Un(lim)ited

.10 years later.

Le minuteur sonne, me faisant sursauter. Je relève les yeux de mes papiers, scrutant Laïla pour qu'elle l'arrête. Après dix bonnes secondes de cauchemar je me racle la gorge. Aucune réaction. Je fixe donc intensément l'engin qui s'arrête subitement. Laïla tourne la tête vers moi, un sourire joueur aux lèvres :

- Dix secondes, record battu.

On reste là à se regarder. Je ne sais pas vraiment si je dois la détester pour ce qu'elle me fait subir chaque dimanche midi à essayer de me faire tenir toujours plus longtemps avec cette sonnerie ou si je dois l'adorer pour ce qu'elle m'offre. Je me laisse reposer sur le dossier de la chaise en lui souriant tendrement.

- Je te déteste.

La grande blonde hoche la tête d'un air peu convaincue et se décale pour ouvrir le four duquel s'échappe une vapeur odorante.
Des pas précipités se font entendre sur le bois des escaliers.

- Liam ! Je t'ai déjà dis qu'on ne court pas dans les escaliers ! crié-je.

Les piétinements deviennent plus réguliers et une petite tête blonde apparaît finalement à l'encadrement du salon.

- Je m'excuse maman.

- On ne s'excuse pas soi-même.

- Tess !

- Quoi ?

Une tension se crée subitement entre Laïla et moi mais d'un geste de main, elle me fait comprendre que mon comportement ne lui plaisait pas.
Elle et moi évitions de nous disputer devant notre fils. Si nous avions des choses à régler, c'était sans Liam dans les parages.
Le petit triture l'ourlet de ton tee-shirt avant de courir vers Laïla. Je ne voyais plus sa petite tête derrière le bar mais je pouvais le deviner tirer le haut de la blonde avec énergie. Laïla baisse les yeux vers lui puis sourit, elle le prend dans ses bras, le faisant s'assoir sur sa hanche.

- C'est quoi ? demande le garçon.

- Des lasagnes mon ange.

- On a des invités ?

D'habitude, Laïla ne prépare ce genre de plats qu'en grand comité. Des plats qui lui prennent souvent la matinée entière, à mes peines.

- Oui, c'est des vieux amis à maman et moi.

- Et y'aura des copains ? demande-t-il, les yeux brillants.

- Sûrement ta cousine mon coeur.

- Oh ! Chouette !

Je souris bêtement en entendant l'enthousiasme du petit qui descend des hanches de Laïla. Je range l'amas de mandats étalés sur la table et mets mon ordinateur en charge. Je viens derrière ma copine et passe mes bras autour d'elle, posant mon menton sur son épaule.

- Je peux t'aider ? demandé-je.

Elle tourne la tête pour m'embrasser la joue et indique les placards d'un geste du menton.

- Mets la table pour neuf personnes.

- J'ai pas entendu le mot magique, grogné-je.

Elle sourit, amusée et fait mine de réfléchir avant de proposer d'une voix enfantine :

- Je t'aime ?

- C'est pas ce que j'attendais mais ça fera l'affaire.

Je lui embrasse la tempe en la serrant dans mes bras puis sors les couverts.

- Liam ! Viens m'aider s'il te plaît. dis-je.

- Je suis pas là !

Je ne peux m'empêcher de sourire.