Le remède mortel

Chap 21

L'étendue de sable du désert défilait devant mes yeux, le visage presque collé à la fenêtre, ma position me faisait souffrir mais nous étions tellement serrés les uns aux autres que je ne pouvais rien y changer. Le trajet m'avait permis d'assez me reposer pour affronter les prochains dangers qui nous attendez. Des bruits étranges m'interpellèrent, je me repositionnai difficilement, une fesse à moitié sur la cuisse de Minho et découvris Brenda et Thomas qui échangeaient un baiser timide. J'échangeai un sourire avec Minho qui se sentait visiblement de trop étant collé à eux. 

-Vivement qu'on arrive et qu'ils se trouvent un peu d'intimité. Me murmura-t-il à l'oreille. 

-Je vois le mur d'enceinte! On y est presque. S'exclame Jorge en pointant du doigt notre destination. 

-Vœu exaucé. Dis-je à Minho en souriant. 

Mais plus nous nous rapprochions et plus je sentais que tout n'allait pas se passer aussi bien que nous l'avions espéré. De nombreuses voitures étaient garées devant la grande porte barricadée et de nombreux hommes étaient postés devant, armes à la main. 

-Qu'est-ce que c'est que ce bordel... Fit Brenda en se penchant sur le siège de devant pour mieux voir. 

-Veuillez-vous garer! Hurla un homme s'approchant doucement de nous. 

Le garde de l'hôtel de Fondus s'exécuta et se rangea sur le côté. Depuis la fenêtre je pouvais voir les visages figés des hommes autour de nous, cela me glaça le sang. 

-Nous ne voulons aucun problème. Le garde qui était avec nous dans la voiture, ouvre la portière et descend les mains levées sous les menaces de l'homme armé. Il y a une armée de Fondus qui arrive par ici, il faut agir et les exterminer au plus vite. 

Un autre homme armé s'approcha de la voiture et scruta l'intérieur en nous regardant un par un. Son regard croisa le mien, il sembla avoir un petit rictus amusé à ce moment-ci. Il recula de quelques pas en regardant son collègue et hocha la tête. 

-Ils sont là, au complet. 

Soudain l'homme qui menaçait le garde toujours hors de la voiture tira un coup de feu. 

Mon corps sursauta et je vis le garde de l'hôtel des Fondus allongé au sol, sans vie. Bloqués sur la banquette arrière nous ne pouvons rien faire, mon cœur s'accélérait en même temps que la scène. Tous les hommes armés se mirent à ouvrir les portières et à nous hisser en dehors de la voiture. J'essayai de me débattre mais des bras m'encerclaient la taille m'empêchant de m'échapper. Tout se passait si vite, j'entendais les hurlements de mes amis essayant de se débattre. L'homme qui me tenait me mit à genoux, ramena mes bras derrière mon dos et m'attacha les poignets. En quelque seconde je fus plongée dans le noir. Je m'attendais à sentir un revolver sur ma tempe à tout moment mais je sentis mon corps quitter le sol, l'homme me déposa à nouveau après quelques secondes de marche et j'entendis une porte se fermer pour de bon. 

Assise dans quelque chose qui se mettait à bouger, j'en conclus rapidement qu'il s'agissait d'un camion. 

-Thomas? Minho? Criais-je en essayant que ma voix se fasse entendre malgré le sac qui recouvrait ma tête. 

-On est tous là! 

Je ne sus reconnaître cette voix, j'étais pétrifiée de peur, plusieurs corps vinrent se coller à moi, je savais que c'était mes amis. Ils n'étaient pas loin et en vie, c'était tout ce qui comptait. 

*

Une secousse me réveilla, j'ouvris les yeux mais j'étais encore plongée dans le noir. Le camion dans lequel nous nous trouvions s'arrêta nous laissant dans un silence angoissant. Un bruit métallisé, un poids de plus qui fit tanguer le camion et quelqu'un m'attrapa le bras me soulevant ainsi du sol. Il me fit descendre et me retira d'un coup sec le sac qui recouvrait mon visage. 

Je ne fus pas éblouie par la lumière du jour comme je m'y attendais car le soleil était déjà couché. Nous étions sur un parking désert, autour de nous plusieurs camions de garés, des hommes s'occupaient de faire descendre d'autres personnes comme nous des camions tout en leur redonnant la vue par la même occasion. 

Je ne savais plus ou donner de la tête, tout autour de moi me paraissait important à analyser. Les visages de nos kidnappeurs, les victimes qui étaient avec nous... J'étais effrayée mais Thomas et Minho étaient à mes côtés ce qui me rassurait grandement. 

Au fur à mesure que toutes les victimes de ce kidnapping étaient rassemblés au centre du parking je pouvais découvrir de nouveaux visages tous plus différents les uns que les autres. Une majorité de jeune adultes se tenaient devant moi avec le même air effrayé sur tous les visages. Je me surpris à imaginer le visage de Newt à la place de l'un d'eux, de le retrouver sans maladie et combattant comme il était auparavant. Mais évidemment il n'en était rien. 

-Emmenez-les! Pesta un homme au milieu des prisonniers. 

Il agita son bras en l'air pour faire exécuter son ordre au plus vite. Il disparut par la suite en début de groupe pour marcher jusqu'à un grand immeuble désaffecté qui nous plongeait dans l'ombre. Un homme m'attrapa par le bras qui était toujours attaché dans mon dos et m'invita à avancer en me poussant légèrement. Je me retournais régulièrement pour continuer à voir où se trouver mes amis mais ils s'immiscèrent très vite dans la masse des hommes armés. Je ne les voyais plus. 

Angoissée je tentais désespérément de créer un contact avec l'homme qui me tenait mais son visage était fermé et il ne semblait pas enclin à une discussion. 

L'angoisse montait en moi, j'étais sure qu'il s'agissait du WICKED. Qui d'autre? 

Entrés dans l'immeuble, des nouvelles personnes nous accueillaient avec des armes pour s'assurer de la sécurité de leur antre. Je cherchais le visage de Janson ou d'un autre membre que je pourrais reconnaître, mais rien. 

Les murs de l'enceinte étaient délabrés, des cafards couraient sur le sol et une odeur forte d'humidité embaumait les lieux. L'homme s'arrêta devant une porte où se tenait un garde, ce dernier l'ouvrit et nous entrâmes à l'intérieur.  C'était une grande pièce assez large pour que tous les prisonniers y logent, l'homme me poussa dedans tout en gardant sa poigne autour de mon avant-bras. J'attendais aux côtés de cet homme que tout le monde entre à leurs tour. Minho et Thomas vinrent quelques secondes après moi, je fus soulagée de les retrouver, mais il m'était impossible de les prendre dans mes bras. Je balayai la pièce du regard pour y trouver Brenda et Jorge mais ils n'étaient plus là. La panique prit le dessus. 

Une fois que tout le monde était entassé dans la pièce ils se mirent à séparer les garçons des filles en deux groupes. De plus en plus inquiète je commençai à me débattre mais l'homme qui me tenait me maintenait au mieux m'empêchant de m'échapper. La séparation entre les deux genres se fit dans les cris et les fracas. Je me débattais autant que je pouvais mais ils finirent par nous abandonner dans une autre pièce, cette fois plus petite et plus propre. Enfin libérée de mes liens, je me massai les poignets en examinant mes camarades de chambre. 

Quelques lits étaient placés contre les murs ainsi que quelques posters étranges pour décorer un minimum cette pièce sans fenêtres. Quelques filles pleuraient en boule sur le sol pendant que d'autres semblaient être ailleurs le regard dans le vide. Mon estomac était serré, je n'aimais pas être séparé de mes amis et la disparition de Jorge et Brenda m'inquiétait encore plus. 

Quand soudain une main se posa sur mon épaule me faisant sortir de mes pensées. 

-Charlotte? 

Je connaissais cette voix...