Le reste de l'après-midi se déroula sans encombres. Nous étions allés voir le Roi Lion et Mike avait insisté pour se mettre entre Sarah et moi ce qui avait provoqué ma mauvaise humeur durant le reste du film, même s'il fallait avouer que cette reprise était une réussite. Mon père était venu tous nous chercher, servant de taxi pour Mike, Elya puis Sarah. Cette dernière s'attarda contre les lèvres avant de me souhaiter une bonne nuit et de clause la portière. Quant à Elya, elle avait laissé un billet de 5€ sur l'accoudoir de mon père en lui tapotant l'épaule ce qui avait provoqué l'hilarité générale.
***
Jeudi matin. 8h. Espagnol avec notre prof principal qui nous fit un "court instant de vie de classe" qui dura finalement une demi-heure dans un vacarme impressionnant.
Elya, Mike, Sarah, May et moi avions rassemblé nos tables en îlot pour entamer une discussion sur les derniers actualités. Nos notes étant excellentes dans cette matière, nous nous autorisions donc des échanges avec un niveau sonore raisonnable. Elya persistait sur le fait que les médias nous retournaient le cerveau, que les nombreuses techniques de manipulations mentales étaient d'une efficacité ridicule sur l'être humain. Idée sue japproivais vivement contrairement à ma sœur qui essayait de voir le bon côté en chaque individu. Pour elle, les médias nous informent de la vérité, ils étaient tenus à cela.
- Excusez-moi mais ça serait cool que vous la fermiez, on aimerait écouter.
Laïla s'était retournée et avait parlé à voix basse mais sur un ton ferme qui nous avait brusquement interrompus dans notre débat. Je me penchai vers elle en accentuant les mots de ma main.
- Excuse-moi mais tu pourrais te mêler de ce qui te regardes ? Si t'es pas contente tu changes de place.
J'avais répliqué à voix haute et toute la classe se retournait petit à petit vers nous. Laïla éclata d'un rire mesquin :
- Pardon ? Est-ce que c'est moi qui perturbe le cours ?
- Tess, Laïla... gronda le professeur.
Ces derniers avaient pris l'habitude de me différencier de ma sœur grâce à l'hostilité que je portais envers Laïla.
- Non, mais tu commences sévèrement à me soûler tu vois ? rebchéris-je.
- Je n'ai pas le temps pour tes gamineries Tess.
- Les filles ! tonnait un peu plus fort l'adulte de la pièce.
- Très bien. Alors retourne-toi.
- Je me demande pour qui tu te prends à te croire supérieure à tout le monde de la sorte.
Ma soeur s'était tendue, je pouvais le sentir. Laïla s'était levée de sa chaise, la faisant racler contre le sol. Le silence était lourd et nos camarades assistaient en silence à la scène.
- Laïla, Tess, dans le bureau du proviseur ! trancha notre responsable.
- C'est cette gamine qui m'emmerde !
Que de mots d'amour sortants d'une si jolie bouche.
Sarah retint un hoquet de surprise, restant malgré tout sur ses retranchements.- Pardon ? articulai-je.
- T'as très bien entendu Johnson.
Je me levai de ma chaise à mon tour et avançai vers ma camarde, me plantant en face d'elle. May s'était approchée pour se tenir derrière moi. Elle me suppliait de me calmer et de revenir à ma place en l'ignorant. Laïla tira profit de la situation :
- T'as entendu ta sœur Tess ? Va t'assoir, t'es dans mon espace personnel.
- Stop ! Emmenez-les en bas ! ordonna une énième fois le professeur.
Personne n'osa se lever. Je décidai d'être un tant soit peu raisonnable en tournant les talons.
- Il vaudrait moins que tu te taises avant que je ne change d'avis, conseillai-je à ma rivale.
- Sinon ? me défia-t-elle en s'asseyant à moitié sur sa table.
- Tu mériterais des gifles Laïla...
J'avais murmuré cette phrase comme pour moi-même mais la blonde n'y sembla pas réceptive. Au contraire, elle continuait d'afficher son air hautain avec un sourire qui ne la quittait pas. Je tirai à nouveau ma chaise pour m'y rasseoir, j'avais promis a mon père de ne causer aucun dégât irréversible et m'en prendre à Laïla en serait un énorme. Nous n'avions pas besoin de conseil de discipline ou de plaintes judiciaires sur le dos. Néanmoins, sa remarque réussit à me faire changer d'avis aussi vite que je ne l'aurais imaginé :
- C'est bien Tess. Tu es une gentille fille. Ta mère t'as sacrément bien élevée pour que tu soies aussi docile.
Je lançai un dernier regard à May avant de me lever et de fondre sur la blonde pour lui envoyer mon poing dans la figure. Elle tomba au sol, surprise. Les cris fusèrent dans la pièce tandis que je me positionnai au-dessus de Laïla qui donnait des coups de pieds à l'aveugle. Je coinçai ses jambes entre les miennes et m'assieds sur elle pour la marteler de coups sans contrôler quoi que ce soit. Mes phalanges rencontraient durement son visage qui s'abîmait de plus en plus. Elle criait, de rage ou de douleur je ne savais pas mais je continuais à la frapper tout en la maintenant au sol pour l'empêcher de bouger. Le sang éclaboussait les manches de mon pull et répendait une odeur de fer. Je lui avait sûrement brisé le nez.
Soudain une main me tira par les cheveux et une autre claqua sur ma joue me laissant rouler sur le côté. Les cris diminuèrent et le professeur aboya sur mes camarades qui avaient apparemment filmé la scène sans intervenir. Je frottai ma joue endolorie en serrant les dents. Du sang s'échappait de mon arcade sourcilière. Je ne savais pas si c'était Laïla qui m'avait asséné un coup ou juste le coin de la table qui avait arrêté ma chute. J'entendais ma rivale pousser des gémissements de douleur.- T'es morte Johnson ! Je vais te faire renvoyer de ce lycée et te mettre la misère ! J'en n'ai pas fini avec toi !
Je me retournai, toujours allongée sur le sol dur et sale, risquant un regard à la situation. Laïla était soutenue par la professeure, quelques filles lui tendait des mouchoirs pour éponger le sang qui s'écoulait de son nez. Elle avait un bleu autours de l'oeil droit et sa lèvre était fendue. Bizarrement je pensais l'avoir plus abîmée que ça...
Je souris faiblement quand elle sorti de la salle, toujours accompagnée par trois de ses amies. La professeure sonna la fin du cours. J'avais mal aux phalanges et ma tempe me faisait atrocement souffrir.
Une main se tendit vers moi. Je relevai les yeux vers ma sœur qui me proposait son aide.- Allez, me dit-elle.
J'agrippai son bras pour qu'elle me tire vers elle. Une fois relevée, elle me prit le visage entre ses mains froides.
- C'est ouvert, constata-t-elle en passant son doigt sous mon arcade.
- Sans rire, grimaçai-je.
Je grinçai les dents quand elle fit glisser sa main jusqu'à ma tempe en sang. Elle me serra dans ses bras. Elle devait être la seule personne à ne pas être fâchée ou apeurée par mes agissements.
Les élèves sortaient un à un de la classe non sans me lancer des regards curieux.
Je me retrouvai enfin seule avec mes amis. Je cherchai ma petite amie du regard. Ses yeux rougis et son regard inquiet me fendirent le cœur.- Ça c'était inattendu, siffla Elya en brisant le silence.
Je lui souris faiblement puis baissa la tête vers le sol ou quelques gouttes de sang avaient taché le parquet orangé. Je n'osais même pas regarder mes mains. Je m'écartai soudainement de May pour les regarder un par un. L'un d'eux m'avait giflé, c'était obligatoirement l'un d'entre eux. Personne d'autre n'aurait osé le faire.
- Qui m'a giflé ? demandai-je.
Ils se turent sans me donner le moindre indice. Ils ne se retournèrent même pas vers le coupable par solidarité, jusqu'à ce qu'une petite voix se dénonce :
- C'est moi.
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Un(lim)ited
RomanceQuand Tess reçoit une mystérieuse enveloppe, elle ne se doute pas de ce qui l'attend. Un nouveau lycée, un secret à garder, une nouvelle petite amie... Une seule fille viendra littéralement bousculer sa petite vie. Entre amour, haine et trahison, il...