•31 décembre•

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Newt,

En fait j'ai mis la date d'hier parce que ça s'est passé hier mais en vérité j'écris ces lignes le premier janvier de cette nouvelle année.

La veille, j'ai tourné en rond comme un lion en cage toute l'après midi. Je pensais à toi et je me rongeais les sangs. Je t'avais encore fait du mal. Je ne sais faire que ça de toutes façons. J'ai dévalé la pente que j'avais commencé à gravir. Je me sentais aussi mal que pendant ces jours que je passais à te haïr. Mais ce n'était pas le même mal. C'était plus dévastateur. Maman en était agacée. Elle m'a limite jetée dehors à coup de balais pour que j'aille me défouler comme elle a dit. Alors c'est ce que j'ai fait. Et devine qui j'ai trouvé en sortant de l'ascenseur ? Toi évidemment. C'est pas drôle sinon. Je t'ai regardé rapidement et puis je suis sorti dans le froid en vitesse. Je ne voulais pas te parler ni te voir. C'était encore plus dur.

Le soir de notre sortie à la patinoire, tu m'as envoyé des tonnes de messages. Tu voulais savoir pourquoi j'avais fui. Tu pensais que je t'ignorais mais je les ai tous lu. J'étais allongé sur mon lit, le cœur battant. Quelque chose me faisait mal dans la poitrine. La seule chose que je me demandais inlassablement quand je lisais tes messages c'est pourquoi est-ce que tu t'obstines à me vouloir près de toi après tout ce que j'ai fait ? Tu me fais peur à réagir bizarrement. Tu dois me détester. Déteste moi Newt, je t'en prie.

Je me suis mis à pleurer quand j'ai reçu le dernier message que tu m'as envoyé. J'ai pleuré comme ça m'arrive souvent quand je pense à toi, à ce que je t'ai fait subir. Je me sens coupable tu sais. Tu es une belle personne. Tu te soucies des autres avant toi même. Tu te soucis de moi malgré tes blessures. Tu sais que je suis blessé et la seule chose qui t'intéresse c'est m'aider, peu importe les coups que je donne. Je ne mérite pas quelqu'un comme toi.

Ton dernier message me demandait rageusement si on reprenait comme avant, quand je t'insultais et te frappais. Je n'ai pas répondu tout de suite. Ça m'a fait mal que tu me vois toujours comme ça. Mais c'est ma faute. Je ne peux m'en prendre qu'à moi même. Je t'ai répondu le lendemain quand je me suis réveillé, les yeux bouffis par mes pleurs. Je t'ai répondu que je ne voulais pas te faire de mal et que c'était mieux qu'on fasse comme si on ne se connaissait pas. A la limite, on pouvait se serrer la main en se croisant dans les couloirs. Tu ne m'as pas répondu. Pourtant j'ai su que tu l'avais vu quand j'ai croisé ton regard dans le hall de l'immeuble.

" Toi aussi ta mère t'a mis dehors ? " tu as demandé.

Tu as tenté de reprendre une conversation normale mais j'ai continué ma route vers le parc enneigé juste devant l'immeuble. Ta façon de faire comme si rien ne se passait jamais me dérangeait profondément. Tu ne peux pas faire comme si tu ne saignais après toutes ces blessures que je t'infliges. Tu ne peux pas faire comme si il n'y avait pas de douleur. Te voir si calme et si naturel me perturbe plus qu'autre chose. Tu m'as suivi en courant et j'ai eu envie de pleurer parce que ça me faisait de la peine que tu t'accroches à moi. Tu as attrapé mon bras et tu m'as retourné vers toi. Tu semblais en colère, blessé, parce que je suis incapable de te faire du bien.

" Tu m'expliques ce qu'il ne va pas avec toi ?"

Tu n'attendais plus que je me confie de moi même. Tu voulais des réponses, maintenant. J'ai su que ta patience, bien qu'elle soit incroyablement tolérante avait tout de même des limites et que je les avais dépassé à présent. Je ne t'ai pas regardé. J'ai observé la rivière gelée sur les bord plus bas et les canard pataugeant sans se soucier du froid. Les platanes n'avaient plus de feuilles. C'est triste l'hiver mais étrangement je m'y sent bien. J'ai fait un geste pour me dégager de ton emprise mais tu as tenu bon.

" Qu'est-ce qu'il ne va pas Tommy ? tu as repris plus doucement. Pourquoi... Pourquoi est-ce que tu m'as planté subitement il y a quatre ans ? Pourquoi tu étais si en colère contre moi tout ce temps ? Tu ne peux pas me détester du jour au lendemain, il y a une raison. "

Tu t'es arrêté avant que ta voix ne craque et que tu laisses échapper les larmes qui menaçaient de couler. J'ai eu envie de pleurer moi aussi. J'ai cru que tu avais deviné, que tu avais tout compris ce jour là en philosophie. Peut-être l'avais tu fais. Peut-être que tu en doutais. Peut-être que tu ne voulais pas y croire. En tout cas tu as réveillé un tourbillon d'émotions chez moi et j'aurais largement préféré y échapper. Tout ça me fait peur. Ce n'est pas normal d'aimer autant. Tu es un garçon, mon meilleur ami. Ce n'est pas normal. J'avais peur. Très peur. Les émotions m'ont fait poser les questions qui me perturbaient moi aussi. J'avais envie de pleurer. J'étais frustré. J'étais coupable.

" Et toi ? Pourquoi tu réagis comme ça ? Pourquoi tu me poursuis ? C'est pas normal Newt ! Pas normal, tu comprends ?!"

Je criais et je faisais des grands gestes avec ma main libre. Tu as écarquillé les yeux et levé un bras devant ton visage comme pour te protéger d'un coup. Le désespoir m'avait fait parlé. J'ai été horrifié par ta réaction. Tu avais peur de moi. J'ai respiré vite tout en essayant de garder mon calme. Je voulais une réponse à pourquoi est-ce que tu es toujours là alors que je te fais peur. Tes bras me faisant barrière n'ont réussi qu'à me faire sentir plus mal et coupable. J'ai commencé à avoir besoin d'air, d'espace pour me calmer. Je t'ai laissé le temps de répondre mais tu as baissé les yeux et le silence nous a englobé. Je n'avais plus qu'à partir pour me reprendre.

" La raison, tu la connais. j'ai murmuré."

J'étais certain que tu avais deviné ce jour là en philo. Je n'avais aucuns doutes. Tu n'as pas répondu tout de suite et j'en ai profité pour fuir. Je voulais enterrer ces sentiments perturbateurs au plus profond de moi. Je me suis dégagé de ton emprise et je me suis enfui. Tu ne m'as pas suivi.

" Alors j'ai la même raison que toi !"

Tu as crié avant que je ne disparaisse au coin de la rue. J'ai couru dans la ville enneigée. Ça m'a fait du bien de me défouler. J'ai croisé des gens pressés avec des paquets dans les mains bien que Noël soit passé et je suis rentré chez moi, la boule au ventre. Pendant ma promenade, je me suis efforcé de ne pas penser à tes paroles ni à tes réflexes apeurés mais quand je me suis installé sur mon lit, j'ai pris peur. J'ai paniqué.

Tu m'aimes ?

Non tu ne peux pas. Tu ne peux pas ! Tu ne dois pas m'aimer après tout ça ! Tu ne peux pas c'est impossible ! Tu en fais exprès pour me faire peur ! Tu essai de te venger, j'en suis sûr !

Mais j'ai calmé mes esprits. Tu n'es pas rancunier, la preuve, et tu détestes la vengeance. J'ai simplement dû mal entendre ce que tu as dit. Tu ne peux simplement pas m'aimer. Je déteste ce sentiment qui m'oppresse la poitrine. Je me sens si mal pour toi. Comment est-ce que tu peux être si attaché à quelqu'un comme moi ? Tu ne l'es pas n'est-ce pas ? C'était un mensonge ? Dis moi que ce n'était pas vrai je t'en prie ! Si tu dis la vérité ma vie n'est qu'un immense cauchemar.

Avant les vacances, Teresa m'avait invité à sa soirée du nouvel an à contre cœur par ce que tu voulais que j'y sois. Mais maintenant qu'on ne se parle plus du tout et que nous revenons à une relation plus chaotique, je ne crois pas que j'ai envi d'y aller. Je ne veux surtout pas te voir, toi et toutes mes erreurs. Est-ce que tu te rends compte de ce que j'ai fait ? Tu as menti n'est-ce pas ? Je n'ai pas piétiné une histoire mille fois plus belle que celle là ? Dis moi que c'est faux s'il te plaît. Tes amis ne m'aiment pas en plus. Seul Chuck m'apprécie et encore il est bien trop naïf. La seule personne qui m'aime c'est Gally et il sera occupé à roucouler avec Minho. Je n'ai pas envie de tenir la chandelle. Et je n'ai pas envie de te voir. Je ne veux pas venir. Je veux juste pleurer en boule dans mon lit. Je suis horrible. Qu'est-ce que j'ai fait ?

Mon téléphone a sonné. J'ai regardé pour voir que j'avais un message de Gally. Je l'ai déverrouillé en retenant mon souffle et en sentant un poids écraser ma poitrine. J'ai voulu m'enterrer quand j'ai lu son message.

"Je viens te chercher pour la soirée de Teresa."

Je me suis mis à pleurer.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant