Chapitre 45- Avenir

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PDV Mai

Une page se tourne.
Ou plutôt un livre entier se ferme.
La douleur n'a laissée que des cendres, mais je sens l'espoir du futur pointer le bout de son nez sous ce tapis grisâtre.

J'ai hâte, et suis pleine d'appréhension à la fois. Que trouverai-je là bas? Et qui? Pourrai-je vivre une vie simple alors que c'est à l'exact opposé de tout ce que j'ai toujours vécu, ou rêvé de vivre?

Indéniablement oui. Il m'a peut être fallu des souffrances atroces pour m'en rendre compte, mais être Reine ne peut pas me rendre heureuse. Ce petit être aurait pu me rendre heureuse, et si je l'ai perdu, c'est entièrement de ma faute.
Il est important que je ne fasse plus jamais les mêmes erreurs.
Pour lui.
Pour moi.

Cela fait maintenant deux mois que je vis recluse, cachée dans une auberge dans les alentours de la capitale. Je ne sais pas trop ce que j'attends, alors j'y reste jusqu'à ce que je le découvre.

J'ai appris très vite la mort d'Azula. Malgré toute ma haine, j'ai ressenti un pincement au cœur en voyant sa mort tournée en fête.
Elle...
Azula, pendant notre plus petite enfance, était une fillette pleine de joie, de malice. Elle était intrépide, un tantinet moqueuse, toujours à me m'embêter lorsque je rougissais à l'approche de son frère.
Elle était là, à me soutenir lors de notre adolescence, alors même que son statut de fille, de seconde, l'abandon de sa mère et l'indifférence de sa famille la faisait hurler.
C'est elle qui m'a soufflé l'idée de développer une compétence qui me rendrait particulière, qui me ferait sortir du cadre de la jeune fille sage, silencieuse et parfaite que mes parents voulaient que je sois. Grâce à elle, à son soutien, je suis devenue une combattante redoutable avec mes stylets.

Elle m'avait aidée à trouver un sens à ma vie, et j'ai comme remord de n'avoir jamais pu lui en donner un autre que celui qu'elle s'est imposé et qui a fini par la détruire.

Des coups légers retentissent sur le porte en bois. Je stoppe ma respiration et me lève silencieusement du lit de ma chambre sur lequel j'étais en train de réfléchir. Je fais jaillir un stylet de ma manche, et m'approche furtivement de ma poche.
Une voix résonne de l'autre côté du mur.

-Mai?

J'ouvre la porte avec précipitation, oubliant mon stylet, pour me retrouver en face de Ty Lee. Cette dernière fait un de ses figures acrobatiques pour reculer avec souplesse et se met en position d'attaque. Un bruit métallique me fait sursauter.
Un regard à terre nous fait comprendre que c'est mon stylet qui vient d'y tomber, et cela paraît détendre Ty Lee. Elle s'approche, le ramasse et me le tends.
Passée la frayeur, ses yeux sont emplis de compassion et de douceur.
Elle me lance « Je peux entrer? » de sa voix enjouée, comme si les derniers mois ne s'étaient pas écoulés.
Je m'écarte pour la faire passer et referme la porte derrière elle.
Aussitôt entrée, elle se met à babiller à une vitesse affolante en furetant de partout. Elle semble stressée.

-Ty Lee, pourquoi es-tu là.

C'est à son tour de sursauter. Elle s'immobilise alors qu'elle s'apprêtait à soulever une babiole et se retourne doucement.

-Pour toi. Parce que je veux comprendre.

Dans ses yeux, je comprends qu'elle a terriblement peur de ma réponse. Elle me connaît trop bien, elle comprends qu'il y a des souffrances, des horreurs enfouies. Ce que d'autres n'ont pas soupçonné. Elle a peur que je lui révèle un drame qu'elle devine à peine. Alors je ne lui dis rien. Mon secret restera à jamais entre Katara, l'âme d'Azula et moi.

-Je ne peux pas t'en parler. Sache juste que j'ai fait la plus grosse erreur de ma vie, mais qu'elle m'a ouvert les yeux.

Au fil de mes mots, mes pensées deviennent cohérentes, comme si j'avais besoin qu'elle sortent de ma bouche pour prendre un sens.

-Je dois partir. Loin. Je ne pourrai jamais oublier tout cela, t'oublier toi... mais je dois tenter de me construire une vie. Tu comprends?

Ma voix se fait suppliante. Elle hoche lentement la tête.

-Tu vas me manquer.

Sa voix tremble et fait naître des larmes au coins de nos yeux.

-Toi aussi.

Malgré que nos comportements soient diamétralement différents, notre amitié est solide. C'est elle qui me manquera le plus.
Résolue, elle fait quelque pas vers la sortie avant de se tourner vers moi.

-Tu m'enverra des lettres?

Ses larmes, la douleur et la tristesse que je lis sur son visage me hurlent d'accepter. Je cède.

-C'est d'accord.

Elle me fait un petit sourire victorieux qui brise les lignes salées de ses joues.

-Alors... à plus tard Mai.

Je lui adresse un petit signe de mains et lui sourit avec espoir renouvelé.

-A plus tard.

Je ne serai jamais Reine, mais je crois que j'en suis heureuse. L'avenir que je compte me construire semble bien plus lumineux et prometteur que l'ancien. Et pourquoi? Parce qu'il va être totalement et complètement à moi.

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