23 février

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Newt,

C'est les vacances. Je suis seul chez moi la première semaine, mes parents travaillent. J'ai pensé que j'aurais du repos, que je pourrais être seul sans toi, sans mes pensées qui me ramènent sans arrêt à toi. En plus tu pars en Angleterre avec tes parents pour voir ta grand mère. Tu seras loin de moi et j'espérais que loin des yeux signifierait aussi loin du cœur. De plus, on ne pouvait pas parler par message, ni l'un ni l'autre n'avons de forfait adapté. En somme, tu ne viendrais pas m'embêter. C'était vite dit.

Tu m'envoyais beaucoup de photos via les réseaux en disant que je te manquais, que tu aurais aimé que je sois là. Ca me faisait du mal, tu ne te rendais même pas compte que je n'avais aucune raison d'être ton ami. Je t'ai fait du mal Newt. Pourtant, j'aimais tes photos et tes petits messages. Je les regardais tristement, le cœur déchiré. J'enregistrais celles où tu apparaissais et les imprimais avec les autres. Que veux tu, je suis irrécupérable. Je dois avoir une trentaine de photos de toi cachées entre les pages de mon carnet. J'ai tellement peur d'avoir mal toute ma vie que j'essaie de me noyer dans les bons côtés de l'amour. En vain. 

Je suis vraiment nul tu sais. Se retrouver seul c'est une torture. Il n'y a que moi la journée à l'appartement. Moi et mon cerveau. Moi et ma mémoire qui me murmure à quel point j'ai été ignoble et que si je suis malheureux aujourd'hui, c'est entièrement de ma faute. Hier j'ai passé la journée assis en boule dans le canapé devant une série que je ne regardais même pas et je pleurais en pensant que j'étais rien qu'une merde. Pathétique quoi. La solitude s'est bon pour la dépression. Tu n'imagines pas tout le temps que j'ai passé à réfléchir sur la manière de me tuer. J'ai pensé à me tailler les veines mais j'ai trop peur de la douleur. J'ai déjà assez mal, inutile d'en rajouter. De la même façon, je n'aurais pas le courage de serrer une écharpe autour de mon cou jusqu'à la fin. Je paniquerais et je resterais en vie. Sauter de ma fenêtre me parait une meilleure solution mais imagine que je survive ? Je serai certainement handicapé toute ma vie. Et alors je serai certainement incapable de mettre fin à mes jours dans cet état et je resterais pathétique et dépressif toute ma vie. Alors il y a la solution, celle qui me fera sortir de ce cauchemar. Je vais prendre des médicaments jusqu'à en faire une overdose. Se sera comme dormir sauf que je ne me réveillerai pas. Tu vois c'est la bonne solution. 

Cependant je ne sais pas encore quand le faire. Je ne le veux pas maintenant. Je ne me trouve assez déprimé pour ça. J'attends que tout ça empire et après on verra bien. Après tout, je suis le méchant, le monstre, celui qui mérite de mourir. Mais comme je te l'ai dit, je ne suis pas encore assez déprimé. Je parviens encore à trouver du réconfort en tripotant la gourmette à mon poignet. Elle ne me lâche plus. Pour le moment elle me permet de garder pied au nom de nos bons souvenirs. 

Tu m'as envoyé une carte postale et bien que je ne m'en sente pas légitime ça m'a fait du bien. Quand ma mère m'a dit que j'avais du courrier je n'ai pas tout de suite compris. Et puis elle m'a tendue une petite carte en carton. J'ai souri parce que malgré tout ça me fait plaisir que tu penses à moi. J'ai découvert les côtes anglaises où vivait ta grand mère. C'était joli quoiqu'un peu gris. Puis j'ai retourné la carte avec lenteur, profitant de cet instant, et j'ai entendu ta voix prononcer ces mots dans ma tête. 

" Tommy, j'aurais aimé que tu viennes avec moi. Tu aurais peut-être réussi à transformer les balades ennuyantes sur la côte en balades joyeuses, le cheesecake de ma grand mère aurait peut-être eu meilleur goût... Un jour je persuaderai mes parents de t'emmener et alors le ciel d'Angleterre sera peut-être moins gris. Newty."

J'ai senti les larmes me monter aux yeux. J'ai repensé à toutes les fois où tu m'avais promis que tu m'emmènerais là bas un jour quand on était encore ami. On avait eu pleins de projet, comme ce tour des monuments de Londres pendant un Week-end avant de revenir sur la côte anglaise où tu m'aurais montré tes endroits préférés. A cette époque on était vraiment proches et ça me manque réellement. Mais, crois moi, si j'étais venu, maintenant qu'on s'est drastiquement éloigné par ma faute, on aurait tous les deux passé les pires vacances de notre vie. Ma mère m'a regardé bizarrement pendant que je lisais debout dans la cuisine. On aurait dit que j'étais malade. Je lui ai fait un sourire triste et forcé et je suis parti accrocher la carte postale sur le mur à côté de mon lit. Ca allait pas forcément m'aider à t'oublier ni à me sentir mieux. Tu me manques beaucoup. Oui je suis le complet paradoxe. Je te fuis et tu me manques. Ca me fait souffrir. 

Détesté NewtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant