•28 décembre•

449 55 13
                                    

Newt,

Ça fait un moment que je n'ai pas écrit dans ce carnet. Plus d'un mois en fait. Avant j'écrivais principalement pour laisser échapper ma haine. Mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. Cette haine si forte et violente que j'éprouvais avant c'est éteinte. Du moins il n'en reste que des braises et elles sont plus difficiles à attiser. C'est plus calme en moi dorénavant. Au début ça me faisait bizarre. Le contraste était plutôt violent. Je n'avais pas l'habitude. Mais c'était appréciable. J'avais un semblant de paix.

Cette illusion paisible a rapidement volé en éclat cependant. La colère constante que je ressentais contenait au fond de moi des ressentiments qui n'étaient pas non plus plaisants. Au final je ne sais pas si c'est mieux que la tempête qui faisait constamment rage en moi. J'avais enterré ma culpabilité et ma haine la bloquait. A présent elle remonte lentement mais sûrement. Plus je t'observe me sourire de loin, plus j'ai mal au cœur en me disant que j'ai fait du mal à une personne qui ne le méritait absolument pas. Ça me bouffe de l'intérieur.

Je ne parviens pas à faire ami ami avec toi à cause de ça. Je me répète sans cesse que je ne te mérite pas, que je n'ai pas le droit. Je me dis que je ne devrais pas t'imposer ma présence, que tu ne peux pas faire comme si de rien était parce qu'il s'est passé des choses horribles. Pourtant tu continues tes approches douces et précautionneuses. Tu tiens vraiment à ce qu'on soit amis. Mais je suis désolé, je ne pense pas pouvoir y arriver.

On passe tout de même un peu de temps ensemble. C'est trois fois rien, on se contente de s'attendre en bas de l'immeuble pour aller au lycée ensemble dans un silence de plomb. Tu essayes de me faire dire deux ou trois choses mais tu abandonnes rapidement face à ma réserve. Ensuite en physique, c'est souvent gênant. Mais tu essayes de faire en sortes qu'on ait une vraie discussion pendant les travaux pratiques. Puis aux récréations beaucoup plus rarement. Tu viens me voir pour des détails insignifiants puis tu repars assez rapidement face à mon refus de partager avec toi. Pendant ces quelques fois, Minho continue de me lancer des œillades noires. Gally fait en sorte d'attirer son attention autre part. Depuis qu'ils sont ensemble, on a plus Alby dans les pattes. Il est parti quand Gally lui a annoncé sa relation. Apparemment il est homophobe. Ça a fait de la peine à Gally. Pas à moi. Je ne l'aimais pas vraiment de toutes façons. Heureusement mon meilleur ami a passé outre rapidement. Quelque part leur relation est cool. Je n'ai pas Minho sur le dos. Il y a moins de disputes, d'insultes et de poings qui volent. C'est plus calme. Mais comme Minho reproche moins de choses, ça te laisse aussi le champ libre.

Teresa me fixe d'un mauvais œil elle aussi. Elle a pris le relais de Minho. Brenda, Frypan et Aris n'ont pas d'avis visiblement. Ils ont toujours été là pour te soutenir face à moi mais semble te laisser faire ce que tu veux tout de même. Ça ne les empêchent pas de se méfier de moi. Chuck est le seul à me sourire de toutes ses dents. Il est naïf, il est comme toi, il veut me revoir comme avant. Il ne se rend peut-être pas compte du nombre de cicatrices que tu gardes.

Le dernier jour avant les vacances, tu t'es approché de moi avec une idée bien précise en tête. Tu voulais faire avancer notre relation malgré les vacances. Tu m'as donc proposé de faire des "trucs" tous les deux. J'ai d'abord refusé. Ta proximité me gêne, je m'en veux horriblement. Je préfère ignorer ce que je t'ai fais plutôt que de contempler ton âme couvertes de cicatrices. Mais tu m'as fait les yeux doux. Tu as insisté avec cette petite moue qui a participé à me séduire. Je me suis senti fléchir. J'avais trop peur de te faire du mal et de te décevoir en refusant. J'ai accepté nerveusement. J'ai immédiatement regretté. J'ai vécu dans l'appréhension du rendez vous que tu m'avais donné pendant la moitié des vacances. Je m'en rongeais les ongles et j'avais mal au ventre. Souvent je prenais mon téléphone pour t'envoyer une excuse bidon. La culpabilité revenait alors plus forte. Comment est-ce que je pouvais encore vouloir te mentir et te décevoir après tout ce que j'avais déjà fait ? Tu me tendais la main avec gentillesse et je n'osais pas te vexer. Mon téléphone est resté inutile sur ma table de nuit. La seule personne susceptible de m'envoyer des messages passait son temps avec son copain. Gally m'oubliait au profit de Minho.

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant