L'oiseau qui gloussait

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Un large bâtiment se dressait face à elle ; elle s'approcha et lut le mot coréen à côté du portail d'entrée, curieuse de savoir pourquoi son subconscient l'avait amené ici. Il s'agissait d'une école internationale. Margot fit aisément le lien entre son âge et cet endroit, ses yeux brillèrent de satisfaction. Il était plus que probable qu'elle était une étudiante étrangère. S'empêchant de sautiller de joie – même si personne ne la verrait –, un choix s'imposa : soit elle ignorait sa découverte et se charger de sa mission divine, soit elle fouillait dans son passé pour obtenir des réponses. 

La jeune blonde n'hésita pas très longtemps, son désir prenant le dessus. Elle aperçut un gardien à l'entrée et sourit en se rappelant qu'il ne la repérerait pas et qu'elle pouvait pénétrer dans l'enceinte de l'école sans difficulté. Margot s'avança jusqu'à lui et voulut tester les dires d'Amriel. Elle brailla des mots incohérents et attendit une réaction de cet homme, mais il ne broncha pas. Elle se pencha et hurla dans ses oreilles. Il frissonna, mais l'air était frais et elle en conclut qu'il ne l'entendait définitivement pas. Cependant, elle jura près de lui et il frémit de nouveau. 

— Les vivants sentent ma présence, mais ne peut ni la voir, ni l'entendre... Bon sang que c'est agaçant !  

Elle fit claquer sa langue contre ses dents et soupira bruyamment. La jeune femme se fit la réflexion que les relations sociales lui manquaient déjà et qu'elle avait besoin de parler à quelqu'un. Était-elle une personne extravertie avec plein d'amis ? De par son intuition, elle pensait plutôt être une personne timide et réservée ; elle l'avait été avec les faucheurs, en tout cas. 

Loin d'être de bonne humeur, elle entra dans cette école, passant le grillage sans effort. Plus elle se dirigeait vers l'intérieur, plus elle quittait un silence paisible pour du brouhaha omniprésent. Elle distingua une cour centrale avec un terrain de football et de basketball côte à côte, et même un espace pour pratiquer le tennis un peu plus à l'écart, ainsi qu'une piste de course qui entourait le tout. Il y avait aussi un coin fleuri avec des haies taillées. 

— C'est vraiment splendide ! dit-elle avec un regret immense de ne plus faire partie de cette vie. 

Elle traversa la cour en laissant traîner ses yeux sur les joueurs et sur les différentes filles qui les encourageaient. Rapidement, elle débarqua dans un hall où se regroupaient tous les étudiants. Des occidentaux, orientaux, asiatiques, toutes les ethnies, toutes les couleurs de peaux, toutes les idéologies, toutes les religions, un lien d'échange culturel. Elle s'en émerveilla quelques secondes, avant d'être surprise par la sonnerie qui résonna puissamment dans les couloirs.

Elle supposait que tous les élèves iraient dans leur salle de cours, mais en réalité ils ne rentrèrent pas immédiatement, puisque ce n'était que la pause. Certains sortirent de leur classe et retrouvèrent les autres. Quelques-uns partirent promptement à l'extérieur pour fumer, et la majorité d'entre eux s'assit pour discuter, et une poignée des étudiants grignota. Les plus infatigables se ruèrent sur les terrains de sport et se joignirent aux matchs. Mais ce qui dévasta Margot fut les rires. Ils riaient tous et aucun ne riait avec elle. Seule, abandonnée, et condamnée à les observer, emprisonnée dans un mutisme éternel.

— Tu connais la rumeur ? s'enquit une élève à qui elle n'accorda pas de grande attention, bien trop accaparée par sa cruelle contemplation.

— Tu parles des Rosea ? Oui, je suis au courant ! répliqua un garçon. 

Margot continua d'admirer les couloirs remplis sans s'intéresser à la conversation, trop éloignée des deux étudiants. Elle passa à côté d'informations précieuses. 

— L'histoire me fait froid dans le dos, ajouta-t-il. Tu imagines l'état de la famille ? Quatre morts en seulement quelques jours. Quelqu'un là-haut les déteste ou ils sont maudits. J'ai du mal à croire que ce soit un accident !

Avenge the FallenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant