20 Mars

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J'ai sursauté. Tu me fixais droit dans les yeux, sûr de toi. Tes mains autour de miennes me serraient fortement. Tu voulais m'en empêcher. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu voulais que je reste avec toi alors que je te fais du mal ? Tu ne comprends pas que c'est mieux pour tout le monde ? Tu serais le premier soulagé.

J'ai jeté un coup d'œil à mon bureau par réflexe et tu t'es retourné vivement pour suivre mon regard. Je me suis senti paniqué. Tu t'es levé d'un bond et tu as fouillé mon bureau. Je t'ai suivi et je t'ai attrapé les mains avec force. Je devais t'en empêcher. Tu ne devais pas m'enlever mon échappatoire. Tu n'avais pas le droit ! Si je veux mourir laisse moi faire ! C'est mon problème depuis le début.

Tu t'es débattu entre mes mains avec force. Tu pleurais presque plus que moi et tu te battais avec l'énergie du désespoir. Tu disais des choses incompréhensibles et entre deux phrases sans sens tu me criais d'arrêter. Tu as fini par prendre le dessus et tu m'as poussé sur mon lit.

On se battait Newt. Tu te rends compte qu'on luttait l'un contre l'autre ? Tout ça à cause de moi. Tu vois que je dois mourir. On ne se battra plus jamais une fois que je serai mort. Plus de blessure par les mots ou les gestes. Ce sera bien mieux. Alors pourquoi tu t'y opposes ?

Tu es retourné à mon bureau et tu as soulevé chaque feuille avec précipitation et sanglots. Tu as fait tomber un de mes cahier sans vraiment le faire exprès. Tu l'as à peine regardé toucher le sol et puis tu as continué tes recherches frénétiques. Tu as commencé à fouiller mes tiroirs pour n'y trouver qu'un paquet de préservatifs entamés et de vieux cahiers de nos années précédentes. Tu as continué toujours borné alors que je me levais pour te stopper à nouveau.

J'ai poussé un cri quand tu as saisi le pot à crayon. Tu t'es figé et tu t'es retourné vers moi lentement. Tu as laissé tomber le pot vide de son contenu sur mon bureau, la boîte dans ta main. C'est à peine si j'ai entendu son rebond, le bruit du bois contre le bois. Nos regards se sont croisés. Le temps est resté comme suspendu alors qu'une tension insoutenable s'emparait de l'air autour de nous. Je faisais des aller-retour visuel entre ton visage ravagé par les larmes et la petite boîte dans tes mains. Finalement j'ai concentré toute mon attention sur la boîte. Je devais te la prendre.

Tu m'as lancé un regard d'avertissement que j'ai ignoré. J'ai bondi vers toi mais tu as été plus rapide. Tu as ouvert la porte de ma chambre et tu as couru à travers l'appartement. Tu t'es posté derrière le canapé alors que je me tenais face à toi de l'autre côté.

" Rends la moi. "

Ma voix était brisée. Je n'en pouvais plus émotionnellement parlant. Même physiquement ce n'était pas la forme et la mort me permettrait enfin le repos dont j'avais besoin. J'en ai besoin alors ne t'obstines pas à m'en priver s'il te plaît. Je ne demande que ça la paix et tu ne me permettais même pas de l'atteindre. Tu as dit que tu voulais m'aider pourtant.

" Non ! "

Tu as crié et je suis sûr que même les voisins ont entendu. Ton cri ma figé. Il était comme ta dernière barrière et j'en suis resté démuni. Tu te servais de ta voix comme d'un bouclier. Tu semblais tellement mal, tellement brisé par ma faute. Tu tremblais de tous tes membres et tu serrais ma petite boîte contre ta poitrine. Tu me tournais presque le dos dans un geste de défense. Les larmes dévalaient tes joues et même le soir où nous nous sommes mis ensemble, je ne t'avais pas vu pleurer autant.

Je n'osais même pas t'approcher tant tu semblais souffrir de mes pensées et de mes désirs morbides. C'était toujours de ma faute de toute façon. Je voulais en finir mais il y avait cette impossibilité, tu m'avais pris la boîte.

J'étais déchiré entre le mal que je te fais et cette envie d'en finir. Je ne savais plus quoi dire ou faire. Je voulais juste cette boîte.

Alors sans réfléchir, j'ai sauté sur le canapé. J'ai tendu la main dans l'espoir de te faire lâcher mes médicaments mais avant que j'ai pu te toucher, quelqu'un m'a saisi l'épaule et m'a tiré en arrière. Je me suis débattu en pleurant d'autant plus alors que je sentais le parfum de ma mère autour de moi tandis que ses bras me maintenaient contre elle. Je criais que tu n'avais pas le droit de m'en empêcher et que de toutes façons c'était de ma faute. Ma mère me serrait contre elle et on est tombé tous les deux dans le canapé.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant