3 février

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Le soir en colle, j'ai recopié mon cour et j'ai fait quelques exercices. Janson nous surveillait. On a même pas essayé de communiquer. J'ai fait en sorte de me concentrer pour oublier mes problèmes et mes pensées envahissantes. C'est épuisant de penser toujours à toi. Puis Janson a déclaré que l'heure était terminée. Il a attendu qu'on sorte tous les trois pour fermer la porte à clef. Il nous a souhaité une bonne soirée avec son sourire d'hypocrite. Gally nous regardait tous les deux, les bras croisés sur la poitrine. Tu as parlé en premier. 

" Pourquoi t'as fait ça ? "

Gally m'a lancé un regard dur. J'avais intérêt à discuter avant de partir. Il a répondu en me fixant.

" Parce que vous deux c'est bizarre et qu'avec Minho on s'est mis d'accord pour que vous évitiez d'être ensemble. "

J'ai soupiré de bien être en songeant que ça sera plus facile de t'éviter si j'ai quelqu'un pour m'aider. Quelque part, j'étais un peu déçu aussi. Mais toi tu n'étais pas d'accord. Ton visage est passé par de la surprise puis de l'incompréhension et enfin de la colère. 

" Pourquoi ? Qu'est-ce que ça vous apporte ? J'ai le droit de voir qui je veux quand je veux ! "

Tu criais et je n'étais pas à l'aise avec cette idée. Gally a baissé les bras et son visage s'est adouci. 

" Oui je sais. J'ai dit ça a Minho. 

- Qu'est-ce que ça vous apporte ?"

Gally s'est gratté la tête, un peu gêné. Plus ça allait et plus je fronçais les sourcils. L'idée n'était pas de lui. C'est Minho qui lui avait mis ça dans la tête. Mon meilleur ami n'essaie pas de m'empêcher de voir des personnes qui pourraient m'être toxiques. Il ne me surprotège pas. Il me laisse découvrir. Il intervient seulement quand ça dégénère. Contrairement au tien.

" Tu sais pas ? j'ai demandé. "

Il a baissé la tête en bredouillant. J'avais vu juste. C'est Minho qui m'anigance tout. J'ai soupiré. J'ai récupéré mon sac que j'avais posé sur le sol et j'ai commencé à partir. Gally m'a attrapé l'épaule.

" Pourquoi t'écoute Minho ? j'ai dit. "

Il a cherché où poser ses yeux et finalement il les a ancré dans les miens. 

" Tu vas pas bien Thomas. "

Je me suis senti destabilisé. J'ai posé les yeux sur toi. Tu attendais ma réponse autant que Gally. Tu continuais de veiller sur moi. Tu ne dois pas. Tu dois t'en aller loin de moi. Je me suis senti coupable et une boule est remontée dans ma gorge. 

" Si ça va. "

Je mentais. Je l'ai vu dans ton regard que tu le savais. Tu n'as pas bougé de ta place et le regard que tu m'as lancé m'a fait mal. Je te faisais de la peine. Je ne devais pas t'inspirer de la peine. Je dois t'inspirer du dégoût. Tu dois me détester ! 

Je me suis enfui en courant. Comme d'habitude. Gally me suivait de près. Il m'a plaqué contre un mur pour m'empêcher d'aller plus loin. Je me suis mis à pleurer parce que je n'arrivais plus à me retenir. Gally a eu l'air surpris parce que c'est la première fois qu'il me voyait comme ça. Tu t'es approché. Tu t'es accroupi près de moi alors que je te demandais de partir. Je ne voulais pas que tu me vois pleurer. 

" Tommy, parle moi, dit moi ce... 

- Vas t'en ! "

J'ai crié. J'étais vulnérable, je ne voulais pas que tu me vois ainsi. Je me suis senti en danger et je t'ai pousser. Je me suis redressé alors que tu te retrouvais assis sur le sol. Instinctivement, tu as protéger ton visage avec tes bras comme si j'allais te frapper. J'ai retenu un hoquet. 

" Pourquoi tu restes alors que je te fais peur ? j'ai crié entre mes larmes. "

Tu m'as regardé comme pris en faute. Tu as voulu t'excuser. Tu m'as crié que tu étais désolé pendant que je courais. Gally m'a suivi après t'avoir demandé de rester ici. Il t'a dit d'appeler Minho et j'ai appris que tu l'avais fait. J'ai ralenti quand j'ai quitté l'enceinte du lycée, Gally sur les talons. Il a marché à côté de moi jusqu'à un banc vide. Il a attendu que je sèche mes larmes pour parler. 

" Est-ce que tu te sens coupable parfois ? j'ai demandé d'une voix cassée. "

Si il était surpris, il ne me l'a pas montré. Il m'a regardé d'un visage neutre, les coudes appuyés sur ses cuisses. 

" D'avoir humilier des gens comme Newt ? "

J'ai hoché la tête en essuyant mes joues une fois de plus. 

" Oui. Parfois je me dis que j'étais vraiment un abruti. 

- Pourquoi t'as accepté de m'aider à lui faire du mal ? On se connaissait même pas quand je suis venu te trouver la première fois. 

- Je sais même pas. Il a soupiré. J'étais con, j'aimais faire du mal aux gens et toi tu me proposais une cible. Tu regrettes d'être venu me voir ? 

- Je regrette tout ce qui concerne Newt. J'aurais jamais dû prendre la fuite. J'aurais dû lui dire depuis le début. Maintenant c'est trop tard. 

- Lui dire quoi ? "

J'ai relevé la tête vers lui. Je ne cachai pas ma souffrance à ce moment là et il y a eu un éclair de tristesse dans ses yeux. Lui aussi il avait pitié de moi. Mais il l'a caché. J'ai regardé au loin avec un petit sourire triste. 

" Que je l'aime."

Ce murmure me libérait d'un poids. Je me sentais déjà plus léger. Mais il me faisait mal aussi. Je comprenais que je n'aurais jamais accès à tes bras, tes lèvres, tout ce dont je rêve. Je voyais tout mon bonheur s'enfuir en courant. Une larme à couler sur ma joue. Je l'ai essuyé à nouveau. Gally m'a donné une frappe fraternelle dans le dos. 

" Tu sais, Minho n'est pas toujours tendre avec moi. Il considère que j'ai contribué au malheur de son meilleur ami et il a raison. Je lui ai fait indirectement du mal moi aussi. Parfois il me le fait remarquer. Ca fait mal mais je dis rien. Je le mérite. Ca sera jamais facile pour nous. On est les méchants. Faut s'y faire. "

Je ne l'ai pas regardé. J'ai regardé dans le vide en écoutant ses paroles. Elles résonnaient dans le silence de la ville. Il a raison. On est les méchants. 

Je m'y ferai pas. 

Thomas. 

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant