PDV Katara
Ma tête est si lourde...
Une douleur sourde remonte de mes bras jusqu'à mon cou. Cette impression que ma peau est à vif est intolérable. Un magma brûlant circule dans mes veines, chaque battement de cœur me fait souffrir.
La clarté du matin inonde mes yeux, je tente doucement de relever la tête mais une affreuse douleur qui emprisonne ma nuque m'en empêche.
Je gémis et des larmes salées commencent à dévaler mes joues sans que je ne puisse les retenir.
Elle coulent dans mes cheveux, faisant remonter les souvenirs.
Son sourire. Ses larmes. Ses rires. Ses yeux. Ses flammes bleus qui s'approchent inexorablement de la peau.
Mon hurlement. Ma peau qui n'est plus qu'une masse informe de souffrance. Mon cerveau submergé par la douleur qui me plonge dans le noir le plus profond.
Mes sanglots s'intensifient, mes yeux restent fixés au mur, absent.La porte coulisse doucement.
Mai apparaît, le visage impénétrable.
Elle est habillée d'une tenue sophistiquée, impeccable, le teint lisse et lumineux, ses cheveux relevés en une coiffure compliquée.
Je ne sais pas pourquoi, mais cela me frappe comme une massue.
Je ne veux pas voir dans quel état je suis.
À quel point je peux être misérable à présent face à quelqu'un avec sa stature.
Les sanglots redoublent.
Elle pose un plateau sur la table de nuit, et je réalise que je suis dans une chambre du palais de la Nation du Feu, au vu de la décoration.
Elle prend la parole d'une voix froide.- Mange, tu te remettra plus vite.
Bizarrement, je ne suis pas sûre que mon rétablissement sois sa principale inquiétude. Plutôt me voir partir d'ici comme me le confirme son regard haineux et hautain.
Voyant que je ne réagis pas, elle soupire et s'éclipse quelques secondes pour revenir avec une de ses servantes.
Cette dernière tente de me relever avec précaution mais aussi avec vitesse, malgré mes cris de douleur. Sa maîtresse la fixe, impatiente.
Lorsque je suis assise, la servante revient se poster devant Mai et attends qu'elle reprenne la parole.- Bien. Rapporte moi ce dont je t'ai parlé.
La femme repars, et Mai reste immobile. Je prends son silence comme une invitation à manger car elle ne m'aidera pas plus. Je bouge mon bras, pour tenter de prendre le bol et les baguettes. Au bout de longues secondes où je me suis immobilisée plusieurs fois pour reprendre mon souffle et retenir mes larmes, je saisis enfin mon repas en tremblant.
Mon regard esquive désespérément mes bras, la douleur comme un avertissement sur leur état.
Je mange avec une lenteur exaspérante. Mon riz est assaisonné aux sanglots qui me prennent lorsque la douleur afflue.
Entre-temps, la servante est revenue et Mai lui a fait signe d'attendre. Lorsque je pose mon bol que je n'ai qu'à moitié entamé en raison du goût amer dont je n'arrive pas à me défaire, Mai hoche la tête en signal pour sa servante.
Cette dernière sort un objet recouvert d'un drap du couloir. Je comprends rapidement et me met à paniquer.- Non... s'il te plaît Mai! Non... non... Je ne suis pas prête...
Je sanglote mais Mai fait la sourde face à mes supplications. La servante tient l'objet face à moi et Mai tire un coup sec sur le drap qui le recouvre. Je détourne les yeux, mais il est trop tard. Mon regard se fixe sur la surface irisé, accroché par une soudaine curiosité malsaine.
Le miroir me renvoie une image de cauchemar.
Le long de mes bras, des volutes boursouflées déforment la peau. Elle descendent jusque sur mon poignet et remontent sur mes épaules.
Elle se rejoignent sur la naissance de ma gorge en un éclair gravé encore plus profond dans la chair. Des traits partent de cet éclair et font le tour de ma gorge, transformant le motif en un pendentif incrusté. La peau est à vif, bien qu'elle semble avoir été pansée. Les arabesques sont rouges et floues, mais je sais qu'elle finiront par s'éclaircir, devenir blanches et nettes sur ma peau matte. Pour l'éclair elle a fait fondre la peau autour des incisions bien nettes. Ce dernier restera sûrement bien visible et surtout au toucher, la peau n'étant pas juste marquée mais creusée.
Mon esprit de guérisseuse qui m'a poussé à analyser ces cicatrices à en devenir avec un calme mortifiant disparaît tout à coup.Une forte envie de vomir m'assaille, la tête me tourne. Je me rend compte que je retenais ma respiration. Les larmes continuent à couler, tellement que je me demande quand est ce que j'en aurai épuisé la réserve. Je m'écroule sur le côté, mes poings serrent en tremblant sur la couverture et je m'en veux de me montrer sur faible et misérable devant quelqu'un.
Il me semble entendre Mai rire avant de sombrer dans l'inconscience.💧
La douce torpeur bienvenue me fait oublier la douleur et l'horreur. Je voyage entre doux rêves et cauchemar remplis de hurlements et de douleur.
Soudain je sens une main caresser mon front, dans un geste d'apaisement.
J'entends des cris. Un voix masculine chuchote furieusement juste à côté de moi. Ce timbre de voix m'est familier, me rassure. La voix sans émotions de Mai résonne bien plus fort dans la chambre. Elle semble se défendre d'avoir fait quelque chose.
A moitié éveillée, j'entends la porte coulisser, ils semblent sortir.
Cependant juste avant de sombrer une nouvelle fois, j'entends la voix masculine chuchoter tout près de mon oreille.- Si tu savais à quel point je suis désolé...
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À Feu et à Sang
Viễn tưởngLa guerre est terminée. Le tyrannique seigneur Ozai a été vaincu et dépouillé de sa maîtrise du feu. Toutes les conditions sont réunies pour que nos cinq héros goûtent enfin un repos bien mérité. Mais le trône de la nation du feu attire les convoiti...