CHAPITRE 8 - LOUIS

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La sonnerie stridente de mon réveil me sort du sommeil en sursaut. Je suis si fatigué cette semaine que je ne me réveille même plus avant ce son insupportable. Je tâtonne vers la table de chevet pour éteindre l'appareil maudit, passe ma main sur mon visage et soupire. J'aimerais vraiment prolonger ma nuit aujourd'hui.

Je sors de mon lit, puis de ma chambre et m'engage dans l'escalier pour descendre avaler une grande tasse de café, histoire de me réveiller pour mieux attaquer la journée.

La marche que je dois réparer depuis des semaines craque sous mon poids. Le bruit, plus fort qu'à l'accoutumée, me surprend et je m'emmêle dans mes propres pieds. Je dévale l'escalier sur le dos, tentant de me freiner avec la rambarde.

"Merde !" je ronchonne en arrivant en bas des marches, frottant le bas de mon dos endolori.

Je me relève tant bien que mal et m'étire. Il ne manquait plus que ça. Je soupire. La journée risque d'être longue.

***

Je me sers ma troisième tasse de café de la matinée avant de retourner au comptoir de la réception. Nous avons plusieurs clients qui arrivent aujourd'hui et je m'assure que les chambres sont prêtes.

La porte d'entrée s'ouvre et attire mon attention. Je relève le nez de l'écran d'ordinateur pour saluer le nouvel arrivant. La capuche remontée sur la tête et les lunettes de soleil vissées sur le nez, je n'ai pourtant pas de mal à reconnaître le fameux Harry Styles.

Cinq jours qu'il séjourne aux Capucines, cinq jours que je le croise et le salue, quatre fois où il m'ignore totalement. En employé modèle, je prends sur moi et lui adresse mon meilleur sourire.

"Bonjour Monsieur Styles !"

Son visage se tourne à peine vers moi et évidemment il ne me répond pas. Il traverse la réception et le salon à grandes enjambées avant de gagner l'escalier qui mène à sa suite.

J'ai placé ce gars sur un piédestal. J'avoue apprécier sa musique et avoir quelques-uns de ses albums. J'étais loin d'imaginer qu'il pouvait être autant antipathique.

"Après qui tu en as ?"


La voix de Reese me sort de mes pensées. Je tourne mon visage vers elle et l'interroge du regard.


"Tu pestes dans ta barbe. Qu'est-ce qu'il y a ? elle précise.

- Ton pote est vraiment un con, je chuchote au cas où Harry ne soit pas monté.

Mon pote ? Quel pote ?

- Monsieur Harry Styles, je réponds après m'être assuré que Reese et moi sommes seuls.

Pourquoi tu dis ça ?

- Il ne répond pas quand je lui dis bonjour, il tourne à peine le visage. Ce gars est un con !

- Louis, ne le juge pas si rapidement.

- Mais Reese, ouvre les yeux, putain ! A quel moment il est sympathique ce mec ? Franchement ? La politique de l'auberge, c'est le partage, la convivialité. Il a demandé à ce que tous ses repas soient servis dans sa chambre ! Il n'adresse la parole à personne !

- Et toi, c'est quoi cette humeur de chien aujourd'hui ? Je pourrais en dire autant de toi !

- Quoi ? je réponds abasourdi par la réponse de mon amie.

Si je ne te connaissais pas, je pourrais penser que tu es tous les jours comme ça. Irritable.

- Je suis fatigué Reese, je tente de me justifier.

Ne juge pas Harry...

- Putain mais vous allez me dire pourquoi vous le protégez Niall et toi ? Ah ! Ça m'agace, je vais dehors !

- Louis !

- Quoi ? Tu l'as dit toi-même Reese, je suis irritable. Alors je me casse ailleurs. Prenez soin de votre protégé !"


Je verrouille l'ordinateur, attrape ma veste sur le portant et sors, plantant mon amie dans le vestibule de l'auberge. Mais c'est quoi ces conneries ? Personne ne peut rien dire sur ce cher Harry Styles. C'est une putain de blague. Le gars est célèbre et choisit de séjourner chez nous deux semaines, alors on doit lui passer tous ses caprices ! Et puis quoi encore ?!?

Je m'avance vers le ponton et le bungalow où sont entreposés les pédalos et les barques. Le printemps nous offre de belles journées, alors je commence à préparer le matériel pour nos clients. Je nettoie, je répare, je me vide un peu l'esprit. Les quelques jours passés avec ma famille ont été bénéfiques mais je suis rentré avec une certaine mélancolie. Ils me manquent au quotidien. Ma mère me manque.

"Fais une pause, ça fait deux heures que je te vois accroupi sur ces pédalos."

Reese se tient près de moi, une énième tasse à la main. Je me redresse difficilement, courbatu à cause de la position et de ma chute de ce matin. Je frotte le bas de mon dos avant de m'asseoir près de mon amie, sur le banc, contre le bungalow.

Installés face à l'étang, j'accepte volontiers la tasse qu'elle me tend.

"C'est une tisane. J'ai pensé que tu étais suffisamment énervé pour aujourd'hui."

Je souris à ces mots mais ne réponds rien. Je porte la tasse à mes lèvres et bois une gorgée du thé chaud. Je savoure la douceur du parfum et le bien-être que me procure la chaleur de la boisson.

"Tu as mal au dos ? demande Reese après quelques minutes.

Je me suis cassé la gueule dans mon escalier ce matin. J'étais pas réveillé.

- Ça va ?

- Ça va aller, oui. C'est rien.

- Mais Louis, est-ce que tu vas bien ?"


La voix de Reese est douce. Nous sommes amis depuis plusieurs années maintenant. Dès qu'elle a intégré l'équipe, le courant est tout de suite passé entre nous. Je connais bien son fiancé, Calvin, avec qui j'ai fait les quatre cents coups adolescent. Je souffle et cale mon dos contre le bungalow.

"Le retour à la maison a été un peu plus difficile que d'habitude. Et rentrer ici pour découvrir l'autre que vous traitez comme un pacha, ça m'énerve.

- Il ne faut pas te mettre dans un état pareil Louis.

- Mais Reese, est-ce que tu te rends compte du ridicule de la situation ?

- Et toi, est-ce que tu t'en rends compte Louis, franchement ? Harry n'est pas la personne que tu crois..."


Elle laisse sa phrase en suspens et se lève pour s'approcher du bord du ponton. Je pense qu'elle est à deux doigts de craquer et de me confier ce que Niall et elle me cachent depuis quelques jours.

"Louis, écoute, j'ai fait une..."

Reese est interrompue par la sonnerie de son portable. Elle décroche, donne des instructions à son second en cuisine.

"Je dois y aller, désolée.

- Reese !?!

- Plus tard Louis, désolée."


Mon amie disparaît et je peste un peu plus. Merde, j'allais savoir...


*

*  * 

C'est sadique un peu ce genre de fin quand même... Oops !!!

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