"Pourquoi tu ne m'aimes pas ?"

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Non mais je rêve.

- Qu'est-ce que tu fais là Laïla...

Je pouvais constater qu'elle n'avait pas consacré beaucoup temps à s'habiller convenablement. Jean, pull et son éternel bonnet. Elle émanait une certaine énergie, quelque chose d'étrange mais de seyant.

- Je t'ai demandé si c'était un vrai tatouage Johnson.

Je soupirai. Étrangement, quelque chose m'empêchait de couper court à cette conversation, me laissant sur place.

- Ça va mieux on dirait, lui dis-je en faisant référence à l'affront de la veille.

Je fus moi-même surprise par le peu de marques qu'elle portait au visage. Seule sa lèvre inférieure était encore légèrement ouverte.

- La ferme, cingla-t-elle.

Je lui sourit avec toute l'hypocrisie dont j'étais capable avant de me servir un verre, mélangeant les différents ingrédients pour un mojito.

- Pourquoi tu ne réponds pas à mes questions Johnson, revint-elle à la charge.

- Je m'appelle Tess.

- Qu'importe.

Je portai le gobelet à mes lèvres, levant les yeux au ciel. Cette fille m'importunait mais mes jambes ne voulaient pas m'emporter ailleurs.

- Ça te rends vulgaire de boire, lâcha-t-elle.

Je faillis avaler de travers face à sa remarque déplacée. Elle ne l'avait pas faite sur le ton de la moquerie mais plutôt d'une voix déçue. J'allais de surprise en surprise.

- Je me passerais de ton avis Laïla.

- Ce qui te rends d'autant plus vulgaire, c'est tes tendances à violenter les gens.

Mes phalanges se serrèrent autour du contenant qui s'était à moitié vidé. Je respirai un grand coup avant de lui dire :

- Tu perds encore une occasion de te taire, quel dommage.

Puis je décollai mes reins du bar, cherchant une issue à cette conversation et un endroit par où je pourrais me faufiler. Je devais retrouver Sarah...

- Pourquoi tu ne m'aimes pas ?

Je m'arrêtai net dans ma quête et tournai lentement la tête vers la blonde qui me regardait avec insistance.
Je n'arrivais pas à la suivre, c'était insupportable. Déstabilisée, je finis mon gobelet avant de le lâcher au sol avec nonchalance et de lui souffler:

- Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Puis je m'enfonçai dans la foule, intriguée par cet échange on ne peut plus étrange. Mes yeux voguaient de part et d'autres de la pièce, ne sachant sur quoi se focaliser. Quelques personnes me saluèrent sur mon passage en me gratifiant de quelques sourires polis que je leur retournai sans vraiment savoir qui il s'agissait. Les gens se frottaient les uns contre les autres. Ils empestaient l'alcool à plein nez.
Une main m'attrapa par le col de ma robe pour me tirer hors de la masse compacte.

- Alors mon cœur, on se perd ?

Un sourire s'étira sur mon visage l'imprégnant de soulagement. Je serrai Sarah contre moi, heureuse d'avoir quelque chose à quoi me raccrocher au milieu de cette foire.

- Tu danses ? me demanda-t-elle après avoir déposé un baiser sur mes lèvres.

- Hors de question.

Elle remonta une main le long de mon dos tout en cherchant le contact visuel. Je détournai la tête en riant :

- J'ai dis non Sarah !

Elle me pris le menton pour plaquer à nouveau ses lèvres contre les miennes avant de m'entraîner dans la foule d'ados sous mes protestations.

- Je ne sais pas danser !

Elle secoua la tête puis m'attira vers elle. Ses hanches se pressèrent contre les miennes. Elle me sussura :

- Tu n'as pas besoin de savoir danser. Laisse-toi aller.

Facile à dire quand vous n'aviez jamais dansé de votre vie avec quelqu'un. Mes pieds se firent hésitants mais au fur et à mesure que la musique défilait, mes pas devinrent plus sûrs. Je commençai même à me détendre sous les rires de Sarah. Nous dansâmes comme deux attardées et je n'avais jamais autant ressenti cette sensation de liberté. Maintenant je savais pourquoi les personnes s'agitaient comme ça aux fêtes. C'était libérateur.
Je commençais à avoir chaud.

- On sort un peu ? dit-elle en me voyant essoufflée.

Je hochai la tête. Elle me prit par le poignet pour nous frayer un chemin vers la baie vitrée qui donnait accès au jardin où quelques personnes bavardaient tranquillement. Nous marchâmes quelques instants. Le bruit s'étouffait momentanément. Sarah m'invita à m'allonger sur les matelas à ses côtés. Elya avait vraiment tout prévu en rassemblant une dizaine de matelas au sol. Nous étions les seules installées ici . Le calme uni provoqua un bourdonnement dans mes oreilles. Sarah se tourna sur le côté et soupira :

- C'est ta première soirée ?

- Ouais.

Elle sourit puis du bout des doigts, traça le contour de mon décolleté en s'arrêtant sur mes clavicules. Ses doigts étaient frais au contact de ma peau nue, chauffée par l'intensité de la fête. Je fermai les yeux, me concentrant uniquement sur les sillons que Sarah créait au creu de mon cou. Ma main chercha la sienne sur le matelas pour la serrer. Ses mouvements s'étaient arrêtés sur mes clavicules et avaient repris sur mes joues qui se recouvrirent de frissons. Je pivotai la tête pour lui embrasser les lèvres après tant d'occasions manquées. Elle soupira d'aise puis passa sa jambe nue sur la mienne, m'électrisant. Son souffle chaud se répercutait contre ma joue tandis que sa langue dansait habilement avec la mienne. Ses doigts se mêlèrent à mes cheveux, brisant le chignon que ma soeur avait eu tant de mal à faire tenir. J'ôtai l'élastique, libérant ainsi une avalanche de mèches blondes sur mes épaules. Sarah passa une main sur ma cuisse en remontant le long de celle-ci du bout des doigts. Mon ventre s'embrasa quand elle se glissa sous ma robe, innocemment. Le souffle de ma petite amie s'était emballé et ses doigts se faisaient plus fermes dans mes cheveux, nos baisers plus ardents. Mes reins se cambrèrent aussitôt qu'elle parvint à mes sous-vêtements. Sans pour autant les enlever, elle caressa doucement mon intimité, me faisant gémir faiblement. Ses lèvres devinrent plus chaudes et son corps répondait à mes gémissements en se collant au mien davantage. Elle continua sa douce torture pendant un bon bout de temps sans me dénuder puis ôta sa main, me laissant sur ma faim.
J'en voulais plus.
Elle rit faiblement sous mon regard incompréhensif avant de me déposer un chaste baiser sur la joue.

- Je ne pense pas que ce soit le meilleur endroit pour faire ça, me murmura-t-elle les yeux encore brillants d'envie.

Nous nous regardâmes dans le silence pendant quelques instans puis Sarah se leva. Elle me tendit la main pour m'aider à faire de même. Mon souffle étant revenu à son rythme normal, je rassemblai mes cheveux en chignon sur ma tête.

- Non, intervint ma la brune.

Elle tendit une main vers ma coiffure improvisée pour me retirer l'élastique des cheveux.

- T'es plus jolie comme ça.

Elle passa l'attache autour de son poignet puis m'embrassa amoureusement. Un faible écho de conversation nous parvint, nous indiquant que des gens approchaient des matelas. Je pris Sarah par la main pour l'entraîner à l'intérieur, les joues encore rosies d'envie.

Un(lim)itedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant