Avenge the Fallen

Bubble tea et Cupcakes

Margot avait disparu depuis plus d'une heure et Jae-Sun s'inquiétait de plus en plus de ne pas la voir revenir. Ses pensées commencèrent à divaguer et il inventa des scénarii dans lesquels Jade était sur le point de s'enfuir après avoir commis les meurtres et que la jeune blonde la suivait afin qu'elle ne s'envole pas. Ou bien la faucheuse n'avait peut-être plus été en mesure d'entrer en contact avec le monde physique et elle bravait quelques difficultés. Après plusieurs longues minutes à pester contre lui-même, le coréen soupira lourdement et décida de sortir pour s'aérer.

Il attrapa rapidement un post-it et y écrivit son projet pour ne pas que Margot le cherche à son retour. Jae-Sun enfila son manteau, prit son portable et mit ses chaussures, puis il dévala les escaliers et atterrit dans la large rue où se situait son immeuble. Il s'engouffra dans la première avenue et se guida à sa mémoire : il avait récemment découvert un nouveau café qui vendait, selon les dires des internautes, de délicieux cupcakes. Il en commanda une demi-douzaine et acheta aussi trop boissons fraîches en essayant de choisir des goûts assez généraux et qui pouvaient plaire à n'importe qui.

Il se dirigea par automatisme au bord de la mer et marcha un moment à côté de la plage. Il adorait vivre dans le coin pour cette raison, il était constamment proche de cette eau bleue et limpide. L'étudiant flâna à Haeundae et dégota même un bracelet en argent, tout simple. Il songea à l'offrir à la jeune faucheuse. Plus il imaginait le futur, plus il se tourmentait pour elle. Margot n'arrivait pas à gérer sa nouvelle nature maintenant et avec son soutien, alors elle aurait d'autant plus de peine à ne pas être submergée après sa mort. Ainsi, avec ce bijou, elle aurait un souvenir de lui, concret et réconfortant.

Par la suite, il eut une idée tout à coup et appela un taxi, parce qu'il n'avait vraiment pas la motivation de passer par le métro. Jae-Sun transmit l'adresse des Alfieri au chauffeur. Arrivé devant leur porte, il nota que ce n'était peut-être pas un bon plan, mais il ne put faire machine arrière puisqu'il avait déjà toqué. Il se traita d'idiot et regretta pendant une seconde son élan, se demandant finalement pourquoi il était ici. Comme la dernière fois, Livia lui ouvrit avec son immense sourire et ses grands yeux écarquillés par la surprise de le rencontrer à nouveau. Elle était encore vêtue de sa robe noire, mais avait à priori entrepris de se démaquiller. Le coréen s'apprêta à la saluer, toujours en se fustigeant, mais la belle italienne le devança :

— Oh, mon pauvre chéri ! Tu as bien fait de venir ! Entre, entre, nous aussi, nous sommes dévastés par l'enterrement.

Il ressembla davantage à un poisson qu'à un humain, à cet instant. Jae-Sun demeura pantois sur le pas de leur porte jusqu'à ce que Livia lui empoigne la main et l'attire dans une étreinte quasi-maternelle. Croyait-elle qu'il était là, parce que l'enterrement l'avait chamboulé ? C'était visiblement le cas.

— Il ne faut surtout pas rester seul ! Je suis contente de te revoir. J'ai voulu te parler à l'enterrement, mais tu étais bien accompagné. Thomas va bien ? Je me suis faite un sang d'encre pour lui ces derniers jours !

— Il... Il tient le coup ! 

Le coréen n'en était pas si sûr, mais Livia semblait dans tous ses états, vulnérable et fragile, donc il la rassura. La mère de Laura agit avec lui de la même façon qu'elle le ferait avec un enfant en bas âge. Elle saisit sa main derechef et l'entraîna jusqu'à son salon où elle l'assit et l'informa dans une voix nasillarde qu'elle revenait tout de suite. Il n'y avait aucun doute, sa fille avait hérité son comportement d'elle ! Les bruits intriguèrent le père qui sortit sa tête de l'entrebâillement de la porte de son bureau et il fut ravi de la présence de Jae-Sun. Il lui serra chaleureusement la main.

— Je ne vous dérange pas ? voulut s'assurer le plus jeune. 

— Bien sûr que non ! Tu es le bienvenu n'importe quand !