Un lien immortel

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Park Jae-Sun demeura pantois un moment après le départ des faucheurs et se risqua à quelques coups d'oeil vers la jeune blonde qui fulminait en serrant les poings ; elle était déçue et n'arrivait pas à considérer le point de vue des cieux. Pour Margot, c'était sa vision qui était juste et logique et elle ne comptait pas changer d'avis de sitôt. Bien sûr, elle comprendrait bien vite de quoi le monde est fait. 

— Au point où nous en sommes..., soupira le pianiste, autant attendre qu'un Ange de la Mort débarque et te ramène de force là où vous...vivez.

— Les faucheurs vivent sur terre ! grogna-t-elle avec mauvaise foi. 

— Si j'ai bien suivi, techniquement, vous habitez plutôt...

Elle lui lança un regard noir et il ne termina pas sa phrase, mais il pointa le plafond. Finalement, elle décrispa ses traits et bougonna :

— Je veux continuer d'être sur terre et d'être humaine.

L'étudiant ressentit sa peine et il ne put rien pour l'aider. Jae-Sun savait qu'elle n'était plus une humaine depuis la seconde où son âme s'était détachée de son corps ; elle n'était plus qu'un esprit, une créature morte et immatérielle qui avait une mission à accomplir et qui refusait de s'exécuter. Plus rapides étaient leurs avancées sur son meurtre, plus tôt elle se pliera aux lois des Anges de la Mort. Il en avait parfaitement conscience et décida de se mettre immédiatement au travail. Se levant du canapé et l'étreignant lentement afin de la calmer, il rassembla les pensées qui l'avaient occupé toute la nuit et il lui en fit part.

— Je ne connais pas vraiment ta famille ou ton entourage en dehors de l'école, parce que...eh bien, je ne me suis jamais intéressé aux articles de journaux sur les Rosea. Donc, je ne peux pas t'apporter des informations précises sur les personnes que tu côtoyais. Ce que je peux faire en revanche, c'est te conduire à la bonne personne.

Elle se sépara de lui avec une moue aux lèvres, s'imaginant qu'il l'aiguillerait davantage, mais Jae-Sun se contenta de lui sourire et lui prit la main en rejoignant son entrée. Il enfila promptement sa fidèle veste en cuir et ils quittèrent son appartement promptement. Le jeune homme était clairement fier d'avoir eu cette idée et il serpenta dans les rues de son quartier muni d'une nouvelle détermination. Margot était de plus en plus touchée par lui et en même temps elle saisissait de moins en moins ses réactions. N'importe qui se préoccuperait plutôt de son futur décès et l'ignorerait, mais il était prêt à tout pour lui procurer des réponses, y compris à sacrifier ses derniers jours. Son regard insistant posant sur son dos attira son attention et l'étudiant pivota vers elle, tout en continuant d'avancer. Il lut sa question muette dans ses yeux limpides et pouffa :

— Ne gaspillons pas les minutes qu'il nous reste. Quand je mourrai, tu n'auras plus accès à ce monde, ou du moins tu ne pourras plus enquêter aussi facilement. Donc, je profiterais du peu d'instants à ma disposition pour que tu te serves de mes mains et de ma voix ! De toute façon, qu'est-ce que j'aurais fait sans toi ?

— Je ne sais pas, répondit-elle ironiquement. Tu aurais peut-être vécu tranquillement tes derniers jours !

— Tranquillement ? s'exclama-t-il, en contournant les tables à l'extérieur d'une supérette. Tu ne t'en souviens plus, Margot, mais les cours dans cette école sont un véritable enfer ! Enfin, le mot est mal choisi, mais c'est à peu près ça. Crois-moi, cela ne me dérange pas du tout !

— Tu es malade, je te rappelle. C'est ce que tu as dit à l'école. 

— Je prétexterais que j'ai des affaires à récupérer dans mon casier. Ne t'inquiète pas ! Il y a toujours un moyen d'entrer et de sortir de cette école ! La sécurité est tellement mauvaise. 

Avenge the FallenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant