Best friend's brother (TERMINEE)

20. MICRO ET LINK

Un bip sonore résonne et je relève la tête soudainement. Merde, j'ai réussie à m'endormir sur le plan de travail le temps des trois minutes du temps de chauffe de la bouilloire de Lex. Elle m'a sorti du thé et quelques gâteaux avant de partir rejoindre Chris, sûrement. Je n'ai pas faim, comme habituellement en ce moment, donc j'ai rangé, convenablement les gâteaux dans le placard. Par contre, le thé de Lex n'est pas de refus, et j'ai l'impression qu'il m'aide davantage à trouver le sommeil et dormir quelques heures de plus dans la journée. De plus, il est excellent. J'attrape un mug, sur une étagère et le remplit d'eau bouillante. Je prends un sachet de thé et le plonge dans la tasse fumante. Je met mes deux mains autour du récipient et pousse un bruit de gorge cadavérique. La sensation chaude, contre ma peau fraîche, me fait le plus grand bien. Je ferme les yeux, quelques instants, humant le breuvage avec délice. C'est dans ce moment de plénitude, quand j'arrive à oublier quelque peu ma vie et ce qui s'y passe à l'heure actuelle, qu'on sonne à la porte. Merde.

Je soupire avant de poser ma tasse sur la petite table basse non loin de moi et de m'aventurer sur le canapé. Ma place favorite de ses derniers temps. Je vérifie que j'ai bien mon équipement de survie, c'est à dire, télécommande, mouchoirs et, bien évidemment, bouteille d'eau plus plaid tout doux avant de m'engouffrer complètement dans le sofa moelleux qui me sert de lit. Le visiteur mystère, qui il soit, va bien finir par partir, n'entendant plus aucun bruit. Je pose ma tête sur l'appuie tête et attend sagement tandis que la sonnette résonne une seconde fois. Je ne me lève pas pour autant. Je reste immobile, n'ayant pas la moindre envie et l'intention d'aller ouvrir à mon inconnu. Puis sa voix s'échoue derrière la porte. Je l'entends dans l'habitacle de l'appartement. J'entends mon prénom et il sonne tendrement, mélodieusement presque dans sa bouche. J'ai l'impression de rêver et c'est un rêve des plus agréable. Je sens la nostalgie me gagner, ainsi que la peine de nouveau. Ressaisi toi Anna, cela commençait aller mieux.

- Link... Je sais que tu es là.

Je ne rêve plus. C'est bien lui. Le surnom qu'il m'a donné peu de temps après notre rencontre, partant du principe que j'étais son unique lien dans cette école de fous comme il le disait souvent, en sortant des projets exténuants et de contrôles aberrants que pouvaient nous donner les professeurs. Je me relève doucement, fébrilement et marche, comme un automate, vers la porte d'entrée, à quelques mètres. J'avale ma salive, inspire doucement et pose ma main, tremblante presque, sur la poignée de la porte en chrome argentée. Celle-ci, habituellement fraîche dans mes mains, est presque chaude tellement j'ai les mains moites, mon sang tape dans mes veines, mon cœur tressaute et j'ai le souffle court. J'ouvre la porte légèrement et croise instinctivement ses yeux. Ses pupilles chocolats, ses cheveux complètement en bataille, légèrement plus long que ceux de son frère. Il me toise, m'examine des yeux, les lunettes sur le nez, ses taches de rousseur ressortant comme des petits grains de sables brillants sur sa peau bronzée. Il pose alors sa main sur la porte, me forçant à me déplacer quelque peu en arrière. Son geste est lent, timide mais conscient. Il semble mal à l'aise, il guette ma réaction pour savoir sûrement comment réagir.

Je recule d'un pas encore, le dévisageant littéralement apeurée. Je me remémore ses mots, la noirceur de son regards, il y a peu de temps encore, la douleur de me dire que je ne le reverrais plus jamais. La porte s'ouvre en grand, il ne lâche pas mes iris pour autant. Il met ensuite les mains dans ses poches, et bouge d'un pied sur l'autre. Il a l'air gêné, peu serein. Sait-il vraiment ce qu'il vient faire ici ?

J'essaye d'ouvrir la bouche, de lui parler mais les mots et le courage me manque. J'ai peur que si je bouge, si j'émet le moindre mouvement, il s'en aille, il s'éclipse et disparaisse comme un horrible cauchemar. La boule de nerf et de chagrin se place, comme habituellement ses derniers temps, au milieu de ma gorge. Je la ressens comme si j'avais quelque chose de bloqué au fond de mon œsophage.