"Elle me perturbait"

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La journée touchait à sa fin et moi aussi. Je n'arrivais pas à croire qu'autant de marches pouvaient tenir dans un bâtiment si restreint. Ne pouvaient-ils pas investir dans des escalators ?
Mike me tint la grille avec galance. Je le remerciai d'un sourire fatigué.

- Alors, ta journée ? héla May.

Elle m'attendait, assise sur un banc. Elle se leva à mon arrivée et me sourit. Je la pris même dans mes bras, heureuse d'avoir une chose à laquelle je pouvait me raccrocher. Elle parut surprise mais ne mit pas longtemps avant d'enlacer ses bras autours de mon corps en me caressant le dos.

- Miroir, lâcha Mike sans préambule.

May et moi interrompîmes notre étreinte pour nous jauger du regard en riant. Depuis longtemps, Mike avait pris l'habitude de dire "miroir" à chaque fois que notre ressemblance était parfaitement similaire. J'appréciais quand quelqu'un nous faisait remarquer notre ressemblance contrairement à May qui trouvait que c'était une occasion de perdue pour se taire.
Soudain, la fille du cours de maths apparut dans mon champ de vision et vint vers nous.

- Mike, tu devrais passer chez moi récupérer ton skate, je ne vais pas le garder toute ma vie.

L'intéressé se retourna et son regard sembla s'adoucir quand il la vit. Il lui répondit :

- Je passerai sûrement chez toi demain, je vais pas déranger maintenant.

Elle rit timidement.
Elle avait un très joli rire, de ceux qui ne s'oubliaient pas.

- Tu sais très bien que tu ne...

Elle avait tourné son regard vers nous et s'était brusquement interrompue. Ses yeux passaient de May à moi en prenant soin de nous analyser de haut en bas. Je rougis, gênée par le silence qui s'était installé, Mike me sauva la vie, encore une fois :

- Ah ouais, c'est ouf hein ? Sarah, je te présente Tess et May.

Elle ne sembla pas tout de suite comprendre car elle ne broncha pas un mot durant une bonne minute. Se fut à mon tour de l'analyser.
Elle avait un visage fin encadré par une chevelure brune qui tombait en cascade sur ses épaules élancées. Ses yeux étaient mis en valeur par une légère touche de maquillage mais elle n'avait pas l'air d'en abuser ce qui la rendait d'autant plus charmante. Elle n'était pas bien grande mais d'après sa posture, elle savait s'imposer et s'affirmer quand le besoin s'en faisait ressentir.
Nos yeux se rencontrèrent et elle sourit timidement.

- Salut.

- Salut, répondis-je.

Ma soeur brisa ce contact visuel en passant entre nous pour se positionner devant Sarah. Elle se retint de tendre une main vers la chevelure de la brune et se contenta de lui dire :

- J'adore tes cheveux.

- Oh, merci !

Comme pour accompagner le geste à la parole, elle toucha ses longueurs bouclées en baissant les yeux, touchée par le compliment. C'est vrai qu'elle avait de très beaux cheveux.

- Laquelle de vous deux est Tess ? demanda-t-elle timidement.

Je m'avançai pour me poster aux côtés de ma soeur.

- Ça doit être moi.

Mike rit timidement. Je ne voyais pas ce qui avait de drôle mais il brisait la gêne qui s'installait entre nous trois à chaque silence.

- C'est assez dur de les différencier surtout habillées et coiffées de la même façon. Mais Tess restera la plus sarcastique des deux.

- Tu ne m'aides pas là, avoua Sarah en souriant.

Elle gardait les yeux rivés sur moi et passait de temps à autres à ma soeur.
La remarque de mon ami était ridicule étant donné que Sarah venait à peine de nous rencontrer.
Je haussais les épaules et rétorquai :

- On ne peut pas nous différencier sans nous connaître, c'est le but des jumelles.

- Ouais, répondit-elle simplement.

Je pris la main de ma soeur et flanqua un bisou sur la joue de mon ami avant de partir comme une voleuse. May poussa un petit cri surpris. Elle fit signe de la main à nos deux camarades avant que nous ne disparaissons.
Je ne savais pas ce qui m'arrivais mais j'avais soudainement perdu le contrôle, alors au lieu de rester plantée comme une idiote j'avais préféré partir. Cette Sarah me perturbait et j'allais éviter de l'approcher, elle faisait remonter en moi des choses dont je n'avais pas le contrôle et je détestais ne pas avoir le contrôle.

Un(lim)itedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant