Combattre l'impériale fatalité

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La jeune faucheuse n'en crut pas ses oreilles et une dizaine de secondes s'écoulèrent pendant qu'elle fixait le garçon, immobile et sans émotion. Elle comprit pourquoi Amriel l'avait convoqué ici et pourquoi les Archives se préoccupaient tant du sort du coréen. Qu'il meurt naturellement ou par n'importe quel accident, cela ne la dérangeait pas parce qu'il l'avait accepté et elle n'irait pas à l'encontre de sa volonté. Par contre, il était absolument hors de question que son ami parte en confrontant ses meurtriers. Elle ne le permettrait pas.

Son regard se chargea de ténèbres et avant que la foudre ne s'abatte sur Valentino qui avait au moins eu la bonté de la prévenir, elle préféra partir. Margot courut aussi vite qu'elle le put et envisagea d'enlever ses talons, mais elle atteignit l'embarcadère en un rien de temps et elle sauta sans hésiter dans la lumière bleue. A cet instant, elle n'avait qu'une seconde pour déterminer l'endroit où elle atterrirait. Aller chez les Rosea ne servirait pas à grand-chose. Elle devait empêcher sa mort par le plus grand coup qu'un faucheur puisse faire : abattre la personne qui l'avait tuée.

Elle se laissa tomber sur Busan, non loin de son ancienne maison, sur une des rues parallèles au quartier. Elle se planta au milieu avec une idée bien précise en tête. Margot inspira longuement et elle hurla à plein poumon, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'elle ait des vertiges. Beaucoup de passants la traversèrent sans la percevoir. Entre chaque cri, elle s'arrêta une poignée de secondes et sondait les environs. La faucheuse persista encore et encore, quand tout à coup un homme lui fonça dessus, l'attrapa par les épaules et lui demanda avec inquiétude :

— Est-ce que vous allez bien ? Vous avez besoin d'aide ? Vous avez mal quelque part ?

Son plan avait fonctionné. Margot était au bord de l'évanouissement et elle se tint à ses bras.

— Tu t'appelles comment, toi ?

D'abord dérangé par sa familiarité, cet homme répondit par réflexe, soucieux de la santé de cette jeune blonde.

— Noh Jin-Hyun. Est-ce que vous êtes perdue ?

— Tu n'imagines pas à quel point ! répliqua-t-elle en récupérant son souffle. Noh Jin-Hyun, tu es extrêmement important, alors tu vas m'écouter avec la plus grande attention. C'est clair ?

Soudainement, l'homme qui n'était pas vraiment plus âgé qu'elle se rendit compte que la jeune femme n'était pas nette et il recula, mais Margot le maintint en s'agrippant à lui.

— Reste là, Jin-Hyun. J'ai quelque chose de primordial à te dire et je suis désolée, tellement désolée, de ne pas pouvoir prendre mon temps pour te ménager. Il faut que tu sois fort et que tu te ressaisisses rapidement. D'accord ?

Elle parut complètement folle aux yeux de l'homme, mais pour une raison étrange il ne parvint pas à se détacher et à partir. Dans son extravagance sordide, il vit une logique et il se sentit aussi important qu'elle l'affirmait. Jin-Hyun se surprit à opiner du chef et Margot lui sourit faiblement.

— Pour faire court, je suis morte. Au lieu de rejoindre le paradis ou l'enfer, j'ai été envoyée dans le service des Anges de la Mort. Tu connais forcément avec toutes les séries et les légendes à ce sujet ! Les coréens adorent les faucheurs ! Bref, j'en suis une et j'ai tenu à enquêter sur ma propre mort. Durant ce processus, j'ai utilisé une personne comme toi, une personne capable de me voir, mais maintenant il est sur le point d'être tué par mon meurtrier ! Aide-moi à empêcher cette tragédie. Remplace-le et sois ma voix, mes mains et mon lien avec le monde !

Bien évidemment, elle reçut un regard perplexe et défavorable à ses propos. Elle faillit rouler des yeux et s'engager dans de nouvelles explications, lorsqu'elle lut un éclat de doute dans les yeux de l'homme. Celui-ci ne croyait pas du tout aux divagations de cette femme et considérait de contacter les autorités pour qu'elle soit amenée dans un hôpital psychiatrique. Cependant, il était très près d'elle et pouvait donc l'observer à sa guise. Jin-Hyun manqua de s'étouffer en s'apercevant qu'elle partageait ses traits avec une jeune femme récemment morte. Quelque peu paniqué par cette constatation, il bafoua :

Avenge the FallenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant