Nous

11.5K 466 12
                                    

Crochet droit, coup de pied, étranglement et mise au sol de l'adversaire.
Je relâchai Mike et lui tendis la main pour l'aider à se relever.

- Vas-y moins fort la prochaine fois ! Tu m'as fais super mal, dit-il en se frottant la tempe endolorie.

Je ris et lui tapote la joue du plat de la main.

- Fais pas ta chochotte.

Il me poussa l'épaule, je fis mine de vaciller en riant.
Mike était mon ami d'enfance, mon seul ami en fait. Il était également le seul au courant de mes capacités cachées et trouvait ça "dément".
J'enlevai mes gants et les rangeai dans mon casier. Mike et moi saluâmes notre coach avant de sortir de la salle de boxe. Mon père m'avait inscrite ici pour extérioriser mes émotions et me canaliser autrement qu'en envoyant valser les chaises et les vases contre les murs. Ça m'était bénéfique autant mentalement que physiquement. Ma soeur elle, avait opté pour de l'aïkido. Je ne voyais pas en quoi elle pouvait extérioriser ses états d'âme avec des cours de psychologie. Elle me répétait sans cesse que savoir se maîtriser était mieux que de se défouler et je la contredisai à chaque fois.

L'air était doux et le bitume brûlant. Les températures atteignaient des records, les gens affluaient dans les rues. Je trouvais ça stupide : quand il faisait bon il n'y avait pas un chat dehors et quand la chaleur devenait insupportable, on pouvait à peine marcher. Paris était bien trop peuplé à mon goût mais mon père avait son travail ici alors nous n'avions pas le choix. Il fallait dire que nos déménagements avaient été fréquents, c'était l'une des principales raisons pour laquelle je n'avais pas d'amis ou très peu. Mike était resté en contact avec moi, même quand je me faisais traîner à l'autre bout du monde. Je lui devait une reconnaissance et un attachement éternel.

- On se voit demain au lycée ? demanda mon ami.

- Malheureusement, ouais.

Il m'embrassa la joue et pris la direction opposée à la mienne, les mains dans les poches. Ce garçon avait tout pour lui mais refusait de le voir.

***

Je poussai la porte d'entrée et fis planer mon sac pour le faire atterrir dans le placard.

- Tess on avait dit pas de ça dans la maison...

Ma sœur, une éternelle perfectionniste et par la même occasion, une version copiée collée de l'originale.

- Économie d'énergie.

Faux. Utiliser nos pouvoirs nous demandait un minimum de concentration et un afflux sanguin important car le coeur pompait bien plus pour nous donner une force supplémentaire mais je n'avais pas envie de débattre avec ma soeur maintenant. J'ouvris le frigo en quête d'en-cas mais celui-ci se referma net sous mes yeux. Je poussai un soupir d'agacement.

- May...

- Tu sors de sport.

- Justement, je crève la dalle, rétorquai-je.

Mon géniteur fit irruption dans la pièce et déposa un chaste baiser sur mon crâne avant de faire de même avec ma soeur.

- Salut les filles, belle journée ?

- Ouais, dîmes en même temps.

Mon père posa une lettre sur la table. Je n'y prêtai pas de suite attention et rejoingnis ma sœur à table pour éplucher une mandarine. La yeux de May ne quittaient pas son manuel de maths, elle faisait de temps à autre remonter ses lunettes sur son nez avec une grimace. Je peinais à dévêtir mon fruit si bien que je me munis d'un couteau pour couper des tranches directes. Une fois ma patience satisfaite, je portai un à un les quartiers improvisés à ma bouche, le regard divanguant. Mon attention glissa sur le courrier que mon père avait mise sur la table. L'une des lettres était à mon nom accompagné de celui de ma sœur. Je la regardait un long moment puis interrogeai mon père du regard.

- Je ne sais pas de qui c'est chérie, je ne l'ai pas lue, m'assura ce dernier.

Je fronçai les sourcils. Maladroitement, je coupai un morceaux de sopalin pour m'essuyer les mains avant de prendre l'enveloppe avec une certaine curiosité.

Un(lim)itedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant