À Feu et à Sang

Chapitre 40- Perte

PDV Katara

Ma respiration erratique témoigne de la difficulté que j'ai eue à prendre le dessus sur Mai. Et encore, je n'ai gagné notre affrontement que parce que son attention a été détournée. Pour ma part, je ne remarque que maintenant que Zuko est à terre. Je tente de me précipiter vers lui mais un mur de flammes bleues me barre le passage, me séparant des trois autres.

De là où je me trouve, je vois Azula s'approcher de son amie toujours à terre. Celle-ci, se redressant un peu, lui lance un regard noir.

- Tu ne devais pas lui faire de mal...

Azula siffle entre ses dents, l'air agacé.

- Rassure toi très chère Mai, il est seulement assommé. En revanche, je te déconseille de t'adresser à nouveau à moi avec aussi peu de respect. Ma victoire sur mon frère me rend peut être un peu plus clémente, mais ma patience a des limites. Et tu ne veux pas me mettre en colère, pas vrai ?

Je vois Mai détourner le regard en secouant négativement la tête tandis qu'elle frissonne. Et une nouvelle fois, je m'interroge sur son comportement. Je n'ai jamais eu l'impression que Mai craignait Azula auparavant. C'était même l'une des seules qui n'avait pas peur d'elle.

Même pendant notre combat, elle se contentait souvent de se défendre, contrairement à nos anciens affrontements. Je ne vais pas m'en plaindre, si elle avait appliqué une tactique différente je ne serais peut-être plus en un seul morceau. Mais même si je la connais sûrement moins bien que Zuko, j'ai la sensation que quelque chose chez elle est différent.

Azula s'approche de sa barrière de flammes pour m'observer. Je suis figée par l'intensité de la haine qui flambe dans ses prunelles dorées. Mon souffle se bloque dans ma poitrine et je réalise que si l'envie lui prenait elle pourrait me balayer d'un simple geste. D'autant plus que mes réserves d'eau sont pratiquement épuisées.

Mais elle se détourne, se dirigeant vers Zuko, toujours à terre, inconscient et hors de ma portée. Mai s'est relevée pour la rejoindre, posant sur Zuko un regard qui, à ma grande surprise, est dénué de la moindre rancœur.

Azula soupire de lassitude en regardant son amie.

- Tu veux vraiment essayer de regagner le cœur de cet imbécile qui a préféré cette Katara à toi ?

- Azula...

La réponse de Mai sonne comme un avertissement : terrain dangereux, ne pas s'y aventurer. Mais cela ne fait qu'encourager Azula à poursuivre.

- Qui te dis qu'il t'a déjà vraiment aimée ? Qu'il ne s'est pas contenté de se servir de toi ?

- Arrête.

- Comment pourrais tu en être sûre puisque tout ce qui ne repose pas sur la peur n'est que mensonge ! Qui te dis que toutes ces années tu n'as pas été qu'un pion de plus dans son jeu ?

Azula crie à présent, un cri empreint de folie et d'une forme de tristesse. Comme si l'idée que Mai continue de préférer Zuko à elle lui était insupportable. Mais Mai ne se démonte pas, faisant preuve d'un sang froid remarquable qu'elle semblait avoir perdu depuis son arrivée.

- Est-ce que tu es sûre que l'on parle toujours de Zuko ?

Azula semble profondément démunie par sa réponse.

- De qui d'autre ?

Et Mai assène son accusation, d'une voix claire qui ne demande aucune réponse.

- De toi, Azula. Tu es la seule ici à m'utiliser comme un pion.

La jeune femme baisse d'un ton, soupirant doucement.

- Tu n'as jamais eu l'intention de garder Zuko en vie pas vrai ? Comment pourrais tu régner si ton frère est là, prêt à éclipser ton pouvoir au moindre dérapage... Tu voulais simplement que je te rejoigne.

L'atmosphère s'est tendue d'un coup dans l'attente de la réaction d'Azula. Et alors que je m'attend à des représailles, je suis surprise d'entendre Azula admettre.

- C'est vrai.

Elle fait quelques pas, s'approchant de Mai.

- Sauf que je pensais que tu comprendrais. Qui sait, peut-être même qu'après ce qu'il t'a fait tu aurais voulu t'en occuper toi même.

Elle marque une pause.

- Mais finalement il semblerait que ce que j'ai pris pour une force ne soit en fait qu'une faiblesse pitoyable.

Des étincelles bleutées naissent au bout des doigts d'Azula tandis que son éclair prend forme. Mai me faisant face, je peux voir une détermination farouche naître dans son regard tandis qu'une de ses mains va se poser sur son ventre dans un geste protecteur.

Et d'un coup, je comprends tout. Ce changement dans le comportement de Mai, cette détermination à vouloir récupérer Zuko. Ça semble tellement évident que je suis sidérée que nous ne l'ayons pas compris plus tôt.

Je plaque une main sur ma bouche tandis que Mai est projetée à terre par la puissance qu'Azula vient de déchaîner sur elle. Mai hurle de peur puis d'une douleur déchirante. La barrière de flammes se dissipe soudain, et je n'hésite qu'une seconde avant de foncer l'aider. S'il n'est pas trop tard...

À ma grande surprise, elle est toujours consciente, ce qui relève du miracle puisque l'éclair aurait dû la tuer sur le coup. Des tas de scénarios passent dans mon esprit. Peut-être qu'Azula a été prise de remords au dernier moment ? Qu'elle n'a pas eu le courage de tuer sa meilleure amie ?

La jeune femme tremblante me lance un regard noir, se recroquevillant sur elle même. Elle murmure d'une voix cassée:

- Va-t-en. C'est trop tard.

Et en rassemblant mon pouvoir de guérison je constate qu'elle a raison. Le cœur a bel et bien été touché. Mais pas celui de Mai. Celui du bébé...

- Je suis désolée...

Ma voix est à peine un murmure et Mai détourne le regard. Elle garde son masque impassible au prix de ce que j'imagine être un effort incroyable. Les larmes me montent aux yeux. J'ai déjà vu d'autres femmes perdre leur enfant mais ne peux même pas imaginer ce qu'elle doit ressentir... Je demande quand même.

- Est-ce que Zuko...

Mai m'interrompt en secouant négativement la tête. Comme je le pressentais, il n'était pas au courant. Elle prend une grande inspiration et m'assène d'une voix d'outre-tombe:

- Je ne veux pas lui dire. Et tu ne le feras pas non plus sinon tu auras affaire à moi.

Malgré son ton agressif, mon côté guérisseuse est rassuré de voir que la jeune femme se projette encore dans le futur. Sa force de caractère m'impressionne : j'ignore si j'aurais été capable de la même chose à sa place. Je hoche la tête, scellant une promesse silencieuse. Ça restera notre secret.

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Chapitre par ma chère Enepfopi 
A dimanche pour un pdv Zuko 😊