•8 Janvier•

432 56 17
                                    

Newt,

J'ai la grippe. Je suis malade comme un chien avec une fièvre de cheval. Je reste couché toute la journée, frissonnant et courbaturé. Le moindre mouvement me gêne alors je reste immobile. Je me contente de temps en temps de tendre le bras pour attraper un mouchoir et vider mes sinus. Je tousse beaucoup aussi. On ne parlera pas de ma voix cassée.

Tu l'as appris par Gally. Apparemment tu semblais hésiter quand tu lui as dit que tu allais me rendre visite. J'ai refusé, je ne voulais pas te voir et je ne voulais pas que tu sois malade. C'est déjà la troisième guerre mondiale entre mes anticorps et le virus, j'ai pas envie de te le refiler. Je lui ai demandé de te transmettre que ce n'était pas la peine de venir. Tu ne rencontrerai rien de bon chez moi. Juste des microbes et de la culpabilité. Mais tu as insisté. Et je ne comprends toujours pas pourquoi tu t'obstines à vouloir être avec moi.

Tu es monté et j'ai senti ma poitrine se serrer en entendant la sonnette retentir dans l'appartement. J'ai poussé une plainte en pensant que tu étais vraiment obstiné, que même après avoir fuit comme un lâche après que tu m'aies fait comprendre tes sentiments je ne t'avais pas éloigné de moi et ça me faisait peur. J'aurais mieux fait de me taire car j'ai été saisi d'une quinte de toux. Du fin fond de mon lit, je t'ai entendu discuter avec maman. Puis tu es entré dans ma chambre. Je me suis redressé, le nez rouge et en patate, les yeux bouffis par la fatigue et je me suis tendu. Je ne voulais pas que tu sois là. Tu étais déjà trop proche alors que tu te tenais debout à l'entrée de la pièce. Tu m'a offert un sourire gêné alors que la nausée me venait. Je me sentais mal. Tu as posé un tupperware encore chaud sur ma table de nuit et je t'ai lancé un regard interrogateur.

« C'est quoi ?

— De la soupe. C'est moi qui l'ai faite avec ma mère. »

Tu semblais si fier... Tes yeux brillaient alors que tu souriais doucement, comme d'habitude. Tes gestes déjà fluides se faisaient plus lents pour me mettre en confiance sûrement. Je voyais dans ton regard que tu me sondais, que tu cherchais à savoir ce que je pensais et ressentais pour pouvoir t'adapter à moi. J'avais la boule au ventre.

Mais je ne pouvais pas accepter. Je t'ai fait trop de mal, j'ai tout fichu par terre. Je ne voulais et ne devais pas te faire plus de mal que ce que j'ai déjà fait. Le mieux était de te tenir à l'écart et donc refuser tout ce qui s'apparente à une main tendue de ta part. Je me suis recouché en te montrant que je ne voulais pas discuter avec toi. Je me sentais si mal. La grippe n'y était pas pour rien mais toi non plus. Je n'avais pas l'impression d'avoir le droit d'être dans la même pièce que toi. Mais toi tu pensais visiblement le contraire. Tu t'es installé sur mon lit, tes jambes reposant sur les miennes. J'ai voulu me recroqueviller un peu plus, ne me sentant pas digne de ce contact. Il me mettait plus mal à l'aise qu'autre chose. Tout ça ne te dérangeait pourtant pas. Au contraire. Tu étais toujours aussi calme. Tu as sorti ton téléphone le plus naturellement du monde. Tu semblais vraiment à l'aise dans cette situation alors que je ne l'étais pas du tout. Tu lisais quelque chose sur ton écran avec les sourcils froncés. Puis tu as soufflé exagérément.

« Ce qu'il m'énerve ! Minho dit que je devrais pas être avec toi en ce moment. Mais je fais ce que je veux ! »

J'ai pensé tristement qu'il n'y avait que toi pour penser le contraire. Mais tu semblais si déterminé, si libre dans tes pensées et tes choix que j'ai à peine osé élever ma voix cassée pour parler. J'espérais que ça te fasse comprendre.

« Il a raison. »

Tu as levé les yeux sur moi et tu m'as sondé du regard un long instant. J'ai baissé les yeux. Tu semblais si sûr de toi. Ton regard n'approuvais pas du tout mes paroles et une étincelle de colère y est passée. Tu as simplement tiqué.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant