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Dix septs heures, le regard vide, l'esprit embrumé, je déambulais dans la ruelle précédemment empruntée. Celle prise en étant angoissé à l'idée d'être face à mère, et maintenant détruite après le dîner passé.
Je ne voulais pas rentrer, je ne voulais pas enfermer mon mal-être avec moi dans mon appartement. Je me savais faible alors je redoutais le moment où j'allais enfin réaliser les mots de ma génitrice.

Mon père c'était à nouveau disputé avec elle, c'était encore de ma faute.
En plus de détruire son amour envers moi, voilà que je détruisais son couple. Je comprenais mieux sa haine envers moi, et elle était partagée.
J'étais incapable d'arrêter de penser que tout aurait été mieux si j'avais été comme tous le monde.

Elle qui me demandait souvent si j'avais un petit ami, si j'allais lui présenter quelqu'un. Elle, qui adorait me parler de ses futurs petits enfants que je lui aurais donnés. De son temps, les femmes étaient conçues pour faire des enfants, celles n'en voulant pas, pour elle, c'était du gâchis.

La vieille école, voilà ce qu'elle suivait, d'où partait ses valeurs et ses principes. Elle avait un esprit fermé, et elle pensait dure comme fer que j'avais choisi de vivre comme tel.
Je devais sûrement être, à ses yeux, une enfant influencée par les autres.
Ou seulement perdue dans sa vie amoureuse, que tout ceci était une passe.

Mais ça n'était pas le cas.

Malgré mes nombreux signaux, elle pensait naïvement que je prenais tout simplement mon temps avec les garçons. La vérité l'avait tout autant brisée que moi, je ne l'avais jamais vu dans un tel état, crier en étant en larme sur mon père. Le seul qui me protégeait face à l'amour de sa vie.
Je m'en voulais, j'aurais tout donné pour être normale, tout, même l'impossible.

Pourtant, avant sa réaction, je n'avais jamais ressentie cette émotion de dégoût envers moi-même. Je n'avais jamais haï mon orientation sexuelle, pour le simple fait qu'on en avait jamais parlé avec eux. C'était tellement inconcevable pour eux, pour ma mère, que jamais l'idée d'en parler leurs étaient venues.

Même quand les autres avaient des propos homophobes ne ne me sentais pas mal à l'aise avec moi-même. C'était des amitiés éphémère, des inconnus, ce n'était rien, mais là, ma mère tenait les mêmes propos, les mêmes mots blessants. Et la réaction que j'aurais dû avoir plus tôt, je la ressentais maintenant.

Et c'est bien la première fois que je ressens cette envie, celle de changer pour me conformer au monde. Ce monde stupide où l'on doit se catégoriser, suivre les autres comme au contraire absolument se démarquer. Dans les deux cas, on se fait lamentablement juger, et ça me fatigue.

À quoi bon me battre ?
Pourquoi faire ?

J'avais toujours tout fait pour rendre mon entourage heureux, tout. Même si pour ça il fallait passer par des passes qui ne me plaisait pas.
Et me voilà maintenant rejetée pour une simple attirance.
Tout mes efforts pour les rendre fiers, tout ça, tombé à l'eau.

Alors à quoi bon ?

J'aurais dû faire comme les autres, ce dont j'avais réellement envie, quitte à décevoir ma famille entière. J'aurais dû grandir en étant préparé au pire.
Au contraire, là, je me retrouvais désarmée, sans remparts pour amortir les coups.

Je me retrouvais à tout encaisser.
Mon coeur, mes sentiments, l'estime de moi, tout prenait un coup. Tellement, que j'arrivais plus à rester debout. Malgré les regards curieux des passants, je m'étais assise sur le premier banc qui s'était présenté à moi. Je ne contrôlais rien, ni mes larmes, ni mes pleurs bruyants.

Le monde était spectateur de ma descente aux Enfers.
J'espérais la venue d'un ange, d'un miracle qui aurait pu changé la donne. J'espérais de tout mon coeur, et ma prière semblait avoir été entendue. Une main, douce, et fraîche s'était déposée sur mon épaule et mes yeux vitreux s'étaient relevés vers les siens.

Et à nouveau, je craquais, ses prunelles noisettes me fixaient avec toutes la bienveillance du monde. Aucun mot n'était échangé et pourtant je comprenais qu'elle était là pour moi. J'oubliais même le fait, que quelques heures plus tôt elle avait été au côté de mon ex meilleur ami. J'oubliais tout, au simple fait d'être à ses côtés.

C'était peut-être elle, mon ange gardien.

*        *

je sais pas ce que ça donne, mais dites vous qu'il reste un chapitre et la réécriture est finie.

il manquera plus qu'à la finir.
il serait temps :)

𝐒𝐚𝐥𝐨𝐩𝐞 • ʰʸᵘⁿᵃOù les histoires vivent. Découvrez maintenant