•18 Novembre•

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Newt,

Je ne me suis jamais tenu si loin de toi. Même pendant ces années que j'ai passé à te détester tu étais là malgré tout. Aujourd'hui je n'ai plus cette impression que tu me poursuis. Ton regard pesant et lourd de questions n'est plus sur moi. Il a changé, il est différent. Tu as compris et il n'y a donc plus de questions. Ton regard est plus léger et je ne le sens que parce que savoir que tu sais m'oppresse. Je ne sais pas si tu te rends compte du pouvoir que tu as sur moi maintenant.

La physique est devenu bien pire que d'habitude. J'ai juste envie de disparaître quand je te vois. J'ai honte de ces sentiments malvenus et je préfère mille fois me cacher plutôt que devoir t'affronter. Mais j'y suis bien obligé et la boule dans mon ventre me fait si mal qu'elle m'en donne la nausée. Je ne suis plus capable de rien et quand Janson nous a demandé de faire une expérience avec notre voisin, je t'ai laissé faire la moitié des manipulations. Je n'osais pas te regarder et mes mains tremblantes avaient renversé un peu de cyclohexane sur la paillasse. Je devais avoir l'air tellement vulnérable à cet instant. Je sentais plus que je ne voyais le regard inquiet que tu me portais. Le malaise flottait entre nous. On a tout de même réussi à obtenir des résultats corrects. Grâce à toi. Janson passait dans les rangs pour vérifier le bon déroulement de chaque expérience. Quand il a vérifié notre travail, il a dit quelque chose qui m'a fait rougir furieusement. Il m'observait avec ses petits yeux de rats comme s'il savait, comme s'il voulait me faire comprendre certaine chose, comme s'il n'approuvait pas mais qu'il comprenait. Plus le temps avance et plus je me dis que tu as craqué devant lui. Je déteste vraiment ce prof.

" Ta haine et toi faîtes du bon travail Thomas. "

Qu'il parle de toi comme ça n'a fait que confirmer ce que je soupçonnais. Il t'a ensuite jeté un regard entendu alors que tu détournais les yeux. Avoir pleuré devant lui ne devait certainement pas t'enchanter plus que ça. Il est parti sans rien dire d'autres et il a fait comme si de rien était. Je serrais le bord de la table d'une main en m'efforçant de rester neutre. Je sentais le malaise grandir encore et il venait de rallumer une étincelle de colère en moi. J'ai soufflé en relevant la tête, tentant de garder un certain contrôle. J'ai eu le malheur de croiser ton regard. Il était pleins de questions. Mais ce n'était plus les mêmes. J'ai eu peur quand tu as approché ta main de la mienne.

Tu ne me regardais plus. Tu semblais intimidé, il y avait du rouge sur tes joues. Moi je continuais de serrer cette pauvre table qui n'avait rien demandé. Je tentais vainement de me canaliser alors que je me sentais perdre des couleurs. Tu avais compris. Tu avais tout compris.

Me répéter cette phrase ne me faisait que plus de mal encore. J'ai sursauté lorsque ton petit doigt est entré en contact avec le mien. Je m'y attendais pourtant. J'ai tourné complètement la tête, retenant mon souffle. Gally de l'autre côté de l'allée avait bien des problèmes à réaliser son expérience avec son binôme. J'ai fermé les yeux peu de temps après. J'ai serré très fort mes paupières, espérant échapper à cette réalité. Tu venais de poser ta main sur la mienne. J'avais le souffle court et le cœur battant à tout rompre. Ton pouce s'est agité avec hésitation au départ contre ma peau. Puis tes gestes sont devenus plus machinaux et confiants. Je voulais fuir ces sensations envahissantes qui me mettaient la tête et le cœur à l'envers. Elles étaient tellement invasives et intrusives que j'en avais peur.

J'ai retiré ma main peu de temps après. Je l'ai fait doucement, comme si l'arrêt net de ces caresses me ferait plus de mal que de bien. J'ai caché ma main entre mes cuisses alors que je ne te regardais toujours pas. Je n'avais jamais eu aussi peur. Ce que tu me faisais ressentir était inédit et bien trop fort pour moi. J'en étais totalement retourné.

Maintenant que je repense à cette scène sous un autre angle, je me demande pourquoi est-ce que tu ne m'as pas plutôt repoussé. C'était même tout le contraire. Tu me prenais la main avec toute la douceur du monde alors que tu sais ce que j'éprouve pour toi. Je ne comprends pas pourquoi, tu ne devrais pas agir ainsi. Je t'ai fait du mal ! Tu devrais plutôt fuir loin de moi, je devrais te dégoûter ou du moins ces sentiments devraient t'éloigner de moi. Je pensais qu'ils te déplairaient et que tu te mettrais à me haïr pour de bon. Je ne pensais pas que tu resterais malgré tout.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant