Je pouvais entendre ton rire en tendant l'oreille. Il résonnait dans le self dans un son étrangement... Agréable ? Ton sourire illuminait ton visage et te donnait des allures de soleil brillant de joie. Tu n'es pas si moche quand tu es heureux.

Tu as croisé mon regard puis tu as vu Rachel sur mes genoux. Tu as froncé les sourcils. Tu n'aimais pas ma réputation de tombeur. J'ai levé les yeux au ciel sans savoir si je te l'adressais à toi ou à elle. Tu as cru comprendre qu'elle me tapait sur les nerfs alors tu as ri de plus belle. J'ai cligné des yeux sans savoir si cette espèce de complicité étais positive ou non. Tu m'as fait un clin d'œil en te levant, ton plateau en main, suivi de tes amis. Je suis resté figé, ma fourchette à mi-chemin entre ma bouche et mon assiette. Je t'ai regardé partir sans un mot, sans une expression. J'étais perdu. Gally me fixait étrangement et je lui ai lancé un regard d'avertissement. Ni lui ni moi n'allons ouvrir le sujet.

Je t'ai vu à la pause te diriger vers les toilettes. Vous vous étiez calmé mais tu souriais toujours. Minho me regardait bizarrement alors que je te fixais, comme à midi. Tu me fais ressentir des trucs étranges, je suis perdu. Je me suis dirigé vers mon casier, seul. Gally et Alby avait trouvé un banc dehors pour profiter des derniers rayons de soleil avant l'hiver. Minho c'est détaché de ton groupe sans que je ne m'en aperçoive vraiment. Ton meilleur ami m'a rejoint. Il a frappé la porte de mon casier de sa main, m'empêchant ainsi de l'ouvrir. Je me suis tourné vers lui, agacé. De toutes évidences il n'était pas là pour me jeter des roses.

" Je te préviens tout de suite. Newt croit qu'il te récupère et ça ne me plaît pas mais alors pas du tout ! T'as pas intérêt à lui faire croire quoi que ce soit pour le poignarder dans le dos une nouvelle fois. T'as compris ?

— T'as peur que je te vole ta place de meilleur ami ? T'inquiètes pas pour ça. On se déteste cordialement tous les deux.

— T'es plus on que t'en a l'air... Si tu lui fais plus de mal encore je t'étripe. "

C'était clair, net et précis. Minho avait vraiment peur pour toi. Autrefois c'est moi qui aurais fait ça. Je retenais ma colère sous ses insultes son ton sec qui ne me plaisait pas du tout. J'en avais marre de céder à cette émotion. Pourtant elle était bien là et elle bouillonnait.

" Je comprends même pas pourquoi tu as été si gentil avec lui hier. "

Il avait craché ces mots avant de partir. Il avait évidemment pris soin de me lancer un regard haineux avant. Je me suis contenté de le regardé partir, les poings crispés et le souffle rendu court par ma colère contenu. Je me suis détendu en pensant que je ne voulais pas être gentil avec toi mais pas non plus méchant.

Ce matin du 11, le professeur de français nous a fait passer au tableau pour nos exposés. Nous avions bien travaillé ou en tout cas c'est ce que tu répétais pour me détendre. Je savais parfaitement ce que je devais dire et toi aussi. Cependant, je n'ai jamais été très à l'aise à l'oral. Quand le prof nous a appelé, je me suis levé en premier et quand je suis passé près de toi tu as serré ma main quelques instants pour me donner un peu de force. Je me suis dégagé vivement en sursautant, déjà sur les nerfs. Tu m'as plus fait peur qu'autre chose, je ne m'attendais pas à ton contact mais ça ne m'a pas vraiment aidé à me détendre. Je t'ai lancé un regard noir et tu m'as fait une grimace désolée.

Nous nous sommes dirigés vers le tableau à travers le silence religieux de la classe. J'ai essayé de calmer mon stress sans vraiment avoir de résultat. Tu m'as souri doucement pour me rassurer et j'ai tenté de te répondre mais c'était plus un rictus qu'autre chose. C'était à moi de démarrer, on l'avait convenu ainsi. J'ai commencé à réciter mes notes. Parfois j'avais des trous. Tu me murmurais le mot de départ discrètement et je repartais. Puis tu as parlé. Ta voix était assurée. Tu n'as pas hésité une fois. Ton texte était fluide. Je me suis dis que tu as du talent quand il s'agit de parler et de convaincre.

Quand enfin tu as récité la conclusion, le prof nous a permis de nous asseoir. J'ai enfin soufflé et j'ai attendu que tu te retournes à moitié pour te murmurer un remerciement. Le mot à passé mes lèvres alors que j'avais les yeux baissés sur mes poings crispés. Ce simple mot m'arrachait la bouche. Tu as simplement souri et tes yeux me signifiaient que c'était normal.

" T'es complice avec lui maintenant ? "

Gally m'avait demandé ça les sourcils froncés, le ton surpris. Je retrouvais un peu de colère, suffisamment pour lui clouer le bec. Non nous ne somme pas complices. Nous ne serons jamais complices parce que je ne veux pas être ton ami.

" Ferme ta gueule on verra si tu fais aussi bien avec le chinois. "

Après ça, il s'est renfrogné, le rouge aux joues sans que je n'en comprenne la cause. Il semblait subitement mal à l'aise et je l'ai fixé un moment les sourcils froncés. Voyant qu'il s'appliquait à éviter mon regard, je me suis tourné vers le prof pour écouter ce qu'il disait, délaissant les questions qui avaient vu le jour après la réaction de Gally.

" Thomas et Newton. Seize. Vous avez fait un très bon exposé. Vous avez su relever de bons procédés et les interpréter de la bonne façon. Un bon travail de groupe qui montrait pourtant quelques réticences au début. N'est-ce pas Thomas ? "

J'ai levé les yeux au ciel pendant que je devinais que tu souriais devant moi Tu t'es retourné et tu m'as fait un clin d'œil. Gally m'a regardé avec méfiance alors que je restais figé sans savoir si je devais te menacer ou simplement te rendre ton sourire. Je n'ai pas eu le temps de réagir, déjà tu te retournais. Minho s'est retourné vers nous. Il a pointé ses yeux avec deux de ses doigts et les a retourné dans ma direction. Il m'avait à l'œil, comme toujours. Ensuite il a échangé un timide sourire avec Gally, c'était bizarre.

Je ne sais plus vraiment où j'en suis Newt.

Tommy. 

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant