11 mars

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Newt, 

La journée d'hier était juste... Wow. J'ai pas compris tout ce qu'il se passait. J'étais perdu dans le temps. La journée s'est passée à la fois tellement vite et tellement lentement. J'avais l'impression d'être bloqué dans une bulle temporelle, tu sais un peu comme les films de science fiction. Le monde défilait à toute vitesse mais moi je restais là, enfermé dans mon esprit. Tout avait l'air d'aller si vite autour de moi, je ne me sentais pas à ma place, en proie au plus gros traquenard de tous les temps. J'avais l'impression de vivre un rêve tant le monde dans lequel j'évoluais ne me semblait pas familier. J'en ai perdu mes moyens et j'en ai oublié d'écrire. 

Le matin tu te rongeais les ongles avec la même nervosité que moi. Tu semblais avoir très peu dormi et je devinais ta tension. En cours tu jetais sans cesse des coups d'œil dans ma direction. Ca m'a intrigué. Tes yeux cernés pesaient sur moi alors que ta main agitait nerveusement ton stylo entre tes doigts. Je ne comprenais pas pourquoi tu étais dans cet état. La curiosité me démangeait alors que je ne devais pas me mêler à ta vie. Je tentais de la repousser dans un soupir mais ça n'a pas vraiment marché. Plusieurs fois, j'ai croisé ton regard mais tu fuyais le mien. Je n'ai pas compris immédiatement pourquoi. Tu ne me regardais pas en face. Ton air brave habituel n'était pas de mise. Tu avais l'air de t'en vouloir mais je ne comprenais pas pourquoi. C'est moi le coupable, moi le méchant alors je t'en prie ne t'en veux pas.

Ce n'est qu'à la récréation que j'ai compris. Tu t'es avancé timidement vers moi à petits pas précautionneux, comme si tu avais peur de m'effrayer. Tu serrais contre toi un carnet marron que j'ai immédiatement reconnu comme étant mon journal. Tu refusais toujours de croiser mon regard. Je n'ai pas cherché à comprendre très loin. Je me suis levé d'un bond pour me tenir droit devant toi. Je me suis senti tellement soulagé. Tu me l'as tendu lentement, tes deux mains enserrant la couverture. Je m'en suis emparé alors qu'une vague de soulagement me submergeait. J'ai caressé la couverture abimée avec un sourire. Je t'ai remercié un million de fois. Je ne méritais vraiment pas ce soulagement. Tu aurais pu me laisser me ronger les sangs encore un peu, j'aurais payé. Mais j'étais tout de même un peu intrigué. Comment était il entré en ta possession ? Je t'ai alors demandé où tu l'avais trouvé. 

" - Tu l'avais oublié chez Teresa. C'est Minho qui l'a trouvé. "

A tes mots, je me suis dit que ce n'était décidément pas le moment de se réjouir. Tes yeux résolument baissés depuis le début de la journée ne présageaient rien de bon. Et maintenant que je sais que c'est Minho qui l'a trouvé, je ne peux qu'imaginer le pire. J'ai serré mon carnet contre moi comme tu le faisais quelques secondes auparavant. J'ai déchanté. Tu regardais le sol, mal à l'aise. Visiblement ce n'était pas tout. Je sentais ma poitrine se serrer face à la peur. 

" - Il l'a lu ? 

- Oui et... et moi aussi... "

J'ai senti tout mon monde s'écrouler. C'est à ce moment là que la bulle temporelle s'est mise en place. Je restais immobile, figé, au milieu de tous ces élèves se déplaçant tant bien que mal parmi la foule qui remplissait l'espace élève. Tu as osé un regard vers moi pour le dévier lorsque nos pupilles se sont croisées. Tu as lu mon journal intime. Je pensais que ça n'arriverait jamais, que tu étais trop honnête pour faire ça. Je connais tes principes et tu es le genre de personne qui s'y tient. Mais apparemment je t'avais mal jugé, je m'étais trompé. Tu l'as fait, toi, celui que je pensais être un ange. Quelque chose s'est brisé en moi et une expression horrifiée a pris place sur mon visage. J'ai alors compris que tu connaissais maintenant tout de moi dans les moindres détails. Tu savais toutes les choses que je m'étais efforcé de te cacher avec tant de mal. Je n'avais plus aucun secret, plus rien qui m'appartienne. Je me suis senti vulnérable, mis à nu. J'avais l'impression horrible que tout le monde savait tout ce que je pensais, qu'une centaine de mains s'agrippaient à moi et fouillaient mes entrailles. Ca m'a fait peur. Très peur. Tout me paraissait menaçant. J'ai reculé en serrant mon carnet autour de moi. Mon cœur battait à mille à l'heure et j'avais du mal à respirer. Tu as tendu la main vers moi en m'appelant. Tu as attrapé mon bras alors que je reculais d'un pas lourd que je trouvais trop lent pour le monde qui m'entourait.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant