14 février

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Newt,

C'est la saint Valentin. Comment ne pas penser à toi ce jour là ? C'est simplement impossible. Je te voyais partout, en train de me sourire timidement, de m'interroger du regard. Je me suis isolé dans mon coin, seul. Mais même là tu investissais mes pensées. Je me rongeais les ongles, c'était devenu une mauvaise habitude. Les yeux perdus dans le vague, j'ai croisé le regard d'une fille quelconque. Elle me regardait avec pitié. Comme beaucoup d'autres. Je suis devenu l'ombre de ce que j'étais et en croisant son regard, en le lisant dans ses yeux, j'ai mordu mes doigts avec plus de virulence. Je vivais un véritable enfer. 

Gally voulait passer la journée avec Minho, je lui devais bien ça. Une fois de plus, je me suis donc retrouvé seul avec mes pensées. Elles sont dangereuses tu sais. Parfois elles me soufflent de me tuer et je me sens vraiment au bord du gouffre. Alors oui, je me suis assis dans un coin de l'espace élève et j'ai penser à comment me suicider. Mais Gally n'était pas loin et avant de sortir son cadeau pour Minho de son sac, il m'a jeté un regard soucieux. J'ai tenté de sourire en retour et j'ai préféré chasser mes mauvaises pensées pour le moment. Je me suis concentré sur mon meilleur ami, c'est mon attache, bien qu'elle soit plus faible que ce que je souhaiterai. Je l'ai regardé offrir son cadeau à Minho. Son copain lui a fait un petit sourire et puis il a eu l'air triste. Gally l'a serré contre lui pour je ne sais quelle raison et après j'ai compris. Il n'avait rien à lui offrir. Gally a croisé mon regard et je lui ai fait une grimace de soutien. 

Je me suis dirigé vers mon casier pour récupérer un cahier en récitant mentalement ma leçon pour empêcher mes idées noires envahissantes de venir me submerger. Quand je l'ai ouvert, j'ai haussé un sourcil. C'était la première fois que ça m'arrivait. Les autres années, il y avait plusieurs papiers dedans. Tous signés par des filles ou anonymes. Mais aujourd'hui, rien. Juste une enveloppe. J'avais vraiment perdu de ma superbe et ça ne m'a pas vraiment aidé à garder le moral. Personne ne m'aime. Et ils ont tous raison. 

Pourtant il y avait quand même une lettre. Il y avait ton écriture dessus et le surnom que tu me donnes tracé en lettres noires élégantes. J'ai froncé les sourcils. Je l'ai saisi en tremblant, elle me faisait peur. J'avais le coeur battant. Je réfléchissais à toute vitesse, essayant de comprendre pourquoi est-ce que je trouvais une enveloppe de ta part dans mon casier le jour de la saint Valentin. Je l'ai déchiré avec précaution, comme si le contenu pourrait me sauter à la gorge. J'ai déglutit difficilement et j'en ai sorti une feuille blanche pliée en trois. Je l'ai déplié et, avant de lire, j'ai basculé la tête en arrière en essayant de calmer mes mains tremblantes et mon cœur tambourinant. Mais ça n'a pas marché, cette situation était bien trop étrange pour que je puisse l'aborder calmement. Alors j'ai lu malgré tout. 

Tommy, 

Je sais que tu te souviens d'avant. Avant quand on était meilleurs amis. Avant quand on s'entendait bien. Et je sais aussi que tu t'en veux. Il faudrait qu'on parle toi et moi. 

On pourrait se retrouver chez moi ce soir. 

Parles moi je t'en prie. 

Newtie.

P.S.: Tu l'as laissé sur ma table de nuit il y a quatre ans. 

J'ai fouillé l'enveloppe avec précipitation et j'en ai sorti une petite gourmette en argent. Je me souviens très bien de cette gourmette. C'est toi qui me l'avait offerte à mes douze ans. Dessus il y avait gravé "Newtie & Tommy BFF". C'était un peu niais mais mignon. Je la portais tout le temps. Je pensais l'avoir perdu. 

Les larmes me sont montées aux yeux quand j'ai relu la lettre et mes yeux se sont à nouveau portés sur la gourmette. J'ai déglutit et je me suis laissé tomber contre les casiers. Je ressassais nos souvenirs communs. On était bien tous les deux. C'est mon paradis perdu et tout ce qu'il me reste sont des remords et des souvenirs. L'idée de parler avec toi m'angoissait réellement. Qu'est-ce que tu voulais que je te dise ? Je ne peux définitivement pas te dire que je t'aime, tu ne mérites pas d'entendre ces mots de ma bouche. 

J'ai replié la lettre précautionneusement et je l'ai replacé dans l'enveloppe. L'enveloppe, je l'ai plié pour la mettre dans la poche arrière de mon jean, pour l'avoir constamment sur moi. J'ai garder la gourmette dans les mains. Je l'ai longuement observé en me demandant ce que j'allais en faire. Je ne voulais pas la perdre à nouveau et j'avais trop peur de l'égarer en la glissant dans ma poche. Je l'ai enfilé à mon poignet dans des gestes mélancoliques et j'ai regardé ma peau ornée du bijou un moment. J'ai replacé la manche de ma chemise par dessus et j'ai fais taire mes émotions. Je n'allais pas te voir ce soir. 

J'ai cherché Gally. Il était avec Minho évidemment. Mais quand mon meilleur ami m'a vu, il s'est excusé auprès du tien. Il est venu vers moi avec un air inquiet. Je crois que ça se voyait sur mon visage que j'étais perturbé. Pourtant je faisais de mon mieux pour le cacher. Il n'a pas ouvert la bouche pour parler. Il m'a attiré vers Minho et ton groupe d'ami assis autour d'une table de l'espace élève. Ils riaient allègrement, penchés sur quelque chose que je ne voyais pas. Tu n'étais pas là, surement aux toilettes. J'ai protesté parce que je savais que je n'était pas le bienvenu. 

" Ca te fera du bien Tom. "

Je n'ai pas eu le temps de dire autre chose. Je me suis retrouvé assis entre Gally et Aris. Ce dernier ne m'a même pas regardé. Leurs rires se sont tus immédiatement et un silence lourd s'est emparé de la table. J'ai baissé les yeux, mal à l'aise. Teresa s'est empressée de briser cette atmosphère lourde. Elle s'est penchée à nouveau sur la boîte devant elle et en a sorti un petit papier couvert de l'écriture maladroite d'un enfant qui savait tout juste écrire.

" Teresa tu es très jolie aujourd'hui, tu es plus belle que la terre entière. lut-elle. C'est signé notre cher Thomas ici présent. "

Il y avait de l'amertume dans sa voix et ses yeux me transperçaient de part en part. Ils devaient bien rire de moi avant que j'arrive... Je me souviens de nos années primaires, quand elle était mon "amoureuse". Parfois ma mère me dictait un mot gentil auquel j'avais pensé pour Teresa. En arrivant à l'école, je lui donnais timidement mais fier de ma belle écriture. A ce moment là j'aurais voulu être loin, très loin. Je veux bien que Gally m'aide à me sociabiliser mais tes amis ne m'aiment pas alors à quoi bon ? Ce n'est pas avec eux que j'allais réussir à me changer les idées. 

" C'est sûr que t'étais plus mignon avant. "

Aller prends ça dans la tronche Thomas, tu le mérites de toutes façons. Tout ça c'est ma faute. Gally m'a lancé un regard d'excuse et j'ai soupiré. Je me suis levé puisque je n'étais pas le bienvenu. J'ai eu le temps de faire trois pas avant qu'on m'attrape le bras. C'était toi. 

" Tu viens chez moi ce soir, on rentre à pied tous les deux. 

- Non. 

- Tommy c'est pas négociable. 

- Qu'est-ce que tu voudrais que je te dise ?!"

J'ai commencé à m'emporter, j'étais sur les nerfs. Ta lettre, le moment que je venais de passer avec tes amis et maintenant ça, c'était trop pour moi. Je me sentais à deux doigts de craquer et je ne voulais surtout pas pleurer devant toi une nouvelle fois alors je me suis énervé. J'étais en colère contre moi et ma faiblesse, contre ses événements qui ne vont pas comme je voudrais. J'ai fait des grands gestes parce que c'est comme ça que je réagis quand je suis en colère. Tu as reculé un peu, impressionné. Tes mains sont allées d'elles même protéger ton ventre et à nouveau une étincelle de peur s'est allumée dans tes yeux. Pourtant tu ne t'es pas laissé dégonfler. Tu t'es approché de moi doucement et tu as parlé d'une voix douce. 

" Tommy arrête de te mettre en colère quand tu as peur, ça n'arrangera rien. "

Je n'ai rien répondu. Intérieurement c'était la panique. Je n'ai pas le droit de venir chez toi. Pas pour m'amuser avec toi. Je n'ai pas le droit de faire ça tu comprends ? Ma place n'est pas avec toi. J'ai fait trop d'erreurs pour mériter ne serait-ce que ton amitié. Je suis un monstre. Je m'horrifie moi même. Je ne dois plus te faire de mal. J'ai senti mes yeux s'embuer et je suis parti sans demander mon reste. Tu ne m'as pas suivi. Surement parce que tu as compris que j'avais besoin d'être seul. Le soir je ne suis pas allé chez toi. J'ai pleurer lamentablement sur mon exercice de maths parce que je n'y parvenais pas. C'était juste la goutte de trop.

Je pleure beaucoup trop en ce moment. 

Thomas.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant