20 Mars

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Newt,

Quand nous sommes rentrés après les cours aujourd'hui, nous nous sommes rendus chez moi. Nous avons fait le chemin en discutant paisiblement, ton index enroulé autour du mien. Tu voulais me faire rire et je m'y pliais, cachant ma tristesse et ma culpabilité au fond de moi. Dans ces moments là, Minho et Teresa nous surveillent de loin et pestent certainement sur mon dos. Souvent juste après je vois Gally s'énerver contre son copain. Ils se disputent souvent en ce moment à cause de nous. Ils ne sont pas du même avis et même si tu dis que ça passera à Minho, j'ai peur qu'ils ne rompent avant et que je me retrouve à devoir consoler Gally alors que je ne suis déjà pas capable de m'aider moi même. 

J'ai poussé la porte de l'appartement familial avec une boule d'appréhension. Je n'ai encore rien dit à mes parents et même si je t'avais prévenu, tu avais déjà pris des réflexes tendres et je ne voulais pas que mes parents l'apprennent suite à une maladresse de notre part. Je voulais prendre le temps de leur dire posément, sinon j'allais tuer ma mère sur le coup. Elle avait encore du mal à se dire que je sortais de sa large voie plate et lumineuse menant à une vie sûre pour un chemin qu'elle ne connaissait pas et qu'elle n'a donc pas pu aplanir. Elle doit même se demander où il me mènera. Elle avait surtout peur parce qu'elle ne comprenait pas. Mon père a fini par l'accepter complétement. Il tente des blagues franchement pas réussies et très gênantes pour dissiper la gêne de ma mère et me faire oublier sa première réaction mais parfois il ferait mieux de s'abstenir. 

En tout cas, dès que j'ai fait un pas pour entrer, j'ai senti ta main pousser dans mon dos pour m'encourager. Ma mère était déjà là, ses bottines posées contre le mur de l'entrée. Quand elle a entendu la porte se refermer, elle est arrivée dans l'entrée, un sourire chocolaté sur les lèvres alors qu'elle mangeait un croissant qu'elle avait fourré de nutella. En te voyant derrière moi, elle a rapidement essuyé ses moustaches de sa paume et ça m'a fait sourire. Elle t'a salué joyeusement, certainement heureuse de te revoir dans ma vie. Elle t'a toujours apprécié, tu étais son fils de cœur avant et elle ne l'a pas oublié. Tu lui as fait la bise et vous avez discuté de tout et de rien pendant qu'on prenait un quatre heures. Puis tu as terminé ton verre de jus d'orange et tu as déclaré qu'on avait des devoirs à faire. 

Tu m'as entraîné dans ma chambre en me tirant par la main. J'ai lancé un regard à ma mère, je craignais que ce simple contact n'éveille ses soupçons, elle a l'œil. Je l'ai vu froncé les sourcils et j'ai commencé à me sentir coupable. Si elle comprenait avant que je ne lui explique, elle allait avoir un choc et elle allait pensé que je ne lui fais plus confiance. Je ne voulais pas la faire souffrir de cette façon et je me suis senti coupable d'avance. Le cœur serré, je t'ai regardé sortir tes cahiers et commencer les exercices de maths qu'on devait réaliser pour demain, allongé par terre. Je n'avais pas le cœur à les faire. J'aimais les maths pourtant mais en ce moment plus rien ne me plaît. J'ai perdu le goût de la vie et tout me semble fade. 

Je suis resté passif devant le manuel ouvert entre nous. J'ai fixé les lignes en me lamentant une fois de plus sur mon sort. J'ai encore une fois pensé que je ne te méritais vraiment pas et que tu n'avais rien à faire avec moi. Cette tristesse si familière que j'avais réussi à éloigner un peu dans la journée est revenue se loger dans mon cœur. J'ai poussé un soupir à fendre l'âme et tu as tourné la tête vers moi. Tu n'as rien dit. Tu m'as juste observé puis encouragé d'un sourire. Tu m'as fait signe de me concentrer mais c'est difficile quand on n'a pas envie. J'ai recopié la fonction dont on devait trouver la dérivé avec lenteur, prenant le temps de bien former chaque chiffre. Tu as relevé la tête et tu m'as fixé plus sérieusement. 

" Tommy, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu aimes les maths d'habitude. "

J'ai haussé les épaules sans te regarder. Je voulais juste me coucher et rester allonger jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que ma vie termine. Je n'ai pas de but, pas d'envie alors à quoi bon se lever ? Tu as posé ta main sur la mienne, celle qui tenait mon stylo. Tu as plongé tes yeux noirs dans les miens et encore une fois j'y ai trouvé toute la bienveillance et le soutien nécessaire pour me sentir mieux. Ce n'était pas non plus un remède miracle et je n'avais toujours pas envie de travailler mais je me suis fait violence tout en bougonnant. 

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant