Le coup de sifflet

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Maintenant qu'ils s'étaient enfin débarrassés de Chul-Hei, ils devaient enclencher la phase suivante de leur enquête.

— Moi, j'ai un vrai plan. Ou plutôt, un billet d'entrée. Jade Bizet. 

Ni une, ni deux, ils se dirigèrent vers le Busan World Hotel, en priant pour que Jade ne se soit pas encore envolée. Ils montèrent immédiatement à l'étage, guidés par la faucheuse, ce qui surprit la femme de l'accueil. Elle ne croyait pas avoir enregistré ce jeune homme et il arborait pourtant une grande confiance dans son allure. Elle haussa les épaules et regarda les battants métalliques de l'ascenseur se refermer sur lui. Arrivés devant la bonne porte, il toqua une première fois et sans réponse il réitéra son geste avec plus d'énergie. Finalement, Jade apparut et les traits de son visage s'émiettèrent en reconnaissant le coréen. 

— Mon harceleur préféré ! Qu'est-ce que tu fiches là ?

Elle laissa la porte ouverte et il n'attendit pas pour entrer dans sa chambre d'hotel.

— Tu travaillais donc pour les Rosea, j'avais raison ! Je suppose que tu m'as interrogé pour qu'ils sachent si je détenais des informations compromettantes sur eux, ou pas ! J'avoue que je n'ai pas été très maligne en te racontant tout... Mais, je ne dirai plus rien. Promis, juré ! Je tire définitivement ma révérence ! Ciao Busan ! Ciao la Corée du Sud !

— Certainement pas ! contra Jae-Sun et elle se redressa aussitôt, perplexe. Je ne travaille pas pour les Rosea, bien au contraire ! Je vous ai interrogé, parce qu'il est capital que je sois au courant de ce qui se trame dans cette maison ! Vous ne partirez pas tout de suite. Vous resterez...et vous me rendrez un service. 

Elle s'en retrouva stupéfaite. Margot aussi. Revoilà le Jae-Sun sûr de lui, fier et un brin hautain, qui n'autorisait pas de refus. Jade posa la robe qu'elle tenait et poussa sa valise pour s'asseoir sur son lit ; elle ne se détourna pas une seconde de ce regard. Elle s'apprêta à lui répondre et probablement à lui demander pourquoi elle devrait lui obéir, mais il la devança.

— Je vous remercie pour toutes ces précieuses informations, mais ce n'est pas suffisant. Il m'en faut plus. Il me faut pénétrer dans la maison des Rosea sans être repéré et malheureusement je sais qu'ils bossent de chez eux aujourd'hui. Vous m'aiderez à les faire sortir. 

Chul-Hei l'en avait averti et il ne s'était pas rendu compte d'à quel point il les avait aidés. 

— Nous sommes désormais des associés ! continua-t-il. Voici ce que vous ferez. D'abord, vous contacterez les Rosea et vous leur expliquerez que vous êtes d'accord pour partir du pays. Vous acceptez également leur billet, mais vous le voulez en main propre. Vous exigerez une dernière conversation. Vous insisterez sur le fait que ce sera la seule et ultime conversation que vous aurez et qu'ils vous le doivent bien ! Vous imposerez aussi le lieu de rendez-vous. Je vous laisse choisir. Quelque part assez loin pour nous permettre de fouiller en toute tranquillité, mais assez près pour qu'ils ne rechignent pas. Ils ne se déplaceront jamais à l'autre bout de la ville pour vous. Le plus important, Jade, retenez-le, c'est que Mireille doit être à ce rendez-vous ! D'accord ? Vous les occuperez le plus longtemps possible.  

Un ange passa entre eux. Pour toute réponse, elle lui rit à la figure, le bousculant pour attraper ses affaires personnelles derrière lui. Jae-Sun lui lança un regard tout à fait sérieux qu'elle méprisa royalement. Margot présagea que la situation leur échappait. Sans la secrétaire et avec les Rosea dans les parages, comment accéder au coffre de sa grand-mère ? Jade avait pratiquement vidé sa chambre et rempli ses bagages, et elle enfilait son manteau. Le coréen chercha de nouveaux mots qui la convaincraient, mais il était à court d'arguments. La faucheuse se sentit impuissante et se rappela soudainement qu'il était sa voix. Elle lui dicta les mots qui, elle l'espérait, toucheraient cette femme de glace. Il relaya :

Avenge the FallenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant