11 Mars

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On s'est endormi dans ton lit sans manger. Je n'avais pas d'appétit et toi tu étais trop préoccupé à veiller sur moi. Tu avais même envoyé un message à mes parents pour ne pas les inquiéter alors que je me morfondais toujours. Même la douce odeur de menthe que ta mère ajoute dans le taboulé n'a pas su réveiller ma faim. Je n'avais plus envie de rien. 

J'avais cessé de pleurer depuis quelques minutes déjà. Je fixais le vide par dessus ton épaule. Je me sentais vide, je ne voulais pas bouger et je n'avais même pas le courage de me lever pour boire et apaiser ma gorge asséchée par mes pleurs. Personne n'est venu nous déranger pour aller à table et c'était bien mieux. Je n'avais vraiment pas envie qu'on me voie comme ça, toi c'était déjà presque trop. J'étais vraiment un idiot. Je t'avais fait du mal et j'avais recommencé ce soir en t'entraînant dans mes pleurs. 

Tu as fini par t'endormir en me serrant dans tes bras. Le sommeil me fuyait depuis un certain temps maintenant. D'ordinaire je fixais le plafond de ma chambre en m'énervant sur ce sommeil fuyant que je rêvais pourtant d'étreindre. Mais cette fois là, je fixais le mur de ta chambre dans la pénombre par dessus tes cheveux blonds. Le vacarme de mes pensées pas positives pour un sous m'empêchait de fermer les yeux. Je me disais que j'étais incapable alors que ta respiration lente et pourtant apaisante n'arrivait pas à me bercer. J'avais perdu toute envie. Même dormir. Pourtant j'ai fini par sombrer sans m'en rendre compte. 

Je me suis réveillé en sursaut, tiraillé par la soif et une pensée imposante. J'étais un imbécile, un monstre, un débile profond, un tortionnaire. J'ai fixé ta chambre que je voyais toujours par dessus ton épaules. Il faisait noir, seule la lumière de ton radioréveil dont je ne pouvais pas voir les chiffres éclairait un peu la pièce. Il devait être minuit passé. L'état léthargique dans lequel j'était avant de dormir m'avait quitté. La culpabilité appuyait plus fort sur mes épaules. J'avais retrouvé cette tristesse permanente. Mes yeux me faisaient mal, ils devaient être rouges et gonflés et ma tête me lançait. J'avais la bouche pâteuse. J'avais toujours la tête dans ton cou. Au début je n'ai pas bougé. Je ne voulais pas te réveiller, tu ne méritais pas ça. Je voulais que tu te reposes. Tu allais finir par t'écrouler à nous porter tous les deux. Mais j'avais trop soif alors je me suis détaché doucement de toi et je me suis levé en silence. J'ai bu au robinet de la salle de bain et je suis revenu dans la chambre. Je me suis rallongé près de toi, le plus délicatement possible. 

Quand j'ai levé le regard vers toi j'ai remarqué que tu ne dormais plus. Je t'avais réveillé. J'étais vraiment un incapable. Je me sentais tellement nul que j'ai menacé de pleurer à nouveau. J'ai laissé échappé un hoquet pour ravaler mes sanglots et tu l'as remarqué. Tu t'es redressé et tu m'as pris dans tes bras à nouveau. Ta chaleur m'a entouré, apaisante et rassurante. J'avais besoin de toi. J'avais besoin de gens qui me soutiennent. 

" Je suis tellement désolé. "

J'ai articulé entre deux sanglots. Je devais au moins te le dire. C'était mon but initial. Ces mots m'ont paru lourds, mais le poids qui partait avec ne suffisait pas pour que je me sente plus léger. Je t'ai étreint plus fort, j'avais besoin de te sentir là. Maintenant que tu savais tout, je n'avais plus de raison de me cacher. J'aurais tout de même préféré que tu ne me vois jamais comme ça et je tentais de me reprendre. J'étais fatigué de tout ça. Moralement et physiquement. Je ne parvenais même plus à lutter contre ce truc noir au fond de moi. 

" C'est pas grave Tommy. "

Je me suis détaché de toi un peu brusquement. Je t'ai regardé dans les yeux en me demandant ce que je devais faire. Je devais dire un truc, je devais réfléchir mais les mots se mélangeaient dans ma tête, mes pensées n'étaient plus cohérentes. J'ai vu tes yeux remplis de larmes grâce à la lumière de la lune qui filtrait à travers les volets. J'ai senti mon cœur me faire mal dans ma poitrine. La tristesse m'étouffait. Je me sentais tellement mal dans ma peau. Je me suis efforcé de remettre mes pensées au clair.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant