Un silence. Je poussai un long soupir, fatiguée par cette surcharge. Sarah retourna vers moi. Quand elle vit mon désarroi, elle posa ton téléphone pour venir me prendre mains chaleureusement. Son odeur douce me conforta. Elle canalisait mon effroi en quelque chose de plus contrôlé.
- Eh mon coeur, ça va aller ok ? On va rester ici jusqu'à demain. C'est peut-être une blague. Je suis sûre que ton père va bien
Elle avait l'air tellement assurée dans ses idées, tellement certaine du chemin qu'elle me faisait emprunter. Je n'avais plus la force de prendre les choses en mains. Plus la force de diriger ou contrôler quoi que se soit. J'allais enfin la laisser faire, lui faire confiance. M'abandonner à elle comme j'aurais dû le faire depuis le début. Elle était plus forte que moi, encaissait les choses avec une résistance inouïe et conseillait les autres comme si la vie qu'elle menait reflétait la perfection.
Elle m'invita à la regarder. Ses yeux bleus arrivèrent aux miens pour y échouer leur calme. Ses mains attirèrent mes hanches vers les siennes, innocentes et à la fois si exigeantes. Le monde qui nous entourait lui importait peu. Si le regard des autres pouvaient nous fusiller, elle se relèverait. Je me laissai tomber dans ses bras, éperdue. J'avais besoin d'elle et je le savais.
Laïla toussota.- Bon, nous on va s'occuper d'avertir le lycée de notre absence.
Laïla elle, émanait la puissance et l'autorité. Ce côté dominante la rendait sensuelle. Son regard... j'aurais pu vous en parler pendant des heures mais je pense que je l'ai déjà bien assez fait. C'était elle mon obsession. Sarah était mon idylle. Si j'en perdais une, je ne pourrai pas continuer avec l'autre. Cette pensée me fit frissonner. Je réalisai que mes sentiments n'étaient pas focalisés que sur une seule personne mais sur ces deux femmes qui me renversaient.
May hocha la tête et fit demi-tour, se dirigeant vers la cage d'escalier pour aller chercher le téléphone fixe. Laïla la retint soudainement par le bras, la stoppant dans son élan.- Non. Reste en bas avec Sarah, je m'en occupe. Tess, viens avec moi.
Elle dessera le poignet de ma sœur qui resta muette devant son autorité. Laïla avait le don de lancer des ordres auxquels il était impossible de contester. Non pas par manque de répartie mais parce que son assurance était telle que vous aviez envie de vous laisser faire, persuadé qu'elle savait ce qu'elle faisait.
Laïla n'attendit pas son reste et elle grimpa les escaliers calmement en suivant la rambarde de ses fines mains pâlies par le manque de luminosité.
Je déposai un franc baiser sur les lèvres de Sarah qui me caressa la nuque du bouts des doigts avec tendresse. Puis, je montai à la suite de Laïla qui ne manqua pas de me héler avec impatience. Si j'allais devoir rester enfermée toute la journée avec ces filles, autant mettre les choses au clair. J'allai me retrouver dans une situation d'inconfort entre ma petite amie et... elle.
Je la vis disparaître dans la chambre de mon père où elle communiqua avec le lycée. Les minutes s'ensuivirent. Je m'occupais pendant ce temps de réagencer ma chambre en déplacer des bricoles ça et là. Elle revint enfin après avoir salué poliment l'intendance. Elle n'eut pas le temps de poser un pied dans ma chambre qu'une barrière invisible la stoppa.- Non. Tu ne rentres pas dans ma chambre Smith.
Elle soupira en levant les yeux au ciel avec insolence.
- Pitié Tess, ne remets pas ça. Ce n'est qu'une chambre.
- C'est ma chambre. Donc je décide de qui y entre ou non et toi, tu dégages.
- Tu te comportes comme une enfant Johnson, c'est désolant.
Je me dirigeai vers l'embrasure de la porte où elle était adossé avec nonchalance. Elle tenta alors de me forcer l'entrée par pure provocation. Je me plaçai au milieu de l'entrée pour qu'elle ne puisse pas accéder à mon autre. Laïla me fixa puis dit un pas de côté pour tenter de passer. Je fis de même.
- Tu le fais exprès ? m'indignai-je.
Elle me fusilla du regard et fit un pas de l'autre coté. Je la poussai mentalement lui ôtant un cri surpris :
- Non, t'as pas le droit !
Je haussai le sourcil d'un air de défi, un rictus aux lèvres.
- Tu veux parier ?
Elle resta hébétée un court moment avant de sourire d'un air mauvais.
- Quand tu veux.
Elle avança vers moi d'un pas décidé mais elle fut à nouveau stoppée par un mur mental. Elle continua à forcer tout de même m'obligeant à redoubler de force. Je commençai à avoir un arrière-goût de sang entre les lèvres et Laïla forçait de plus en plus. Ses yeux s'accrochèrent aux miens et soudainement elle s'arrêta, ne bougeant plus. Je sentis une faiblesse factice s'emparer de moi contre mon gré. Un sourire élargit les lèvres de la blonde quand elle me vit aggriper l'encadrement de la porte, affaiblie. Je détestais perdre et encore plus contre elle. J'accumulai les dernières bribes d'efforts pour tenir debout. Laïla s'adossa avec insolence contre l'encadrement de la porte. Elle regarda ses ongles tout en continuant à drainer mon énergie. Je redressai le menton pour tenter une dernière approche. Je parvins à la faire reculer d'un bon mètre. Elle se retint à la rambarde de l'escalier en chancelant. Son emprise sur moi se coupa net aussitôt qu'elle percuta la barrière. Elle m'ordonna alors :
- Regarde moi Tess.
Sa voix était ferme. Je ne pouvais que lui obéir. L'odeur âcre du fer emplissait mes lèvres, me faisant froncer les sourcils de dégoût. Laïla s'approcha à nouveau, quelque peu ralentie par la télékinésie et se planta devant moi le souffle court. Ses yeux étaient rougis par l'effort et un mince filet de sang s'effilait de son oreille droite. Je m'écroulai sur le seuil de la porte, drainée. Mes mains empêchèrent ma tête de manger le sol durement. Laïla s'accroupit face à moi sans rien dire. J'avais encore perdu contre elle, je ne pouvais pas la regarder. De ses fin doigts, elle prit mon menton et releva ma tête vers elle. Un charmant sourire adoucissait son visage habituellement dur. Je levai une main pour la poser sur sa jambe qui frémit. Ma respiration se calmait au fur et a mesure que notre échange visuel s'éternisait. Son sourire lui faisait plisser ses yeux, la rendant femme. Elle approcha sa tête et posa délicatement son front contre le mien.
Je n'arrivais pas à l'oublier même si je m'y forçais, elle m'attirait c'était indéniable.- Tess...
Elle avait une toute autre manière de prononcer mon prénom que Sarah. C'était plus sensuel plus... excitant. J'adorais Sarah, oui mais j'aimais aussi Laïla c'était certain.
- Oui ?
Elle décolla son front et releva mon menton, échouant ses beaux yeux noisette dans les miens. Ses lèvres entrouvertes criaient un appel au désir et mon regard la suppliait de me laisser l'embrasser.
- Je t'aime, chuchota-t-elle.
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Un(lim)ited
RomanceQuand Tess reçoit une mystérieuse enveloppe, elle ne se doute pas de ce qui l'attend. Un nouveau lycée, un secret à garder, une nouvelle petite amie... Une seule fille viendra littéralement bousculer sa petite vie. Entre amour, haine et trahison, il...