Le visage de ma soeur se décomposa littéralement, laissant place à de l'inquiétude.
- T'es sûre ?
- Certaine.
Elle se releva puisbcommença à faire les cent pas. Son expression perplexe perdura un moment sur son visage avant qu'elle ne dise comme pour elle-même :
- Je croyais qu'il ne restait que nous.
Je ne répondis pas, trop occupée à analyser l'ampleur des choses. Ma soeur frappa le mur du plat de la main en jurant.
- Purée ! Bon écoute-moi, tu n'as rien vu. On ne sait rien. Elle n'a rien de spécial, nous ne sommes au courant de rien
Elle me tendit la main pour une énième fois que je saisit.
- Elle sait qui je suis, donc qui tu es, lui fis-je remarquer.
- C'est sûrement un tatouage banal.
- Non May. Elle est comme nous. Tu ne ressens pas des choses étranges quand t'es à proximité d'elle ?
- Je... je ne sais pas, balbutia-t-elle.
- May c'est important !
Elle porta sa main derrière son oreille, hésitante.
- Ça brûle.
Je hochai la tête avec gravité. Sarah fit soudainement irruption :
- Les filles, ça fait dix minutes qu'on vous cherche !
Nous tournâmes la tête en même temps pour l'apercevoir à bout de souffle. La brune se raidit quand elle vit mes yeux rougis et mon air grave.
- Mon cœur... ça ne va pas ?
Elle porta sa main à ma joue en essuyant les ruines de mes larmes de panique.
- Elle avait une moucheron dans l'oeil, feinta ma sœur.
Cette excuse trop peu originale. Et pourtant Sarah avait l'air d'y croire car elle ne chercha pas à creuser plus loin. Nous repartîmes vers le stade où le prof annonçait nos résultats et nos notes qui y correspondaient.
Si Laïla était l'une des nôtres, ça voulait dire que nous n'étions plus les seules, qu'il ne nous cherchait pas seulement ma soeur et moi mais aussi Laïla et sûrement d'autres personnes. Qu'il avait un but précis et que Laïla était forcement incluse dans le lot. J'étais partagée entre tout lui dire et ne rien lui dévoiler. Cette indécision allait me porter défaut longtemps.
Le prof referma son cahier de notes avant de nous interpeler :- Laïla, Tess, j'aimerais vous voir deux minutes. Les autres, aux vestiaires.
La masse d'élève s'exécuta sans broncher. Je restai cependant assise, encore perdues dans mes réflexions.
- Écoutez les filles, je sais qu'entre vous ce n'est pas l'amour fou. Nombreux de vos profs m'ont parlé de vos affronts dans leur cours et combien ils étaient désemparés. Mais si j'ai remarqué une chose, c'est que dans mes cours vous vous menez une constante rivalité. Autre chose, vous avez fait les deux meilleurs temps de toutes mes classes de terminale. J'aimerais que vous vous serviez de votre rivalité pour vous surpasser.
- Vous êtes en train de nous encourager à nous détester ? maugréa Laïla.
- Non ! Pas du tout ! Je vous dis de vous servir de cette haine pour aller plus haut, pour vous surpasser. Vous n'êtes pas si différentes que ça...
Je m'attendais à une réponse cinglante de la part de Laïla mais rien. Elle me regardait, immobile. Elle comme moi, avions compris la tournure de la phrase. Je ne devais rien laisser deviner, rien. Je ne suis au courant de rien.
Rien du tout.- Au contraire, nous n'avons rien en commun elle et moi et nous n'aurons jamais rien, rétorquai-je en fixant la blonde.
Je me levai rapidement et pris congé auprès de mon professeur qui me reprocha mon pessimisme.
Je me dirigeai vers les vestiaire quand on m'attrapa la manche.- Mais putain qu'est ce que je t'ai fais Tess ? Où est-ce que ça a merdé pour qu'on se déteste à ce point ?
Laïla avait les yeux écarquillés. Je pouvais y lire une pure incompréhension.
- Ça a merdé au self Laïla.
Je dégageai mon bras de sa poigne et continuai mon chemin. Elle me rattrapa bien vite et marcha à mes côtés en s'énervant :
- Attends, et c'est pour un putain de plateau-repas qu'on se déteste ?
- Non.
Arrivées au bâtiment, je poussai la porte, pénétrant dans le couloir. Je fus emportée à contre-sens par les élèves qui en ressortaient. May me prit le bras, effectuant une légère pression pour me rassurer puis sortit accompagnée de Sarah et d'Elya. J'entrai dans le vestiaire des filles, Laïla à ma suite.
- Si tu continues à être bornée je vais vraiment finir pas te haïr Tess.
Je me changeai sans un mot, dos à Laïla. Parce qu'elle ne me haïssait donc pas déjà ?
- Eh bien déteste-moi. C'est ce qu'on sait faire de mieux toi et moi, ricanai-je.
- Mais c'est normal ! T'es tellement imprévisible. Je ne sais jamais sur quel piedvdanser avec toi ! Dis-moi ce que j'ai fais pour mériter autant de haine Tess, dis-moi !
Sa voix se brisa. L'écho rebondit entre les murs.
Elle était à l'autre extrémité de la pièce, son bonnet enfoncé sur la tête, les mains suspendues en l'air sous le coup de l'énervement.- Dis-moi, chuchota-t-elle.
J'ouvris la bouche plusieurs fois, hésitante. Elle secoua la tête désespérée et s'avança vers moi, me planquant le chouchou que je lui avait prêté sur la poitrine.
- C'est bien ce que je me disais. T'y prends du plaisir mais en réalité t'as aucun motif pour justifier ça. Tu me déteste parce que je suis la seule personne qui te tiens tête et qui le fait bien. Tu me tiens tête parce qu'on se ressemble. J'ai raison hein ?
Elle appuyait son doigt sur le creu de mon épaule. Elle m'énervait de plus en plus mais là elle m'avait pris au dépourvu. Ses yeux étaient brillants. Dans sa voix pointait le désespoir et je m'en voulut de l'avoir mise dans cet état de détresse aussi rapidement.
- Non, soufflai-je sans la quitter des yeux.
- Alors pourquoi ?
Un silence.
- Parce que tu es entrée dans ma vie.
Je lui frappai le bras pour me dégager et partis en la laissant plantée au milieu du vestiaire. Un lourd fracas se fit entendre suivit d'un juron, Laïla avait du renverser la poubelle.
Les choses prenaient une tournure inattendue et je n'étais pas au bout de mes surprises.
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Un(lim)ited
RomanceQuand Tess reçoit une mystérieuse enveloppe, elle ne se doute pas de ce qui l'attend. Un nouveau lycée, un secret à garder, une nouvelle petite amie... Une seule fille viendra littéralement bousculer sa petite vie. Entre amour, haine et trahison, il...